9 Crimes [PV Rose]

I know, how I feel when I'm around you,
I don't know, how I feel when I'm around you,
Around you...
¤

Un vent frais balaya le parc de Poudlard, faisant voler au passage les cheveux du jeune Mandrake. La journée s'annonçait morne et triste, malgré le soleil qui se décidait enfin à envahir le ciel. Ce à quoi venait d'assister Eden le surprenait plus qu'autre chose. Il se demandait réellement pourquoi James et Jason s'étaient battus. Harada était un ami d'enfance des jumeaux, il était donc normal que celui-ci veuille protéger Rose comme le faisait son frère, mais aller jusqu'à se battre pour cela, c'était plutôt anormal. Que le Gryffondor le fasse, et qu'il mette une raclée à Stewart, tout le monde aurait trouvé cela justifié, mais que ce soit James qui s'y colle. De plus, cela n'allait pas avec le caractère habituel du Serpentard. En général, il était quelqu'un de calme, et c'était même lui qui avait empêché Eden de tuer Jason le soir du bal. Comme quoi, en quelques mois, les rôles s'étaient inversés.

Marchant d'un pas lent, la tête baissée, les yeux perdus dans le vide, le jeune homme se laissait emporter par son vague à l'âme. Il ne savait pas exactement où aller, mais n'avait pas le coeur à passer sa journée enfermé dans la salle commune de Gryffondor. Depuis la fugue de Rose en France, il ne se sentait pas à sa place au château, comme si être ici était une erreur. Il voyait bien que les regards que les autres élèves lui adressaient ces derniers temps étaient plein de pitié, mais il se fichait éperdument de leurs opinions. L'état du jeune homme avait empiré ces derniers jours, avec sa tentative de suicide. Il aurait tellement voulu s'envoler, aller rejoindre sa mère, être bercé dans ses bras comme lorsqu'il était enfant, et ne plus ressentir le poids de tous ses problèmes. Mais son père était intervenu, il l'avait ramené en arrière lorsque le jeune homme avait voulu se laisser tomber du haut de la tour d'astronomie. Les explications père-fils avaient eu du mal à passer pour John mais Eden savait qu'il ne facilitait pas la tâche de son père.

La Gryffondor décida d'aller s'installer devant le lac, afin de vider son esprit, et de ne plus avoir affaire à ses problèmes. Le vent balayait sa cape qui trainait derrière lui, donnant à la silhouette des airs sombres et inquiétants. Quelques regards s'attardèrent sur lui, mais personne ne lui adressa la parole. On ne savait plus quoi penser du jeune Mandrake, entre ses accès de colère, sa déprime apparente et son humour noir. Lunatique était l'adjectif qui le qualifiait à la perfection, et lui-même le savait, malgré le fait qu'il ne pouvait rien y faire pour changer. Lentement, le jeune homme s'assit dans l'herbe, devant le lac, dans un endroit reculé où peu de personnes venaient habituellement. Les yeux perdus d'Eden se posèrent sur l'eau calme et sombre du lac. Le silence était pesant et l'ambiance ne pouvait qu'aggraver l'état du Gryffondor.

C'est alors qu'une fine silhouette fit son apparition derrière le jeune Mandrake, une silhouette qu'il aimait tant. La présence de Rose suffit à apaiser l'esprit de son jumeau et à faire apparaitre un très léger sourire sur son visage. Il l'aimait, beaucoup trop. Ce n'était pas l'amour d'un frère pour sa soeur, c'était bien plus, mais jusqu'à présent, le jeune homme refusait de l'accepter, car il ne pouvait pas ressentir ce sentiment pour sa jumelle. C'était un amour interdit, malgré le lien qui les unissait. Ils avaient tout combattu ensemble, avaient survécu ensemble, pourquoi n'avaient-ils pas le droit d'être heureux après tout? La jeune fille vint s'asseoir aux côtés d'Eden qui lui accorda un sourire qui se voulait chaleureux malgré la tristesse apparente dans ses yeux.

Eden ¤ Ma Rose... Tu vas bien?

Sa voix était faible, mais pas froide. La Gryffondor était si belle. Elle aussi affichait un faible sourire, marqué par une mélancolie évidente, mais celui-ci était magnifique et illuminait les alentours. Elle était sa Rose, la plus belle femme au monde, celle qu'il aimait plus que tout, malgré les interdits. Il ressentait l'amour qu'elle lui portait et cela suffisait largement à l'aider dans sa survie. Tant qu'elle restait à ses côtés, il se sentait bien, tant qu'elle était là, il avait toujours envie de vivre. C'était elle, son tout, son âme soeur, la femme de sa vie...

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You know that place between sleep and awake,
the place where you can still remember dreaming?
That's where I'll always love you.
That's where I'll be waiting
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Fatiguée. Un peu trop. Son appétit avait repris ses droits grâce notamment au soutien de son père et aux nombreuses réflexions positives qu'elle accumulait depuis son retour de France. Une envie de faire un peu plus face à ses responsabilités, ne serait-ce que par respect pour ceux qui avaient traversé des problèmes bien pires. Néanmoins ces derniers temps, la jeune fille se sentait lasse et peu dynamique. Elle réfléchissait sans doute trop, laissant l'angoisse la ronger de l'intérieur malgré les apparences. Et cette scène de jalousie qui s'était jouée dans le château amplifiait les choses. Il fallait avouer cependant que Rose avait été agréablement surprise par la réaction posée de son jumeau, lui d'habitude si impulsif. Mais derrière cette prise de responsabilité se cachait un malaise. Il était vrai que ces derniers temps, la relation entre Eden et elle se réchauffait de plus en plus, chacun ayant accepté ses erreurs. La jeune Gryffondor ne pouvait l'ignorer, son frère n'était véritablement pas au mieux de sa forme. C'était peut-être pour cela qu'elle ressentait une fatigue si prononcée, accumulant le malêtre certain de Eden, extirpant ses souffrances du mieux qu'elle le pouvait. Ne faire qu'un avec lui, c'était aussi partager sa tristesse et mourir avec son tout.

Des jumeaux, un seul être à double facette, le jour et la nuit, complémentaires. Le soleil qui n'avait pas le droit de rencontrer la lune malgré tout cet amour. Mais ils se soutenaient avec force, avec tendresse, avec indélicatesse parfois peut-être... Le principal était qu'Eden restait à ses côtés, toujours. Néanmoins le voir revenir vers Roxanne faisait luir en elle cette petite étincelle de tristesse, celle qui se demandait ce que la Serpentard pouvait avoir de plus. Absurde, c'était son frère. Et pourtant, tous deux avaient surmonté tant d'épreuves ensemble et se complétaient tant que l'un sans l'autre, le monde s'écroulait. Un amour fusionel et dangereux mais indicible. Aucun mot digne de ce nom ne pouvait se vanter de définir leur mélancolique mélopée. Ils n'avaient pas besoin de paroles, un geste, un sourire, un regard, parvenaient à porter en eux l'étendue des sentiments que les jumeaux avaient l'un envers l'autre. Et l'absence pesante des parents, faisait que durant toutes ces années Rose et Eden avait inconsciemment commencé à bâtir leur avenir ensemble. Ensemble à jamais. La jeune Gryffondor ne pouvait trouver plus entier que son âme soeur qu'il était, et c'était véritablement difficile de trouver l'amour, lorsque la personne que l'on avait toujours cherchée était à ses côtés.

La jeune Gryffondor était finalement sortie du château à la recherche de son frère, ne sachant pas où celui-ci se trouvait. Une impression néanmoins, la poussa à se rendre auprès du lac. Elle frissonna légèrement sous la brise de Mars qui caressait sa peau en un frémissement glacé. Ses pas l'emmenèrent dans un endroit reculé et à l'abri des yeux indiscrets, et bientôt la jeune fille aperçut cette silhouette familière. Sombre et triste, ses airs d'ange déchu lui donnait une aura mystérieuse qui s'effaça lorsqu'elle lui sourit alors. Tristement peut-être. Eden n'avait pas toujours été ainsi, c'était les amusements de Roxanne qui l'avaient changé du tout au tout. Et pourtant, la jeune Rose ne l'avait jamais vu comme une personne différente. Il était son jumeau, celui qu'elle aimait et sans qui elle ne pouvait plus vivre. Son tout, son frère, son confident, son ami, celui qui la réconfortait par un simple sourire. La jeune Gryffondor s'accroupit alors près de lui, passant une main sur son cou afin de le rapprocher un peu plus d'elle et de lui déposer un baiser sur la joue. Rose s'assit alors à ses côtés, serrant sa main dans la sienne.

Rose - Je savais bien que tu serais dans le coin.

Eden ¤ Ma Rose... Tu vas bien?

La jeune fille lui sourit doucement mais ne lui répondit pas. Il était ardu de trouver une réponse à cette question. Oui, non, je l'ignore. La voix de la jeune blonde se faisait douce et chaleureuse malgré cette inquiétude qu'elle avait pour Eden. Dans son regard aussi, l'on pouvait lire une mélancolie voilée par une faux bienêtre, celui qui existait pour faire croire aux proches que tout allait bien, seulement pour ne pas les faire souffrir. Et les heurts entre James et Jason ne devaient sans doute pas y être pour quelque chose véritablement, il y avait plusieurs jours déjà qu'Eden semblait déprimer. De multiples chamboulements qui mis bout à bout faisaient perdre pied. Et si la cause de son trouble, c'était Rose et sa fugue en France ? La Gryffondor lui serra un peu plus la main, ne le lâchant pas des yeux dans un éternel sourire. Eden... le voir sourire ne serait-ce qu'un instant, même pour quelques secondes de bonheur, suffirait à donner une bouffée d'oxygène à la jeune fille. Il n'y avait que lui.

Rose - Je suis désolée d'être partie,

dit-elle en posant ses yeux bleus sur le sol.

J'avais trop de pression, et j'avais peur de te perdre.

Un léger silence s'installa. Elle ne savait que dire d'autre, les mots peinaient à venir mais son frère ne pouvait qu'avoir compris combien elle culpabilisait, tant sa main ne lâchait plus la sienne. Enfin, Rose reposa son regard sur son frère et reprit.

Tu veux qu'on en parle peut-être... Ces derniers temps, tu as l'air si déprimé, je m'inquiète... Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, je t'aime trop, mon Eden.

La jeune Mandrake ôta enfin sa main, qui alla se poser sur la joue de son frère, le temps d'une légère caresse. Les yeux de celle-ci brillaient d'une culpabilité et d'une inquiétude prononcées. Rose ne pouvait pas supporter de le voir ainsi, c'était un poignard planté dans le coeur, un venin parcourant ses veines, une souffrance de chaque minute.

Les gestes de Rose envers son jumeau lui réchauffaient le coeur et apaisaient son esprit. Sa main se posant sur son cou afin de le ramener vers elle, il se vit déposer un baiser sur la joue, qui lui apporta joie et bonheur l'espace de quelques secondes. Puis sa voix douce résonna aux oreilles d'Eden, lui disant qu'elle s'attendait à le trouver là. C'était normal après tout, la majeure partie du temps où il ne se sentait pas bien, la vue du lac et l'envol de son esprit vers d'autres lieux suffisaient à le calmer et à lui faire oublier sa souffrance. Rose le connaissait mieux que quiconque, après tout, ils se complétaient l'un l'autre. Le regard adouci du Gryffondor observa sa jumelle s'asseoir à ses côtés. La main de la jeune fille serra alors celle du jeune Mandrake qui sentit son coeur s'accélérer. Sa compagnie était si douce et apaisante, qu'il était bon d'être aux côtés d'une si belle Rose.

Rose ¤ Je suis désolée d'être partie, j'avais trop de pression, et j'avais peur de te perdre. Tu veux qu'on en parle peut-être... Ces derniers temps, tu as l'air si déprimé, je m'inquiète... Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, je t'aime trop, mon Eden.

Ces derniers mots résonnèrent dans la tête du jeune homme comme des paroles réconfortantes. La seule chose qui lui importait à ce moment-là, c'était qu'elle l'aimait, et qu'il était son Eden, n'appartenant qu'à elle et à personne d'autre. Le fait qu'elle s'inquiète pour lui gêna quelque peu le Gryffondor. Il se sentait plus comme un poids pour sa jumelle que comme un soutien. Il n'avait pas la moindre envie que Rose s'inquiète pour lui. Certes, la fugue de cette dernière en France, ajoutée à de multiples problèmes, l'avait poussé à vouloir en finir avec la vie, mais John avait été là pour l'en empêcher, pour le sauver d'une mort certaine. Pourtant il aurait tant voulu mettre fin à ses jours, ne plus ressentir la souffrance de savoir qu'il ne pourrait jamais être avec celle qu'il aimait. Il avait refusé d'expliquer au directeur de Gryffondor les raisons qui avaient motivé cet acte, car si John avait su comment Eden voyait sa soeur, il ne s'en serait surement pas remis. Personne ne savait ce que le jeune Mandrake avait à l'esprit. Seule sa jumelle occupait ses pensées, un amour interdit, qu'il ne pouvait pas dévoiler au grand jour. Et puis, comment Rose l'aurait-elle pris?

Eden ¤ Ne t'en fais pas pour moi ma Rose, tout ce qui m'importe, c'est que tu ailles bien. Le jeune homme marqua une courte pause durant laquelle il plongea ses yeux dans ceux de sa jumelle. L'azur de ses pupilles était si envoûtant, qu'Eden s'y perdit quelques instants, avant de reprendre. Tant que je t'ai à mes côtés, je me sens bien, jamais tu ne me perdras. Je t'aime Rose, bien plus que tu ne le penses.

Oui, il l'aimait, plus qu'il n'en avait le droit. Et il avait besoin de sentir que cet amour était réciproque, sans doute par peur que les sentiments de sa soeur soient dirigés vers Stewart. Il ne l'aurait pas supporté, cela aurait été trop dur. C'était sans doute la raison de l'ultimatum qu'avait lancé le Gryffondor à sa jumelle quelques mois plus tôt. Il l'avait fait inconsciemment, car il ne s'était pas rendu compte à quel point son amour pour Rose était différent de l'amour d'un frère pour sa soeur. Lentement, Eden déposa un baiser sur la joue de sa jumelle. Une attention de plus, qui voulait lui faire comprendre le message peut-être. Non, il n'en avait pas le droit, mais pourtant il le faisait. L'amour a ses raisons que la raison ignore, et il venait de montrer qu'il pouvait frapper n'importe où. Le coeur du jeune Mandrake ne battait que pour une personne, sur laquelle il portait à présent un regard doux et amoureux.

Il lui était impossible de s'imaginer sans lui. Et pourtant durant longtemps, la jeune fille était restée persuadée qu'à la sortie de Poudlard, elle se devait d'aller vivre seule à Londres, son jumeau ayant sans doute en tête des projets d'avenir dans lesquels elle ne rentrait pas. C'était normal, en somme. Chacun devait suivre sa voie et bâtir son avenir, sans pour autant qu'ils ne se perdent de vue. Mais s'imaginer le voir avec une autre semblait la tétaniser, cette simple idée emmenait avec elle un flot de tourments qui ne demandaient qu'à la tuer peu à peu. Mais les donnes avaient changées, leur père était revenu, Eden se rapprochait de Roxanne, et Rose elle-même semblait avoir des penchants pour Jason. Pour autant la jeune fille ne pensait qu'à son jumeau, son regard ne s'attardant que sur lui chaque fois que les deux jeunes Mandrake se trouvaient dans la même pièce, soudainement pensive. Mais ces derniers temps, l'on percevait un peu plus de ses soupirs lorsqu'elle l'observait à la dérobée, lui arrachant quelques sourires simplement parce qu'il était à proximité, le rythme de son coeur battant la cadence lorsque ses yeux croisaient les siens. Quoi de plus naturel, elle était lui, il était son tout, celui avec qui Rose avait grandi et qui ne l'avait jamais lâché. Hormis ce même sang et ce même nom, ils portaient l'un envers l'autre cet amour propre aux amants dans toute leur insouciance. Sans s'en rendre compte.

La jeune fille repensa alors à la lettre de Jason, dans laquelle il affirmait qu'il était prêt à s'éloigner pour que Rose conserve ce lien d'avec son jumeau. Une once de gêne et de culpabilité montèrent en elle. La Gryffondor l'avait mis à l'épreuve, et au final c'était elle qui avait les pensées ailleurs. Trop perdue peut-être, alors même qu'elle tenait à Jason... et à James qui lui avait fait sa déclaration. Rose baissa ses yeux turquoise à terre, son estomac se resserrant soudain d'angoisse. Leurs noms s'entrechoquaient dans sa tête, pour finalement y voir celui d'Eden. L'interdit voilait ses espoirs, ainsi que la honte et la mauvaise conscience qui l'assaillaient de remontrances diverses. Elle n'avait pas le droit... Parce qu'aux yeux de tous, il était son frère. A ses yeux, il était son âme soeur. Là était la nuance. Ne disait-on pas que l'on était aveugle, lorsqu'on était amoureux ? Puis il était son tout, le plus drôle à ses yeux, le plus beau également, ses qualités effaçaient ses défauts qui pour elle n'en étaient pas. Il était celui qui la réconfortait, lui apportant chaleur, sûreté et amour. Il était celui sans qui elle ne pouvait pas vivre... Ce n'était pas cela, la définition de l'amour de sa vie ? Visiblement, la frontière des sentiments se faisait de plus en plus tenue, dépassée par cette relation fusionnelle et dangereuse. Il n'était pas seulement son frère.

Eden ¤ Ne t'en fais pas pour moi ma Rose, tout ce qui m'importe, c'est que tu ailles bien. Tant que je t'ai à mes côtés, je me sens bien, jamais tu ne me perdras. Je t'aime Rose, bien plus que tu ne le penses.

Leurs regards s'étaient croisés durant de longues secondes. Emprunts de paroles non dites mais frappantes. La jeune fille frissonna, ne sachant que dire sur le moment, se contentant de hocher la tête dans un faible sourire. Malgré tout, Rose sentait cette vague sublimée qui la rendait heureuse et retournait son coeur qui battait plus fort. Mais cet interdit était là, toujours. Et pourtant... pourtant... Rose évitait à présent son regard, de peur d'en dire trop à son tour, l'embarras provoqué par ses sentiments et cette notion de tabou fit que la jeune fille lui lâcha doucement la main, sans vraiment le vouloir. Rose ne souhaitait pas s'éloigner de lui, bien au contraire. Et ce geste anodin de la main dans la sienne accentuait cette envie de se caler dans ses bras, sans que jamais le mot inceste ne vienne résonner dans sa tête néanmoins. La simplicité et la pureté de leurs sentiments avaient balayé ce mot infâme pour le remplacer par un amour légitime. A leurs yeux, mais pas pour les autres. Eden déposa un long baiser sur sa joue, et la jeune fille ferma les yeux à simplement écouter son coeur battre à tout rompre. Sa raison l'empêchait de bouger, la sommant de ne pas penser à mal... Etait-ce un mal d'y répondre par un baiser volé ? Bien sûr que oui, lui répondait la raison, c'est un crime. Rose soupira doucement, avant de se tourner vers son frère dans un faible sourire.

Rose - Je le sais...

Un léger silence s'installa durant lequel elle déglutit difficilement, son coeur cherchant désespérément à décélérer. Une légère tension illégitime se posa alors sur ces mots, comme s'ils avaient des notes de reproches. Hors il n'en était absolumment rien, et cela se vérifia lorsque Rose rajouta enfin :

Je ressens la même chose.

Les mots ne sortaient plus, sa voix douce était teintée d'un sérieux presque tragique. C'était le drame de deux êtres qui ne pourraient jamais demeurer ensemble dans leur amour qui se jouait là... Mais Rose ne voulait pas y croire, trop attachée à lui, trop amoureuse de chacun de ses gestes, de ses lèvres, de l'air qu'il respirait, et de ces regards. Comme celui qu'il lui lança alors, emprunt d'une autre tendresse que celle habituellement purement fraternelle. La Gryffondor ne parvenait plus à penser convenablement, croiser ses prunelles azurées teintées de cet amour lui arrachèrent un frémissement, et son coeur battant lui faisait rosir ses joues. Elle mourrait sans la coupe de ses lèvres aux siennes, l'anathème de leur amour ne faisait alors que sublimer sa pureté et son romantisme. Durant ces longues secondes, le regard de Rose ne lâchait plus celui de son frère, luisant de sentiments irréfléchis. Se laisser porter ou non. Mais l'innocence de ses gestes la précéda, la jeune fille se pencha vers lui dans un bruissement, et lui déposa un long baiser. Le plus pur, le plus doux et le plus sucré. Son coeur s'allégea d'un poids mais s'accéléra alors lorsqu'elle toucha ses lèvres avec douceur. Sans regrets, sans opprobre et sans honte. Les émotions s'entremêlèrent, turbulentes et vacillantes, sans qu'elle ne puisse mettre un nom à ce plaisir qui montait en elle. Un ange passa. Le sien. Et il se nommait Eden.

Eden craignait légèrement la réaction de sa jumelle. Son message sans être totalement explicite faisait bien comprendre les sentiments exacts que le jeune homme ressentait. Que ferait-il si Rose le repoussait, si ce n'était pas réciproque? Il avait parlé sans réfléchir, ressentant un besoin de confesser ce qu'il avait compris durant les dernières semaines. Un amour inavouable, sauf pour sa jumelle à laquelle il refusait de mentir. Il ne pouvait pas continuer ce mensonge, et faire croire à Rose qu'il n'était que ce frère un peu trop protecteur qui refusait de voir d'autres garçons la draguer. En réalité, sans s'en rendre compte, il était un jeune homme amoureux, qui ne vivait que par et pour la femme de sa vie. La crainte était à présent la réponse de sa jumelle. Il ne voulait pas que cette révélation la fasse s'éloigner de lui, car s'il la perdait à nouveau, il savait que John ne pourrait rien faire pour le sauver et qu'il irait jusqu'au bout de ses actes. Son coeur battant plus rapidement, il écouta la voix de Rose qui résonnait comme une douce mélopée.

Rose ¤ Je le sais... Je ressens la même chose.

Ces mots firent ressentir au jeune Eden une sensation de pur bonheur. Il était rassuré, rassuré de voir que l'amour qu'il portait depuis si longtemps pour sa jumelle était réciproque. Non, ils n'étaient pas simplement liés par un lien fraternel, c'était plus fort, inexplicable, un amour beaucoup trop pur pour être compris des autres, beaucoup trop fort pour être détruit. Ils n'étaient plus de simples jumeaux, ils devenaient des amants, pour qui cette relation était légitime, et qui ne voyaient plus que l'autre, aveuglés par ce profond sentiment amoureux. Les yeux d'Eden étaient plongés dans ceux de Rose, plus rien d'autre ne comptait que sa soeur, rien ne pouvait se mettre en travers d'eux, ils étaient indestructibles. La jeune fille se rapprocha du Gryffondor et déposa en douceur un baiser sur ses lèvres. La douceur de ce dernier fit s'envoler le jeune Mandrake. Il ferma les yeux, accroché aux lèvres de son âme soeur, de celle qu'il avait toujours aimé plus que les autres. Il aurait voulu que cela ne s'arrête jamais, rester ainsi, à ressentir cette joie intense, mais la jeune fille se retira en douceur. La seule envie d'Eden était de lui rendre ce baiser, de sentir les lèvres de sa jumelle contre les siennes, mais préférant ne pas brusquer les choses, il se contenta d'ouvrir les yeux.

Eden ¤ Tu as toujours été bien plus que ma soeur, tu es mon âme soeur Rose. Je t'aime tant...

Sa voix était douce, et l'on pouvait y percevoir du bienêtre que le jeune homme n'avait pas ressenti depuis plusieurs semaines. Eden savait pertinemment que c'était un amour interdit, et qu'ils auraient à se cacher des autres, afin de ne pas éveiller les soupçons, mais il l'aimait, et n'avait jamais ressenti un aussi fort sentiment pour une autre fille dans le passé. Qu'importaient les épreuves à venir, les jugements des autres et la difficulté de cette relation, ils seraient ensemble, toujours là l'un pour l'autre, comme cela avait toujours été le cas dans le passé. Un sourire se dessina sur le visage du Gryffondor. Un léger vent souleva les cheveux blonds de Rose qui reflétèrent les rayons du soleil. Elle était si belle, une beauté inaccessible. Personne ne pouvait l'aimer autant qu'Eden ne le faisait. Pas Stewart, pas Derfius, pas un seul de ses prétendants n'arrivait à la cheville du jeune homme. Peut-être que leur amour n'était qu'un crime après tout, mais de tous les criminels existants sur cette terre, le jeune Mandrake était sans aucun doute le plus heureux.

Le temps s'arrêtait. N'osant pas se blottir dans sa chaleur sur le moment, de peur d'aller trop vite, il fallait avouer que la jeune fille n'attendait plus que cela. Sentir ses bras l'enlacer, respirer son parfum et seulement fermer les yeux. Son coeur battait trop vite, une émotion subjugante et indescriptible lui oppressait la poitrine, un trop plein de sentiments inavoués lui montait à la tête. Rose sentit sa respiration s'accélerer quelque peu, accompagnant son rythme cardiaque trop rapide. Elle ne pensait plus à rien, ni à l'affront de ce baiser, ni aux conséquences, ni à l'interdit. A lui seulement. Son jumeau, son âme soeur... Mais que dire aux autres, il leur était impossible de dévoiler cet amour au grand jour, c'était un crime qui restait trop infâme aux yeux du monde, pourtant si beau. Elle si douce, aurait aimé prolonger le baiser encore et encore, déversant ce noble sentiment sur ses lèvres si appétissantes, jusqu'à ce que son coeur n'en puisse plus de battre. L'aimer à en mourir seulement, comme elle l'avait toujours fait. Mais tout était nouveau, cet ennivrement soudain qui troublait ardemment ses sens, ce bonheur sans nom qui lui assaillait le coeur sans crier gare, cette envie exaltée de partir encore à la recherche de ses lèvres. Et cet étourdissement lui faisait perdre l'équilibre jusqu'à en oublier le monde. Rose se recula alors doucement, ouvrant délicatement les yeux qui se posèrent sur son jumeau. Son regard bleu étincelait alors d'une flamme de gêne, comme si son geste irréfléchi avait été porté par un moment d'égarement, de peur qu'il ne le prenne mal soudain. La jeune fille ne bougeait plus, ne lâchant plus le regard trop bleu de son frère, appréhendant alors sa réaction. Elle sentait ses joues rosir, balayées par quelques unes de ses mèches blondes qui volaient au vent. Un mot, un seul, suffirait alors à faire son bonheur tout comme contribuer à son bonheur. La Gryffondor attendait, un peu trop craintive de la suite des événements.

Eden ¤ Tu as toujours été bien plus que ma soeur, tu es mon âme soeur Rose. Je t'aime tant...

Un soulagement si intense que la jeune fille se pencha de nouveau pour lui déposer un autre baiser un peu plus passionné. Trop perdue dans ses pensées, dans son regard et dans ses mots. Son coeur s'était emballé de ces paroles trop attendues, mais la jeune fille ne pensait plus aux conséquences, ni à ce geste délictueux. Ce n'était plus son frère qu'elle embrassait, mais celui qu'elle aimait. Etait-il possible qu'ils n'aient que trop confondus l'amour fusionnel et l'amour passioné ? Quelque part, c'était le même émoi. Ils agissaient par insouciance. Un embrasement des sens, un dépassement de l'interdit, la volonté d'être heureux... Mais bien qu'il était son âme soeur, il resterait son frère. Celui avec qui elle avait grandi, qui appelait le même homme "papa", qui lui ressemblait tant, et dont le sang coulant dans ses veines était également le sien. Que diraient les autres, s'ils l'apprenait ? Ils ne devaient pas savoir, et leur père encore moins. Leur père... Une once de culpabilité monta en la jeune fille qui se redressa alors, prise d'une panique soudaine ses yeux bleus se posèrent sur son frère, presque catastrophés. Durant quelques longues secondes, la Gryffondor ne put dire un mot, ses prunelles angoissées et troubles se posant sur l'herbe avec vivacité. Rose se leva alors, l'affolement se lisant sur son regard et dans ses gestes. Elle porta ses mains à ses lèvres, confuse et interdite. Enfin toute l'ampleur de ce baiser amena avec elle son lot de panique raisonnée.

Rose - Mon dieu, c'est mal...

La jeune blonde parlait vite, ne tenant plus en place elle se tournait et se retournait, ses mains passant alors dans ses longs cheveux blonds et sur son visage pâle. Ses yeux turquoise toisaient les environs avec agitation, s'assurant qu'ils étaient seuls, et vinrent bientôt se poser sur la silhouette du château. La panique semblait lui susurrer avec malice que leur propre père pouvait les avoir aperçus, alors même que sa raison lui sommait de se calmer. Après tout ils étaient entourés d'arbustes trop denses pour que leur crime, aussi doux soit-il, ne soit vu par quelconque personne. Ses gestes trahissaient son angoisse soudaine, ils n'avaient pas le droit de faire une telle chose. Rose se tourna vers Eden, lui parlant alors dans un souffle murmurant son effroi.

Rose - C'est mal, c'est mal, c'est mal... Non je veux dire, c'est bien seulement...

Son regard repris une teinte de douceur, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres avant de s'effacer aussitôt sous l'angoisse montante.

Non c'est mal, c'est affreusement mal... On n'a pas le droit...

De nouveau Rose se tourna vers le château, une main sur le front. Elle semblait complètement troublée et perdue, comme si son crime allait la mener à Azkaban. Une peur incontrolée alors même qu'elle l'aimait et qu'elle ne souhaitait pas tout stopper ainsi. Sa tête semblait lui tourner, ses jambes souhaitaient fléchir sous son poids, et ses tremblements légers trahissaient de trop sa confusion. Elle enfouit alors son visage dans ses mains, honteuse. Si son père l'apprenait, si ses camarades venaient à le savoir... Et par dessus-tout, en avaient-ils le droit ?

Les douces paroles d'Eden amenèrent sa jumelle à déposer un nouveau baiser sur ses lèvres, plus passionné que le précédent. Les lèvres de la jolie Rose étaient si douce, le sentiment qu'éprouvait Eden était indescriptible. Jamais auparavant il n'avait ressenti une telle sensation. Tout était parfait, tout simplement. Mais la jeune Gryffondor se redressa soudainement, comme prise de panique. Quoi de plus normal? La tournure que prenait leur relation comprenait également les craintes à assumer. Si les autres découvraient cela, leur situation deviendrait invivable. Un inceste. C'était ainsi qu'ils appelaient cela. Pour le jeune Mandrake, c'était plus insultant qu'autre chose. Ce n'était qu'un amour, un amour pur et vrai, interdit par le lien sanguin qui unissait les jumeaux. Sans un mot, Rose se leva, le regard paniqué, portant sa mains à sa bouche, comme si elle venait d'assassiner une personne et qu'elle se rendait compte de l'atrocité de son crime.

Rose ¤ Mon dieu, c'est mal...

Elle avait parlé à toute vitesse, et ne tenait plus en place. Eden se releva lentement, sans un mot. Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre, se voulait rassurant, afin d'apaiser les craintes de la jolie blonde mais les mots ne venaient pas. Ces baisers échangés avaient rassuré l'esprit d'Eden mais paniqué celui de sa soeur. Sans doute voyait-elle les choses du point de vue des autres élèves. En effet, cela restait un crime pour les autres. Ils n'en avaient pas le droit. Mais cela sonnait faux aux oreilles du Gryffondor. De quel droit pouvaient-ils bien parler après tout? L'amour devenait donc un droit? On a le droit d'aimer certaines personnes mais pas d'autres? Des conneries selon le jeune homme, mais l'état de sa jumelle le préoccupait. Il en était la cause, et se devait de rassurer sa Rose. Tandis qu'il cherchait les mots justes, la jeune fille observait les alentours ainsi que le château. Eden savait qu'elle n'avait pas à craindre d'être vue. Cet endroit, très peu de personnes s'y aventuraient, et si quelqu'un faisait son apparition, il serait automatiquement repéré. La Gryffondor se tourna alors vers son jumeau, son air exprimant une angoisse non dissimulée.

Rose ¤ C'est mal, c'est mal, c'est mal... Non je veux dire, c'est bien seulement... Non c'est mal, c'est affreusement mal... On n'a pas le droit...

Le jeune Mandrake aurait aimé que le sourire qui était apparu l'espace de quelques secondes soit resté sur le visage angélique de sa Rose, mais la peur avait reprit le dessus et la jeune fille s'était de nouveau tournée vers le château. Celui-ci était bien trop loin pour que quelqu'un ait pu les apercevoir depuis une fenêtre, et les arbres qui les entouraient diminuaient considérablement le pourcentage de chance d'être vu par des regards indiscrets. Ils étaient seuls, personne ne les avait vu commettre leur doux crime. Eden posa ses yeux sur le lac, quelques secondes afin de réfléchir. Apparemment, Rose avait apprécié leur baiser, mais son inquiétude faisait douter le jeune homme. Il craignait que l'amour de sa jumelle ne diminue grandement à cause de la peur de se faire voir. Les yeux emprunts d'une légère tristesse qui s'abattait soudainement sur lui, le Gryffondor observa la silhouette de sa soeur. Il en était sûr à présent. ce n'était pas les yeux protecteurs du grand frère qui se posaient sur la jeune fille, mais ceux amoureux de l'amant inavoué. Sa voix rassurante brisa le silence.

Eden ¤ Calme-toi ma Rose, personne ne peut nous voir ici. Et puis, pourquoi n'aurions-nous pas le droit d'être heureux?

La question était venue d'elle-même, et Eden l'avait posée sans réellement réfléchir. Après tout, c'était vrai, pourquoi les autres avaient-ils le droit de vivre heureux et pas eux? Y avait-il une règle spéciale qui interdisait leur amour? Ils n'avaient pas choisi d'être jumeaux, n'avaient rien fait pour le devenir, mais ils voulaient simplement choisir d'être ensemble, malgré leur lien fraternel, car ils éprouvaient un tout autre sentiment l'un pour l'autre. Lentement, le jeune Mandrake vint se placer derrière Rose et passa ses bras autour du cou de sa jumelle, puis il posa sa tête sur l'épaule de la jeune fille. Il ferma les yeux afin de mieux capter le parfum qui se dégageait de la jeune fille, doux et envoûtant, avant de déposer un baiser dans son cou. Que les autres aillent au diable, ils étaient bien ici, et Eden n'avait aucune envie que cela change.

Pourquoi maintenant. Pourquoi tous ces sentiments inavoués avaient éclaté en ce jour. Avaient-ils brûlé depuis longtemps en eux ou était-ce nouveau ? Rose l'ignorait, elle savait seulement que son regard sur son jumeau n'avait pas changé. Il restait celui qu'elle admirait et pour qui elle portait un amour profond et sans limite. Ce noble sentiment avait toujours été, seulement Rose avait mis un mot sur ce lien : fraternel. En cet instant, leur relation avait pris une toute autre tournure, et les yeux bleus de la Gryffondor restant fixés sur le château trahissaient inconsciemment sa peur que leur père ne découvre ce terrible secret un jour. Après tout, rien n'était véritablement surprenant, ce chemin épineux menant à un amour bien plus que fraternel n'était pas réellement une surprise. Les jumeaux avaient toujours été très proches, habités de gestes de tendresse l'un pour l'autre, leur relation ne changeait pas réellement. Les sentiments étaient simplements exprimés et sublimés par des baisers et des regards plus amoureux, mais ils avaient toujours été les mêmes. La jeune fille ne souhaitait pas mettre un terme précoce à cet amour interdit, malgré la crainte d'être découverts, c'était seulement la panique après un geste irraisonné. Rose avait toujours été une jeune fille posée et réfléchie, mais aujourd'hui l'amour avait troublé ses pensées, au point d'être un peu trop spontanée dans ses gestes, portés par une envie incontrôlable.

On n'a pas le droit. Bien sûr qu'ils avaient le droit d'aimer, mais personne ne pouvait comprendre ce que les jumeaux pouvaient vivre ou ressentir. Un lien bien trop fort, qui sans doute n'aurait pas été aussi solide si leurs parents avaient toujours accompagné leurs pas. Prononcer cette phrase néanmoins trop cruelle pour son coeur la faisait quelque peu déculpabiliser, comme si ces simples mots exorcisaient ses craintes. Rose avait posé l'interdit, mais était décidée à franchir le pas malgré tout. Elle ne pouvait vivre sans lui, et c'était là, la base d'un amour trop pur. Néanmoins la jeune fille ne put s'empêcher de se demander quel regard elle pourrait porter à présent sur ses prétendants ou ses simples amis. Fallait-il cacher cet amour au point de rester elle-même extérieurement et revenir vers Jason ? Tous deux n'avaient pas réellement d'avenir, sans possibilité de fonder une famille ni un horizon fiable, condamnés à se cacher perpétuellement. Mais elle l'aimait, c'était plus qu'une certitude, il suffisait de sentir ce coeur battre contre sa poitrine chaque fois qu'elle restait près de son jumeau. Son regard azuré se porta alors un peu partout à terre, cherchant une réponse, quand la voix d'Eden résonna avec douceur.

Eden ¤ Calme-toi ma Rose, personne ne peut nous voir ici. Et puis, pourquoi n'aurions-nous pas le droit d'être heureux?

La jeune fille ne bougeait plus, mais intérieurement le calme rattrapa son angoisse. Tant de panique, alors qu'il était près d'elle était impossible. La voix seule de son frère la ramena à elle et la réconforta malgré ces yeux posés à terre qui glissèrent une nouvelle fois vers le château. Leur père ne saurait rien, et personne ne pourrait soupçonner cet amour que l'on disait incestueux tant qu'ils jouaient leur rôle à la perfection. De plus, la dernière question de son frère souleva en elle d'autres interrogations. Il avait raison, pourquoi ne pas avoir ce droit. Avoir le même sang et le même amour suffisaient-ils à faire d'un sentiment un inceste ? Le malheur résidait dans l'éloignement d'Eden et dans la perte de son amour. Tout en elle n'avait jamais porté que des sentiments d'une amante à son élu, depuis son enfance, il était stupide de changer aujourd'hui simplement parce que leurs gestes dessinaient concrètement leur amour. Perdue dans ses pensées, légèrement troublée, Rose ne bougeait toujours pas, alors même qu'elle entendait son frère se rapprocher. De nouveau un battement de coeur trop rapide, une peur toujours aussi irraisonnée de le perdre, pour un mot ou pour un autre, l'appréhension se lisant dans ses prunelles turquoises posées à terre. Mais il enserra alors son cou d'un geste plein de douceur, ce qui fit frémir la jeune fille d'un plaisir non dissimulé, délicatement Rose leva la tête. Leurs deux silhouettes amoureuses tournées vers le château esquissaient symboliquement leur désir de s'aimer encore, malgré les regards et les interdits. Ils cacheraient leur amour aux yeux du monde, tel Roméo et sa Juliette. Eden déposa alors un baiser dans son cou la faisant frissonner doucement. La fine main de la jeune fille vint se poser sur celle de son frère. Elle l'aimait et ne pouvait le nier. Si ardemment qu'elle aurait voulu le crier à tous, qu'ils puissent vivre enfin heureux.

Rose - Personne ne saura ce qu'il s'est passé... Ni ce qu'il se passera. S'il faut nous cacher pour nous aimer, alors faisons le. Je ne veux pas te quitter, mon Eden. C'est avec toi que je suis heureuse. Et je ne m'arrêterais pas simplement parce qu'ils disent que c'est interdit.

La jeune fille ferma les yeux un instant. Ce verbe qu'elle conjuga au futur avait des airs porteurs d'espoir, celui qui lui faisait comprendre que cet amour durerait encore et que ce n'était là qu'un commencement. C'était lui avouer qu'elle n'avait alors pas peur d'aller encore de l'avant, malgré ces ombres planant sur leurs têtes. L'avenir s'annonçait difficile, fait de mensonges et de ruses pour que les jumeaux devenus amants se retrouvent chaque jour, à l'abri des regards. Rose serra un peu plus la main de son jumeau, sa respiration s'accélérant au rythme de ses baisers déposés dans son cou. Le frisson lui parcourant le dos n'était plus alors ce vent froid glissant contre sa peau d'opaline, mais seulement les caresses de ses lèvres au creux de ses épaules. Gardons le silence pour préserver notre amour.

Eden sentit sa jumelle frissonner lorsqu'il passa ses mains autour du cou de cette dernière. Ce frisson était sans doute dû au plaisir et au bienêtre ressenti à la simple présence de son frère, c'était comme cela que le voyait le jeune homme en tout cas. Il avait bien perçu le calme qui s'était emparé d'elle lorsqu'il avait prononcé ces paroles rassurantes. Il voulait être heureux, et son bonheur ne tenait qu'à une chose, cet amour qu'il ressentait au plus profond de son être pour la jeune fille. Déposant quelques baisers dans le cou de sa Rose, celle-ci frissonna quelque peu avant d'attraper la main de son jumeau. Ce geste aurait pu sembler d'une banalité sans égal aux yeux de certains, mais pour le jeune Mandrake, il représentait beaucoup de choses. Un simple geste de tendresse qui lui montrait qu'elle l'aimait, à n'en pas douter, et ces paroles ne firent que confirmer les impressions.

Rose ¤ Personne ne saura ce qu'il s'est passé... Ni ce qu'il se passera. S'il faut nous cacher pour nous aimer, alors faisons le. Je ne veux pas te quitter, mon Eden. C'est avec toi que je suis heureuse. Et je ne m'arrêterais pas simplement parce qu'ils disent que c'est interdit.

Jamais le jeune homme n'aurait imaginé entendre de telles paroles dans sa vie. Même durant sa relation avec Roxanne, cette dernière ne s'était jamais exprimée de la sorte pour lui montrer qu'elle l'aimait. Eden ne pouvait pas avoir de plus belle preuve d'amour que ces quelques mots prononcés d'une douce voix. Rose venait simplement de lui avouer son amour et de lui affirmer qu'elle était prête à tous les sacrifices pour qu'ils soient ensemble malgré les interdits. Combien de femmes sur terre auraient pu tenir ce genre de propos? Pour le jeune homme, Rose était la seule à pouvoir assumer ce genre de sentiment, et à prendre le risque de perdre énormément. La seule chose dont elle pouvait être sûre était le fait qu'elle ne perdrait jamais son Eden. Lentement, ce dernier la fit tourner face à lui et plongea son regard amoureux dans les yeux de la Gryffondor. Il prononça quelques douces paroles afin de confirmer ce que Rose venait de lui dire.

Eden ¤ Quoiqu'il arrive, nous serons ensemble. Tu es la seule qui fait battre mon coeur ainsi, tu es ma Rose, celle que j'aime et que j'aimerai le reste de mon existence.

Lentement, il s'approcha de la jeune fille et l'embrassa tendrement. Leur premier véritable baiser, un baiser interdit, tout comme l'était leur amour. Il ne dura que quelques secondes et sembla aux yeux d'Eden beaucoup trop court, mais à la fois tellement fantastique. Il sentit son corps se réchauffer, comme si l'amour avait fait naitre en lui une flamme réconfortante. Que ce baiser était doux. Le jeune homme n'avait qu'une envie, de recommencer, mais il savait qu'il aurait toute sa vie devant lui pour embrasser sa Rose à nouveau. Rien ne pourrait empêcher leur amour, même s'ils devaient se cacher pour être ensemble, ils le feraient. Rien n'était trop difficile à assumer pour les beaux yeux de la jolie Gryffondor. Le sourire d'Eden montrait à quel point leur relation lui faisait du bien. Ils avaient finalement éclairci leurs esprits afin de se rendre compte que tout était évident. Le jeune Mandrake se rassit lentement devant le lac, puis il ouvrit les bras en direction de sa soeur.

Eden ¤ Viens dans mes bras mon amour.

Sa voix était calme et posée, mais également chaleureuse, pleine d'amour. Son regard ne quittait plus Rose. Les mots étaient venus avec facilité, et sans aucune honte. Aux yeux de tout le monde, elle était sa soeur, à ses yeux, elle devenait la femme de sa vie, une évidence que personne n'avait remarqué jusqu'à présent. Le Gryffondor ne ressentait qu'un besoin, de prendre sa jumelle dans ses bras et de la protéger. Ils avaient besoin d'un moment de tranquillité ensemble, afin de faire preuve d'une tendresse qu'ils ne pouvaient pas dévoiler aux autres. Ils étaient seuls dans cet endroit, et même si un vent froid soufflait de temps à autre, ils pouvaient se réchauffer l'un l'autre. Les yeux bleus d'Eden se perdirent à nouveau sur sa Rose. Il se sentait chanceux d'être aux côtés d'un tel ange, et surtout heureux, car il pouvait l'aimer sans craindre de la perdre, car il savait que leur amour était pur et indestructible.

Leur amour avait un goût de sacrifice, il leur fallait échanger leur liberté et leur condition contre un peu de bonheur. Dans l'immédiat, il n'y avait rien que Rose ne pouvait lui refuser, et cette offrande n'avait rien d'insurmontable, tant qu'elle s'assurait de l'avoir près d'elle. Néanmoins le futur s'avérait incertain et difficile, il leur fallait espérer que leurs mensonges tromperaient le monde autour d'eux. La Gryffondor n'avait jamais su mentir convenablement, mais elle se sentait prête à devenir la meilleure actrice de ce siècle pour cacher leur idylle interdite. Et tous les frissons, tous les émois, tous les battements de coeur déchirant sa poitrine valaient bien un sacrifice sur l'autel de leur amour. Un mensonge contre un peu de liberté et de douceur, cela en valait véritablement la peine. Les yeux de la jeune fille ne toisaient plus la silhouette du château, cette crainte d'être découverts par leur père s'envolaient peu à peu au rythme des baisers. Sa raison cédait lentement la place à un moment de volupté qui la poussait à ne plus réfléchir aux conséquences, mais simplement vivre au jour le jour, à ses côtés. Rose sentit son frère se détacher d'elle, aussi la jeune Gryffondor tourna légèrement la tête, le regard ailleurs. Sans qu'elle ne s'y attende vraiment, Eden la tourna vers lui avec tendresse, plantant ses yeux bleus dans les siens.

Eden ¤ Quoiqu'il arrive, nous serons ensemble. Tu es la seule qui fait battre mon coeur ainsi, tu es ma Rose, celle que j'aime et que j'aimerai le reste de mon existence.

Rose - Mais ça a toujours été ainsi, pas vrai ?

La jeune blonde eut un sourire léger pour son frère, touchée par ses paroles. Sa réponse était une évidence, une question réthorique. Les jumeaux avaient toujours éprouvé ce fort sentiment, seulement aujourd'hui il se muait en un amour nuancé et différent. C'était un crime qui se faisait derrière le rideau de la scène, mais se cacher aux yeux du monde avait quelque chose d'agréable et d'exaltant, éveillant un peu plus leur passion. Eden s'approcha d'elle alors et l'embrassa à son tour, mais ce baiser défendu dépassait déjà encore plus les limites de l'interdit. Rose se laissa porter par la tendresse de son jumeau et par ses propres sentiments qui éclataient alors bien plus sous cette embrassade brûlante. Il ne pouvait y avoir plus unis que ces amants qui se jouaient des tabous, cet instant de bonheur lui parut trop court et magnifiquement long à la fois. C'était la première fois qu'elle goûtait ainsi à son frère, son premier baiser trop sage n'avait été qu'une douceur sucrée, chaste et candide. Celui-ci avait un goût de péché et de passion. Les mains de la jeune fille glissèrent lentement sur la nuque d'Eden, qui se détacha lentement afin d'aller s'assoir auprès du lac. Il tendit alors les bras vers elle, dans un sourire caressant et amoureux qu'il ne lui avait jamais offert auparavant.

Eden ¤ Viens dans mes bras mon amour.

Rose baissa la tête l'espace d'un instant, un léger sourire aux lèvres perdu entre la confusion et le bonheur. Mais ses yeux se posèrent de nouveau sur Eden, luisant d'étincelles complices et tout aussi amoureuses. Elle plaça une mèche de cheveux derrière son oreille avant de s'avancer vers son jumeau et de se blottir dans ses bras, sa tête posée au creux de son épaule. La Gryffondor prit sa main dans la sienne, décidée à rester là et écouter les battements de coeur de son frère. Des sentiments de joie, de plaisir et de volupté accompagnaient ce moment délictueux. Elle était heureuse et comptait bien encore profiter de son amour pur et de ses baisers tant qu'ils avaient pour eux la solitude de cet instant. Rose se tourna alors légèrement, un bras enlaçant la taille de son frère tandis que son front se posa sur son cou, elle ferma les yeux quelques secondes. En cette heure, rien ne pouvait troubler son bonheur, mais ce soir que dirait-elle à James ou Jason. Comment pourrait-elle faire pour leur mentir, alors qu'elle tenait tant à eux. Et tous ces obstacles sur leur route étaient si nombreux que cela en devenait terrifiant.

Rose - J'ai peur, Eden... Qu'est-ce que je vais leur dire... Et si un jour...Si un jour, quelqu'un l'apprend ? On fuira d'ici, hein ?

Eden ne pouvait que comprendre son angoisse, comme toujours. Néanmoins Rose ne lui avait jamais évoqué les sentiments que James avaient pour elle, et à présent que les jumeaux se trouvaient amants, la Gryffondor garderait cet aveu secret pour le préserver. Elle connaissait la jalousie destructrice de son frère et préférait ainsi ne rien lui avouer. Néanmoins la jeune fille ne se sentait pas assez forte pour leur faire croire qu'elle les repoussait pour une raison inconnue, alors même que cette raison était l'amour porté pour son frère. Et sa dernière phrase résonna comme une supplique. Si leur secret s'estompait au fil du temps, la jeune fille n'hésiterait pas à partir d'Angleterre avec Eden afin de reconstruire une vie ailleurs.

Eden ¤ Quoiqu'il arrive, nous serons ensemble. Tu es la seule qui fait battre mon coeur ainsi, tu es ma Rose, celle que j'aime et que j'aimerai le reste de mon existence.

Rose ¤ Mais ça a toujours été ainsi, pas vrai ?

Eden ¤ Oui, toujours...

Il n'y avait pas d'autres réponses possibles. Au fond de lui, le jeune homme avait toujours eu ce sentiment inavoué. Quand il se voulait protecteur envers sa soeur, c'était en réalité une forme de jalousie qu'il portait pour les prétendants de Rose. Lorsqu'il avait lancé un Expelliarmus sur Stewart le soir du bal en le voyant embrasser sa jumelle, ce n'était pas seulement pour la préserver du mal que l'autre aurait pu faire subir à Rose, mais également car il éprouvait une haine de ne pas pouvoir être à sa place. Eden n'avait jamais pris la peine d'analyser ses sentiments. Pour lui, tout avait toujours été très clair, c'était la simple relation d'un frère et de sa soeur, mais ces derniers temps il s'était rendu compte que ses actes indiquaient beaucoup plus que de simples relations fraternelles. Demander à Rose de faire un choix lui avait montré plus clairement ses sentiments. Tout cela l'avait amené à réfléchir et à remettre beaucoup de choses en question, dont l'amour qu'il portait pour la jolie blonde, un amour indescriptible.

Lentement, Eden s'assit dans l'herbe et invita sa jumelle à le rejoindre. Le sourire qu'il perçut sur ses lèvres fit accélérer son rythme cardiaque. La complémentarité de ces deux êtres était effrayante. Dès que l'un d'entre eux laissait apparaitre son bonheur, cette sensation était automatiquement ressentie par l'autre. Et quand l'un n'allait pas bien, alors l'autre se sentait encore plus mal. Ces derniers mois, ils n'avaient fait que s'enfoncer dans leurs problèmes, et leur éloignement n'avait qu'empiré les choses. Mais tout rentrait dans l'ordre à présent, et cela allait même largement s'améliorer avec cet amour qu'ils ne se cachaient plus. Eden observa sa soeur s'asseoir à ses côtés afin de se blottir dans ses bras. Lentement, elle attrapa sa main avant de poser sa tête dans le creux de l'épaule du jeune homme. Ce dernier observa le lac, profitant de ces quelques minutes de pur bonheur, que rien ne pouvait briser, à part peut-être la peur que tout ne s'arrête soudainement.

Rose ¤ J'ai peur, Eden... Qu'est-ce que je vais leur dire... Et si un jour...Si un jour, quelqu'un l'apprend ? On fuira d'ici, hein ?

Dans la voix de la Gryffondor résonnait une légère crainte, que le jeune homme ne pouvait que comprendre. Mais les mots pour la rassurer lui faisaient défaut. Intérieurement, il ressentait une légère souffrance, car il obligeait sa jumelle à mentir pour les couvrir tous les deux. Et s'ils étaient découverts, elle risquait d'endurer encore pire. Eden n'avait pas vraiment peur des risques, car peu lui importait ce qui pouvait lui arriver, sa réputation était déjà bien peu glorieuse. La seule chose qui pouvait le détruire à présent était de voir Rose s'éloigner de lui. Mais peut-être que c'était la meilleure chose à faire en fin de compte. Leur relation était très dangereuse, voire même trop. Être ensemble leur apportait joie et bonheur, mais ils devaient se cacher des autres. Et si jamais quelqu'un venait à apprendre leur secret, le pire était à craindre. Et surtout, comment régirait leur père? Eden ne savait plus exactement quoi penser. A ses yeux, rien n'était plus important que sa jumelle et leur amour réciproque.

Eden ¤ Ne t'en fais pas, personne ne le saura. Et s'il faut, on partira, rien ne peut nous séparer ma Rose.

Peut-être qu'en fin de compte, partir serait inévitable. Ils étaient aux yeux du monde anglais des jumeaux, qui ne pouvaient pas s'aimer au grand jour. La solution devait donc se trouver ailleurs, ils ne pouvaient pas vivre ensemble sans que l'on ne leur fasse de remarques ou qu'on ne les juge pour leur crime. Les yeux perdus dans la vide, Eden déposa un baiser sur le front de sa jumelle qu'il tenait toujours fermement dans ses bras. Il n'avait aucun envie de la lâcher, aucune envie que ce moment ne s'arrête. Il savait qu'ils réussiraient à se cacher aux yeux des autres, mais il voulait bien plus, et pour cela, il fallait sans doute tout quitter afin de refaire leurs vies ailleurs. Au fond de lui, le jeune Mandrake savait qu'il était prêt à cela. Il n'avait que très peu d'attaches ici, pas beaucoup d'amis, trop d'ennemis. Seul son père représenterait un manque mais ils pourraient toujours le revoir. Puis ce que le Gryffondor cherchait, c'était le pur bonheur de vivre cet amour interdit avec sa Rose.

[RP terminé. 9 Crimes [PV Rose] 322925

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