Évasion et Hasard ... [libre]

| Surveillante | Peut-on savoir où vous allez comme ça, mademoiselle ?

La demoiselle en question eut une moue de déception, puis leva les yeux au ciel. Son espoir de sortir inaperçue de l’Orphelinat venait de s’éteindre sous le regard sévère de la vieille femme au chignon gris et à l’apparence sèche qui lui faisait face. En effet, son but était de réussir à rejoindre le Chemin de Traverse pour aller y acheter ses fournitures et pouvoir y flâner un peu en même temps, mais elle doutait fortement qu’on la laisserait partir si quelqu’un voyait quelles affaires elle devait acheter. Ingrédients pour les potions, livres de Magie, une balance –puisque la précédente s’était cassée-, on ne voyait pas cela dans la liste de choses à acheter d’un pensionnat réputé, et on l’aurait sans doute envoyée droit dans un hôpital psychiatrique.

Et pourtant, elle avait grand besoin de changer d’air : après de longues semaines de liberté à Poudlard à flâner dehors ou dans le château, être condamnée à rester dans les couloirs blancs et tristes qui permettaient d’accéder aux divers endroits du bâtiment relevait de la torture. Mais la surveillante n’avait apparemment pas l’intention de la laisser partir, aussi dût-elle improviser, ornant son visage d’un beau sourire candide :

| Innocent | Eh bien, voyez-vous, j’ai une liste de choses à acheter pour ma prochaine année scolaire au pensionnat, madame … Alors je pensais me rendre dans les boutiques de Londres pour les trouver.

La phrase de Maxence n’était pas très convaincante, en elle-même, mais elle savait réussir à obtenir une quantité de choses par un simple regard. Ainsi, quelques minutes plus tard, après qu’elle lui ai fait l’inventaire complet de ses fournitures, la vieille femme la laissa filer hors de l’Orphelinat avec un soupir résigné. La jeune fille ne perdit pas son temps en remerciement et s’empressa de gagner le Chemin de Traverse par le Chaudron Baveur en tapotant les bonnes briques qui formaient un mur rouge à l’apparence plus qu’innocente.

La longue allée qui s’ouvrait devant elle ne lui était pas inconnue, mais elle continuait à être perpétuellement fascinée par tout ce qu’elle voyait ou découvrait dans chaque boutique et ne savait plus où donner de la tête. Décidément, le monde de la Magie se révélait plein de surprises et quelque chose lui disait qu’elle ne savait encore rien sur tout ce qu’il recelait. Elle acheta ainsi tout ce qui lui était nécessaire le plus rapidement possible et se retrouva bientôt avec des sacs plein les bras : avec un peu de chance, on fera attention à ne pas la bousculer, mais se connaissant, la demoiselle en doutait. Elle jugea préférable de laisser ses fournitures à une commerçante prise de pitié pour cette « adôôôôôôrable petite chôôôôôôse » puis partit explorer un peu plus ce monde qui s’ouvrait à elle.

Après un rapide passage à la banque Gringotts histoire de remplir un peu sa bourse et de pouvoir s’offrir quelques petites choses sans grande valeur, Maxence fit le tour de tous les magasins qui pourraient l’intéresser, sans oublier, bien sûr, de s’acheter une bonne dizaine de friandises qu’elle glissa dans sa poche après avoir ouvert un Chocogrenouille, plus dans l’espoir de trouver une carte qu’elle n’avait pas que par gourmandise pure. Hélas, le sorcier qui s’affichait sur la carte lui était familier. Légèrement déçue, elle fit le rituel qui était devenu une habitude, celle de déposer l’objet de sa déception dans le coin d’une vitrine, ou à côté d’un chat qui dormait, comme si elle s’attendait à ce quelqu’un passe derrière, le trouve et sourie d’avoir découvert une autre carte qui manquait à sa collection. Elle avait là de bien curieuses manies qui en étonnaient plus d’un mais ce genre de détails ne l’atteignait pas vraiment.

La Gryffondor s’aperçut soudain que l’après-midi était bien avancée et qu’il faudrait songer à rentrer à l’Orphelinat, sinon, les foudres du Directeur seraient au programme, et il ne rigolait pas avec la discipline. Pourtant, en un beau jour de vacances comme celui-ci, rester dehors dans le monde des sorciers et en tant que personne, plus ou moins importante, d’accord, était une idée bien plus tentante que de rentrer et de se faire disputer à tout bout de champ en s’entendant dire que l’on était irresponsable et gamine. Ne sachant que faire, elle s’assit sur les marches d’une petite boutique un peu miteuse et mit dans sa bouche une Dragée de Bertie Crochue qui se révéla être à l’orange. Elle avait rarement pu se vanter d’avoir une telle chance et tombait plus volontiers sur « Chou de Bruxelles » ou « ail ». Avec un sourire flottant sur les lèvres, les jambes croisées et sa frimousse d’ange, la demoiselle attendit patiemment que le hasard décide pour elle. Après tout, peut-être un seau d’eau allait lui être lancé sur la figure, auquel cas elle devrait rentrer, ou alors quelqu’un lui demanderait de l’aide pour ranger une boutique après une longue journée, et elle serait forcée de rester.

| Innocent | Allez, Monsieur Hasard, faites votre boulot !

Invité

Et bien cela promet pour l'avenir !!

Celini - Bonjour!! Tu es seule?

Maxence était assise sur ses marches depuis quelques minutes déjà. Levant son visage pâle vers le soleil, ce dernier envoyait ses rayons lumineux la réchauffer et elle goûtait à ce plaisir comme à celui d'être sous la pluie par une matinée pluvieuse de novembre avant de rentrer chez soi bien au chaud devant une cheminée. Elle piochait de temps à autre dans son sachet, ressortant une dragée dont l’apparence changeait, passant d’un bleu turquoise à un marron peu appétissant dans laquelle elle mordait avec prudence, par peur d’être déçue.

La demoiselle avait déjà ôté son gilet couleur écrue à cause de la chaleur étonnante qui régnait sur le Chemin de Traverse, toujours encombré de centaines de sorciers à l’allure variée, passant devant elle précipitamment, l’air préoccupé ou, au contraire rêveur, comme ceux qui flânaient devant toutes ces merveilleuses boutiques au contenu alléchant. Vêtements, nourriture, balais, livres … on trouvait absolument de tout et il était rare que quelqu’un passe sans accorder un regard à quelque magasin. Évidemment, elle n’avait pas les moyens de faire des folies, même si son coffre à Gringotts était plutôt bien garni aussi observait-elle parfois avec une pointe d’envie quelques enfants qui ressortaient d’un commerce munis de sacs contenant vêtements ou babioles amusantes, l’air heureux et satisfait que leurs parents aient cédé à leurs caprices.

La jeune femme qu’aperçue Maxence à quelques pas d’elle n’étaient pas de ces sorcières ordinaires qui venaient faire leurs courses ou emmener leurs enfants à la découverte du monde magique. Non, elle possédait une certaine élégance et semblait sûre de sa beauté qu’elle ne négligeait pas, si l’on observait les habits qu’elle portait et le sac posé sur son épaule, qui tous devaient coûter assez cher. Malgré cela, elle lui parut sympathique et sentit que l’on pouvait lui faire confiance. La jeune fille afficha cependant un air étonné lorsque l’inconnue vint vers elle, la regardant manger, apparemment sensible à la voir ainsi toute seule, attendant que quelque chose se passe et lui demanda :

| Jeune femme | Bonjour !! Tu es seule ?

Elle souriait et Maxence lui rendit son sourire tandis qu’elle adressait un remerciement muet à qui l’entendrait pour cette arrivée qui lui épargnerait de devoir retourner à l’Orphelinat. Heureusement, d’ailleurs, que la rentrée avait lieu prochainement ; elle s’était faite à l’idée d’être totalement libre à Poudlard et devoir rester enfermée dans cette bâtisse et avec des personnes qu’elle côtoyait depuis plus de dix ans la répugnait. Elle répondit cependant à la question qui lui était posée d’une voix douce mais déterminée :

| Angel | Seule ? Oui, madame, mais ça ne me gêne pas, bien au contraire. Je ne suis pas pressée de rentrer. Et vous, vous travaillez ici ?

Elle pensait naturellement que Celini travaillait dans la boutique qui se trouvait derrière elle puisque cette dernière vendait des vêtements plutôt chics qui semblaient correspondre au look de la jeune femme. Jamais, en la voyant, elle n’aurait cru avoir affaire à une Auror mais elle ignorait de toute façon ce que c’était : pour elle, le monde de la Sorcellerie ne connaissait pas de troubles et, ne lisant pas les journaux, elle n’avait que peu entendu parler des récents évènements qui s’étaient déroulés. La jeune fille attendit donc sa réponse en rangeant son sachet et en se décalant sur les marches, comme pour l’inviter à s’asseoir …

Invité

| Angel | Seule ? Oui, madame, mais ça ne me gêne pas, bien au contraire. Je ne suis pas pressée de rentrer. Et vous, vous travaillez ici ?

La question fut un peu indiscrète sur le coup mais cela ne gêna guère la jeune auror. Son visage montrait de la tristesse enfouie, un masque devant son visage et son esprit. Pourtant Celini ne savait rien sur elle mais cela la préoccupait malgré elle. Elle lui souria brièvement.

Celini - Je ne travaille pas ici spécialement Mais j'aime passer du temps dans cette ruelle ! A vrai dire, je travaille à Wizard-Gator! Tu dois connaître? Le parc d'attraction sorcier !

Silence sur le coup, Celini dévisagea légèrement la jeune fille. Celle-ci se décala doucement sur le coté, comme pour laisser une place à Celini. Elle s'avança délicatement vers la marche égale de la jeune fille et y déposa son petit fessier, se dessinant sous sa longue robe noire. Noire..la couleur du Mal et pourtant Celini était loin d'être de cette partie, mais pour ce qui est du vestimentaire, elle aimait le noir car tout allait bien avec cette couleur. Elle regarda la jeune fille, un sourire d'étonnement sur son visage puis d'une voix câline et confiante, la jeune auror déclara.

Celini - Quel est ton nom?

Cette pouvait paraître brusque mais elle préférait savoir à qui elle parlait. Normallement, les jeunes sorciers étaient déjà à Poudlard mais était-elle sorcière? Cela restait à voir. D'un geste délicat, elle passa sa main sur ces cheveux avant de les croiser sur le dessus de sa robe. La jeune fille continuait de manger des bonbons pendant que Celini voulait et souhaitait mieux la connaître car...elle ne savait pas..ce qu'elle ressentait fut assez confus.

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