Le Shadow Breeze (pour tous)

« Mesure bien à qui tu parles, gamine. » gronda-t-elle. « Tu me fais quoi, là? Ta crise d’adolescence? » rétorque la métisse. « T’as pas besoin de te méfier de moi. » C’était l’énonciation d’un fait, une vérité presque tangible pour Morayel. La moralité douteuse de Samuelle se pliait aisément à ce genre de caprice. Aussi malhonnête soit-elle, en certaines circonstances, on pouvait compter sur elle. C’était ce qui la rendait si dangereuse.

« J’ai donc raison… Un piège? » fit-elle en s’adressant plus particulièrement au frère d’Elthiriel. Elle tendit la main pour les faire avancer… « Allez, quelle version voulez-vous que j’adopte et envers qui? Je vous ai trouvé dans un pub, éploré, noyant votre déception dans l’alcool? »

Mesure bien à qui tu parles, gamine.

Elle fait front, le menton levé, agressive. Elle n'a jamais su comment faire confiance, comment pouvoir faire confiance...

Tu me fais quoi, là? Ta crise d’adolescence?

Côté âge, j'aime mieux la crise de l'ado que la ménopause. La gravité fait son oeuvre...

T’as pas besoin de te méfier de moi.

Les yeux gris se plissent, prennent une expression bien connue de Muelle.

J’ai donc raison… Un piège?

La jeune fille se place entre son frangin et l'intruse, empêchant un mouvenent d'un côté comme de l'autre.

Allez, quelle version voulez-vous que j’adopte et envers qui? Je vous ai trouvé dans un pub, éploré, noyant votre déception dans l’alcool?

Et pourquoi pas dans les chiottes d'un supermarché tant qu'à y être? En quoi ca te concerne?

[MORAYEEL]

Finit la montée de lait, il avait reprit son attitude habituelle. Derrière Elthiriel, affichant profil bas, bien dissimulé dans son capuchon noir d'où émerge une mèche blanche comme neige et un seul oeil de la même couleur ou presque.

- T’as pas besoin de te méfier de moi.

Certes, tout dépendait du contexte. C'était délicat, Samuelle était particulièrement douée pour balancer ce qu'elle voulait que ce soit et plus cétait tordu, plus elle avait raison la plupart du temps. C'était frustrant...

- J’ai donc raison… Un piège?

Un point pour Samuelle, elle avait encore raison. Effectivement, c'était un piège. Restait à savoir pour qui.

- Allez, quelle version voulez-vous que j’adopte et envers qui? Je vous ai trouvé dans un pub, éploré, noyant votre déception dans l’alcool?
- Et pourquoi pas dans les chiottes d'un supermarché tant qu'à y être? En quoi ca te concerne?
- Sera pas si loin de la vérité. Il nous a vu quoi, 20 minutes ? Et il s'et déjà tiré. Quel genre de père qui n'a pas vu ses enfants depuis 11 ans se tirerait au bout de 20 minutes ? Raconte c'que t'as vu, Sam. À qui tu veux. Mais l'idéal serait de faire comme si on avait rien vu, ça nous éviteras de devoir en parler, dit-il, lugubre, presque un marmonement.

Les mains dans les poches, la tête basse, Morayeel s'éloigne du Shadow Breeze, botte un caillou, qui file loin, loin, loin. Il aurait voulu le faire pour vrai, il l'aurait raté.

Samuelle n'était pas plus généreuse que patiente. Elle acquiesça à la remarque d'Elthiriel. « T’as raison sur ce point, petite. Bonne continuité! » fit-elle d’un ton neutre, parfaitement dosé. Leur "tante" tourna les talons et les laissa en plan, un claquement bref, signe d’un transplannage, se fit bientôt entendre.

À leur retour au camp, il ne la trouverait pas parmi les gitans. N'y avait-il pas eu quelque chose de définitif dans les propos qu'elle avait tenu?

Elthiriel ignore superbement Samuelle, a les yeux rivés sur le dos de Morayeel qui s'en va tranquillement, bottant son caillou.

Elle n'aime pas le voir comme ca. Elle hésite, doit elle aller le rejoindre? Mais elle sait qu'elle va se heurter à un mur s'il n'est pas d'humeur. Et elle n,aime pas le voir de bonne humeur.

Bon, il a réussit à la mettre d'humeur massacrante. C'est elle qui lui a demandé de partir... Non mais. C'est après elle qu'il devrait en avoir.

Les yeux brillants, elle relève le menton et se pousse dans un crac sonore.

[MORAYEEL]

Deux crac, il est seul. Il se retourne pour s'en assurer. Ouais, seul. Il jette un oeil autour de lui. Personne. Mais où elle est ?

Il pousse un sifflement bref, mais strident et attend. Un grattement se fait entendre dans l'entretoît de Shadow Breeze, puis un froissement de plume quand une masse rouge vif éclate dans le terne de l'environnement. Un vol plané et il vient se poser sur l'épaule de Morayeel.

- Qu'est-ce que tu faisais là ?
- J'allais pas me geler pour tes beaux yeux. J'te suis plus utile vivant et au chaud que morte d'hypothermie.
- Un bon point.
- Et puis, comment ça s'est passé ?
- Pire que j'l'avais imaginé.
- C'est toujours pire qu'on se l'imagine, avec Halewyn. Crois-moi, j'en sais quelque chose. Morayeel ne dit rien, ne fait que hocher la tête. Ilka picosse une mèche de cristal. Ça va mon joli ?
- Une sorte de satisfaction mêlée avec un affreux sentiment d'échec. J'ai perdu mon sang-froid. Je sais pas quoi faire.
- C'est pas grave, mon glaçon, allons boire quelque chose de chaud et rentrons. On a besoin de réfléchir.
- Ouais, bonne idée.

CRAC.

Le barman continue d'essuyer ses verres, lorgnant discrètement le nouveau venu... Il ne faut pas être la tête à Papineau pour se rendre compte de l'identité de l'individu... Non... pas vraiment.

Vous trouverez ce que vous cherchez dans la réserve. Et seulement si vous êtes bien ce que vous êtes sensé être.

Puis, il se détourne et range tranquillement les dits verres tandis qu'un poivrot cuve son alcool sur le comptoir.

Même mal famé, on reconnait là l'ordre et le soucis de propreté du proprio.

[PNJ: George Jinx Daee]

Dans certaine sphère de la société des sorciers, en particulier auprès des très vieilles familles, Georges Jinx Daee est tout simplement désigné par Jinx.

Il avait transplanné sur le pas de la porte. Le petit homme avait les cheveux gris acier, brossé vers l’arrière. Il était vêtu de vêtements taillés très près du corps, comme ajustés pour ne pas entraver ses mouvements. Il traversa le bar, foulant le sol profiter de l'atmosphère des lieux, une canne à pommeau dans la main, la tenant par le milieu parce qu’il n’en avait certainement pas besoin. Il y avait dans son maintient ce petit quelque chose, cette ferveur qu’on les hommes inflexibles, ardents et décidés. George Jinx Daee s’appuya au zinc et attira l’attention du tenancier.

« J’aimerais passer un contrat… Je recherche qqn qui soit capable de traquer un gibier particulièrement rétif. Je souhaite capturer un non-vivant. » expliqua l’aristocrate. « Comprenez-moi bien, je ne cherche pas un exorciste, je souhaite trouver un fantôme et le contraindre. » L’homme fouilla dans la poche intérieure de sa veste, un geste plein d’élégance, tout en poursuivant : « C’est le fantôme d’une jeune sorcière, une métisse. J’ai de bonne raison de croire qu’elle hante le Londre moldu. Je ne peux vous en donner une description très utile, tous les métisses se ressemble… Mais celle-ci, » fit-il en produisant une photo moldu qu’il posa bien à plat sur le zinc, « a des yeux d’une couleur inhabituelle. »

La photo montrait une jeune sorcière dans la fin vingtaine. Ses yeux étaient manifestement jaune. Des yeux d’or, comme ceux d’un animal sauvage, brillant d’un éclat indompté. Si on avait braqué une lumière sur ces yeux là, ils auraient reflété la lumière comme un miroir.

« C’est un fantôme mort d’une violence inouïe, elle a donc gardé beaucoup de consistance… Elle semble pratiquement tangible. Sauriez-vous à qui je puis m’adresser? »

Le barman hausse un sourcil, regarde la photo et reconnait la femme, même s'il n'en laisse rien paraitre. Il disparait dans la réserve un court instant.

Halewyn est au shadow Breeze ce soir là. Il vient juste de terminer son contrat à Poudlard et fête ca dans le bar d'ombre.

Le barman lui répète mot pour mot avec la description de la photo. Il va alors voir Jinx.

Un homme vêtu d'un mateau rouge, aux cheveux blancs en bataille lui balayant le front et à la sale gueule s'asseoit à côté du petit homme. Un doigt se pose sur la photo et la tire à lui. Regarde un moement avant de refiler le cliché.

L'acier se pose sur le vieil homme tandis qu'il hume discrètement l'odeur.

Ce fantôme là... Tu y veux quoi?

Une odeur discrète de parfum de qualité superposé à une odeur de poussière persistante. Loin, loin en dessous l’odeur métallique et brûlante d’une flamme. « Tel que je l’ai dit au tenancier, je souhaite, la traquer, la retrouver et la contraindre. » expliqua-t-il. « Cette jeune fantôme a été ma fille. » Quand donc avait-elle cessé de l’être? « Elle se trouve dans une position de puissance et garde un secret par le sortilège de Fidelitas qu’il est nécessaire de révéler à quelques membres de sa famille. » C’était tout à fait légitime… Une pure vérité. « Êtes-vous qualifié? »

Halewyn a toujorus détesté les parfums, tentative futile de dissimuler sa vraie personnalité. La poussière et les flammes... de vieilles flammes. Un feu usé ou un feu dissimulé depuis des siècles. Pas du tout la même espèce que Muelle, sauf pour cette odeur de poussière commune.

Muelle sent le cuir, la forêt. Elle sent la magie sauvage, le sang aussi.

Tel que je l’ai dit au tenancier, je souhaite, la traquer, la retrouver et la contraindre.

Aucune expression sur le visage de l'assassin. La contraindre? Il l'a fait deux fois et même encore là c'est douteux même pour lui. Il écoute le vieux avec attention, ne laissant rien transparaitre

Cette jeune fantôme a été ma fille.

Cette jeune fantôme? Il est pas au parfum depuis quoi alors... 11 , 12 ans? C'est pas lui qui va le contredire. Il enregistre pour que ca lui serve.

Elle se trouve dans une position de puissance et garde un secret par le sortilège de Fidelitas qu’il est nécessaire de révéler à quelques membres de sa famille.

Fallais y penser sale con. T'a fait un serment de fidelitas à Samuelle Daee. Vraiment? T'avais trop bu ce jour là?

Le phoenix redresse la tête, curieux.

Êtes-vous qualifié?

La voix rauque répond sans hésiter.

Je présume que tu va me dire le rituel pour l'asservir la fantôme et te l'amener. Traquer et trouver j'ai pas de trouble avec ca. Si l'ectoplasme est en Angleterre, on va la trouver. Mais je tue d'habitude, j'asservis pas. Donc, tu me donne l'outil et je serai le bras.

Pour les tarifs, c'est pas banal comme truc, ca me plait. 20000 payable sur livraison.

« La persuasion? » proposa-t-il. « Il vous faudra plus que du talent ou de la forte pour ce contrat. Je crains qu’aucun rapport de force n’ait jamais été utile avec elle… » Comme si Halewyn n’en avait jamais lui-même fait les frais… « Trouvez un levier qui vous permettra de négocier sa coopération. » Le vieil homme se fit pensif… « Ma fille était une personne de grand talent et de merveilleuse intelligence mais elle s’est construit, au fil des ans, une sérieuse réputation de tête à claque. Elle ne donnera rien qui lui soit demandé, imprévisible et sauvage… » Le père semblait se parler à lui même, cheminant dans ses souvenirs brumeux… Une pointe de fierté, malgré tout? « Et pourtant elle répond à une certaine forme d’honneur… C’est une calculatrice, arrachez-lui d’une façon ou d’une autre la promesse de vous suivre et elle le fera. » Le petit aristocrate reporta son attention sur le chasseur.

« Un Daee paie toujours ses dettes. »

L'assassin se frotte le menton. Visiblement pensif, son plan se forme dans sa tête à la vitesse Grand V.

Pour avoir levier, faut je trouve ce à quoi elle tenait le plus de son vivant. Tu dois avoir une idée vu que tu es son père non? Ca irait plus vite et ca économiserais des frais si tu me disais tout de suite ce que tu sais là dessus.

Ou comment trouver levier pour son propre avantage en une étape facile. Mais les infos de ce gus là sont à prendre avec un grain de sel, ca sent le poisson pas frais.

« La seule chose à laquelle Samuelle ait jamais tenu lui a été enlevé et ne peut lui être rendu. » Sa vie. Muelle voulait vivre avec tant d’acharnement que c’était ça, qui l’avait transformé en fantôme. Une vie inachevée. « Je ne l’ai compris que trop tard, après qu’elle lui ait été enlevé. » Ils étaient allés trop loin. Il était allé trop loin. D’une certaine manière, il le regrettait. Il le regrettait de la façon dont ont s’émeut du trouble d’un autre sans toutefois y répondre. « Trouvez-la et je vous offrirai le prix de sa capture. Désirez-vous avoir l’exclusivité ou puis-je offrir le contrat à d’autres? »

L'acier se pose avec un calme et une acuité dérangeante dans les prunelles de l'aristocrate.

Si je la trouve pas, personne ne la trouvera en Angleterre. En plus, la majorité du monde te rira au nez avec ta requête. Chasser une fantôme? Y'a juste des cinglés pour trouver le défi. Mais tu peux ailleur dans le monde, j'ai un contrat qui me retiens ici pour le moment. Tant qu'ils viennent pas foutre le bordel dans ma traque ca va aller.

Il est très sérieux, n'a jamais toléré de partager le gibier. Le regard est sérieux, tout est sérieux. impossible de savoir ce à quoi il pense.

Me faut le plus d'infos possible. Nom âge linge, circonstances de la mort... Plus j'en ai plus c'est facile trouver par ou la prendre.

« Elle se nomme Samuelle, elle a la fin de la 20taines et elle porte un pyjama : le bas bleu ciel imprimé de canard jaune avec un t-shirt rouge. Des pantoufles en lapin rose et une vieille veste de cuir de coupe aviateur complète sa tenue. » La fille et le père n’ont manifestement pas le même style vestimentaire. L’aristocrate marqua un temps d’arrêt. « Je ne vois pas en quoi cela peut vous être utile, mais quant aux circonstances de sa mort, elle s’est noyée. C'était une nageuse professionnelle d'eau vive. » Il avait dit ça sans émotion. « La violence de sa mort a fait en sorte qu’elle est restée très tangible. » Violence toute relative, a-t-on jamais qualifié l’eau de violente?

George Jinx Daee connaissait mal sa fille. Il la qualifiait d’imprévisible et elle aurait encore eut de quoi le surprendre. Samuelle l’avait toujours stupéfié, il arrivait difficilement à en dresser le portrait.

« Je ne saurais vous donner de meilleur prise sur elle sinon en vous faisant un dernier avertissement : elle n’est vraiment pas commode. » Un frisson fit trembler sa main alors qu’il portait son verre à ses lèvres. Il pensait au windigo, il n’avait jamais su s’en moquer, lui. « Elle est dangereuse, à sa manière. Méfiez-vous d’elle, c’est une tricheuse. »

Elle se nomme Samuelle, elle a la fin de la 20taines et elle porte un pyjama : le bas bleu ciel imprimé de canard jaune avec un t-shirt rouge. Des pantoufles en lapin rose et une vieille veste de cuir de coupe aviateur complète sa tenue. »

Halewyn sort un petit calepin et note le tout consciencieusement. Comme si ca l'avait une importance vitale.

Je ne vois pas en quoi cela peut vous être utile, mais quant aux circonstances de sa mort, elle s’est noyée. C'était une nageuse professionnelle d'eau vive. »

Tout est bon à savoir, plus on en sait, plus on cerne...

Dit l'assassin tranquillement, l'oeil posé sur le carnet. Il note le manque d'émotion du père.

La violence de sa mort a fait en sorte qu’elle est restée très tangible. »

Qui irait nager avec tout cet attirail on se le demande, des pantoufles en lapins roses c'est très aggressif et dangereux quand c'est mouillé, c'est connu. Prends moi pour un cave avec ca.

Le stylo glisse sur le papier. Pas de commentaires.

Je ne saurais vous donner de meilleur prise sur elle sinon en vous faisant un dernier avertissement : elle n’est vraiment pas commode. Elle est dangereuse, à sa manière. Méfiez-vous d’elle, c’est une tricheuse.

Wouahh... Il regarde le père d'un air impénétrable. Imaginez, il a failli tuer sa fille et il la connait mieux que ce vieux foyer à moitié éteint. Il referme le carnet.

Wain. C'est pas aussi précis que ce à quoi je m'attendais, mais ca fera pour débuter. Des fantômes noyés en coat de cuir et pantoufles ca doit courir les rues. Jvous ferai parvenir des nouvelles et les développements à la pièce.