Three of a kind [Coffret Folayann]

FIN DE L'ETÉ 1983


L'homme de loi se présente devant la maison mal entretenue, à l'écart des autres, dos à un petit boisé, envahie par les mauvaises herbes sous la galerie, mais dont l'herbe à l'avant a presque totalement disparu, sauf quelques touffes de pissenlits et de plantain éparses. Il regarde une dernière fois ses papiers, question de savoir si c'est la bonne adresse. Oui, il est au bon endroit. Il a deux subalterne avec lui. Il les laisse sur le trottoir.

Il monte les marches, lentement. Elles grincent sous son poids. Il se place devant la porte et frappe, doucement, mais fermement. La peinture de la porte blanche s'écaille sous ses jointures. Il se tient droit, figure impassible, implacable. Il attend.

Rien, ni personne ne vient.

Il répète l'opération trois autres fois, pour un total de quatre. C'est la procédure qu'il s'est lui-même imposé il y a longtemps. Ça ne répond pas. Mails ils sont là. Ils ne peuvent être nul part ailleurs. C'est les vacances d'été. La fin des vacances certes, mais c'est les vacances. Et puis, à prendre des renseignements dans le village, on lui a dit que ces petites terreurs étaient souvent laissés à eux même chez eux et que « c'est probablement pour ça que c'est de la graine de vauriens et qu'à votre place j'éviterais d'aller jouer près de chez eux » mais bon, il avait un boulot à faire. Et puis, c'était que des enfants...

Il descend de la galerie avant et fait le tour pour aller vers l'arrière. En s'y rendant, il entend des coups sourds, assez régulier. Il atteint la haute clôture et se lève sur la pointe des pieds pour voir par-dessus. Il trouve aisément la source du bruit sourd. C'est un ballon projeté contre un corps. La scène qu'il voit semble des plus normales, quoique assez agressive.

Dans un coin, une toute jeune fille lit sagement, un énorme bouquin, beaucoup trop gros pour une gamine de cet âge. Relié en cuir, il semble très usée et les pages sont visiblement jaunies. Les lettres dorées en parties effacées intitulent l'ouvrage « Concepts et Théories Magique par Alcmene P. Bustfield » et ça date de 1834. Elle porte un délicat chemisier et un rang de fausses perles. Ses cheveux sont sagement ramassés et soigneusement coiffés. Elle doit être Akilah.

L'autre fille, plus vieille que la première semble imbattable à ce jeu. Elle l'attrape à tout coup, encaissant le lancé puissant de son frère sans broncher, le relançant avec hargne et aussi, sinon plus fort. Ses cheveux très court et acajou lui barrent le front et elle porte une salopette très usés, d'un bleu délavé et taché, sur un t-shirt rouge passablement défraîchis et tout aussi taché que le reste. Sans aucun doute Elzykor, la ressemblance avec sa mère était frappante.

Restait le seul garçon de la famille. Miozan. Il était différent de ses soeurs. Elles étaient très sombres, regard et cheveux, tandis que lui était très pâle. Yeux bleu délavé, cheveux blonds, il était pourtant leur frère aîné. Il ne lésine pas sur la force pour lancer le ballon à Elzykor, mais il n'affiche pas l'agressivité de sa soeur. En jeans noir et en t-shirt gris dans un état aussi lamentable que sa soeur, il a autant de poussière sur lui qu'elle. À croire qu'ils se roulent sur le sol.

- Hum, hum.

Les trois jeunes gens s'arrêtent et tournent la tête vers l'homme. Ils se regardent les uns les autres, puis Miozan attrappe le ballon et avance vers la clotûre.

- Oui ?
- Vous êtes les Folayann ? Miozan, Elzykor et Akilah ?
- Euh... oui... dans le bon ordre en plus.
- Puis-je entrer ?
- Maman a toujours dit de ne pas laisser entrer les inconnus, nargue Elzykor en venant se placer à côté de son frère.
- Sage conseil, loin de moi le désir de vous faire désobéir, mais si je suis ici, c'est justement concernant votre mère.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a maman ?
- Puis-je entrer ?
- Dans la cours ou dans la maison ?
- Dans la maison, si possible. Miozan hoche la tête et jette un regard à Elzykor.

Elle hoche aussi la tête et Miozan va ouvrir la porte de la cours pour laisser passer le bonhomme et ils entrent tous les quatre dans la maison où un joyeux désordre règne. Miozan le conduit au salon où il s'assoit dans le fauteuil usé et poussiéreux. Miozan et Akilah prennent place dans le canapé. Elzykor, elle, reste à l'écart, derrière l'homme, appuyée contre le mur. L'homme fouille longuement dans ses papiers, puis après ce qui semble une éternité, se met à parler.

- Je suis Alcide T. Dean. Je suis notaire. Et sorcier, tout comme vous et votre mère. Les deux Folayann face à Dean hochent la tête d'un air entendu. Bon, alors voilà un détail de réglé, un gros détail, qui met certains points au clair. Dean reprend. Votre mère c'est bien Mirelha Folayann, n'est-ce pas ? Ils hochent la tête. Qu'est-ce qu'elle fait comme buolot dans la vie ?
- Non, mais attendez, ça rime à quoi toutes ces questions sur maman ?
- Des questions que je dois vous poser pour bien faire les choses.

Miozan se lève brusquement, faisant sursauter Akilah.

- Non, mais attendez. Si vous avez des questions sur maman, attendez qu'elle revienne, elle devrait pas tarder de toute façon.

Dean reste de marbre, puis prend un air contrit.

- Quand avez-vous vu votre mère pour la dernière fois ?

L'air de Miozan s'assombrit. Il a une idée mais il espère se tromper... il l'espère de tout coeur.

- Hier matin... elle a prévenue qu'elle partait tôt, reviendrait tard et repartirait tôt ce matin.
- Avez-vous eu connaissance qu'elle soit passée entre hier matin et maintenant ?
- Ou, elle... dit-il avec coeur, mais se reprend aussitôt, Non... avoue-t-il à contre-coeur.

Dean laisse planer un silence, puis fouille dans sa mallette et sort des dossiers, qu'il feuillette, avant de trouver le bon.


- Connaissez vous Dorn Carter ? Le trio Folayann se regarde, puis secoue la tête. Brian Carter ? Un autre regard entre les Folayann, puis ils secouent la tête encore une fois.

Il tire d'un des dossiers une photo et la tend à Miozan. Elzykor s'approche pour mieux voir.

- Vous le connaissez ?
- Non... qui c'est ?
- C'est lui, Brian Carter.
- On connaît pas.
- Elle, c'est Dorn Carter.

Ils regardent la photo, quand soudainement, Elzykor arrache la photo des mains de Miozan et la regarde attentivement.

- Elle a quel âge là-dessus ?
- 20 ans, à peu près un an après sa sortie de Poudlard.
- Eh ben merde alors...
- Elle te ressemble un peu Elz...
- C'est parce que c'est maman...
- Quoi ?
- Si, regarde comme il faut grosse tête.
- Effectivement.

Et il tend un autre document, qui confirme que Dorn Carter a changé de nom pour devenir Mirelha Folayann. Ils restent tous trois interdits. Enfin, Miozan et Akilah restent interdits. Elzykor, elle, semble furieuse.

- Votre mère a changé de nom il y a 20 ans. Elle est venue se terrer ici.
- C'est vous qui avez signer les papiers... pourquoi ?
- Disons qu'elle a eu les arguments pour me convaincre et...
- Et pourquoi vous nous racontez tous ça ?

Driggle semble hésiter un moment, puis hoche la tête et se rend à l'évidence qu'il doit se lancer.

- Vous avez le coffret ?

Il y a un silence, puis Miozan intervient.

- D.C. C'est pour Dorn Carter... elle a toujours dit qu'elle était à Serpentard...
- Non, elle était à Poufsouffle.
- Dans mon lit... enfin, celui que j'ai depuis ma première année...
- Il semblerait en effet. Pour ce qui est du coffret, gardez-le précieusement et ne dites à personne que vous l'avez.

Ils hochent la tête. Ils ne l'auraient pas dit de toute façon. Miozan, en tant que digne aîné de famille réfléchit un moment, puis demande la question qui lui brûle les lèvres depuis un moment.

- Pourquoi nous dire ça maintenant ? Pourquoi elle ne nous 'a pas dit avant et surtout, pourquoi vous venez nous raconter ça quand elle est pas là ?
- Dorn Carter est morte. Au ministère, cette nuit. Vous n'avez pas écouté la radio, n'est-ce pas ? Le ministère a été attaqué et il est maintenant aux mains des mangemorts. Plus rien ne sera pareil pour un moment.
- Maman ne travaille pas au ministère... qu'est-ce qu'elle faisait là ? étrangement, l'idée que sa mère soit morte l'atteint sans trop de heurt.
- Elle ne travaillait pas pour le ministère..., commence Miozan qui n'ose pas compléter sa phrase.
- Elle était mangemort, termine Elzykor, froidement.
- Quoi ?
- Oh...
- Logique. Elle ne travaillait pas au ministère et elle est morte durant l'attaque. Donc, ça va de soi.
- Merde...

Dean observe les 3 enfants et il les trouve plutôt étrange. L'annonce de la mort de leur mère ne semble pas les choquer outre mesure, du moins beaucoup moins que le fait qu'elle était Mangemort. Un lourd silence plane, le temps qu'ils assimilent l'information. C'est la plus jeune qui coupe court au silence.

- Alors si elle était jamais là c'était pas parce qu'elle bossait beaucoup ?

Akilah n'avait jamais vraiment connu sa mère. Elle la croisait certes, mais elle était toujours entre deux chiffre de boulot et elle passait en coup de vent. C'était Miozan et Elzykor qui l'avaient élevé presque. Elle savait ce que devait être une mère, mais elle avait toujours cru que c'était mieux comme ça, comme ça elle ne se faisait jamais gronder par sa mère et elle faisait un peu tout ce qu'elle voulait. Akilah était raisonnable et elle pouvait accepter de vivre le manque de sa mère si celle-ci avait 4 emplois de front pour les faivre vivre, c'était un sacrifice. Mais ça changeait la donne si sa mère était une mangemort. Elle prenait donc du temps qui aurait du revenir à ses enfants pour le passer avec les mangemorts ? Et même, est-ce qu'elle avait vraiment tant d'emploi ?

- Non, elle jouait double jeu...

Ça, c'était impardonnable pour Elzykor. Que sa mère ait prétexté avoir des tas d'emplois pour faire mumuse avec des mangemorts, elle ne pouvait le supporter. Les mangemorts étaient des braves chienchien soumis à leur maître et Elzykor n'était soumis à personne. C'était d'autant plus choquant de savoir que sa mère avait pu être une soumise... c'était irréel et horriblement vexant d'être délaissé pour des mangemorts sans vertèbres. Elle, Elzykor Folayann... ou Carter, peu importe, elle ne serait jamais soumise à personne.

- À nos dépends.

Miozan était sans doute le seul qui avait connu l'affection véritable de leur mère. Premier né, elle avait commencé à travailler beaucoup trop seulement à la naissance d'Akilah et il avait 5 ans. Mais Miozan n'avait jamais été un enfant qui demande beaucoup d'attention, il avait donc trompé son manque d'affection en jouant avec ses petites soeurs. C'est presque lui qui les avait éduqué, il leur avait apprit des tas de choses, parce que c'était lui le grand. Mais il n'était pas leur mère et il en voulait soudainement à Mirelha d'avoir privé Elzykor et Akilah de sa présence pour... rien en fait... et maintenant, c'était trop tard, elle ne pourrait plus jamais se reprendre.

- Je ne crois pas que c'était une mauvaise intention de sa part. Mademoiselle Carter a toujours été... comment dire... un peu... instable.

Les trois enfants dévisagent le notaire, hésitant à lui répliquer vertement. C'était de leur mère qu'il parlait ainsi. Mais au vu de ces dernières informations, ils ne pouvaient se permettre de répliquer avec raison. Il y a un long silence, puis Miozan prend la parole.

- Alors, on devient quoi, nous, maintenant ?
- Le testament de votre mère est clair. Vous allez chez votre oncle qui hab...
- On a un oncle ?
- Maman a eu le temps de faire un testament ?
- Euh... oui... il... il est fait depuis très longtemps le testament... bien avant votre naissance en fait... c'est une bien longue histoire.
- Ben on a le temps... on a pas d'école demain...
- Et puis, je crois qu'on a le droit de savoir.
- J'vais vous dire ce que je sais.