Forbidden nights - PV

Ses camarades devaient dormir depuis une bonne heure déjà. Comptant les minutes et les secondes, la jeune Gryffondor se tournait dans son lit sans cesse, trop impatiente. Ses soupirs trahissaient son empressement de sauter à terre et de descendre les escaliers du dortoir. Rose s'était calée sous les draps cachant à ses amies qu'elle était encore toute habillée, alors même qu'il n'était pas loin de deux heures du matin. La jeune blonde tenait en sa main la montre de son frère qui la lui avait laissé pour que le temps ne soit plus une épreuve ce soir. Ses yeux turquoises restaient fixés sur la trotteuse qui ne semblait plus avancer, figeant le temps avec cruauté et amusement. Un faible bruissement de drap se fit entendre, Rose se tourna de nouveau sur le ventre, la montre toujours en main mais dirigée vers les pâles rayons de la lune. Peut-être que les minutes passeraient plus vite alors. Elle attendait l'heure des retrouvailles des amants, lorsque la petite aiguille pointerait le nombre deux. Son coeur s'accélérait à la pensée de revoir son frère cette nuit, de se blottir seulement dans ses bras et ne pas avoir à craindre le regard des autres. Deux heures, enfin…Plus ou moins. La fatigue ne se faisait pas sentir, seulement l'excitation et l'impatience de le retrouver ce soir.

Rose posa ses pieds à terre dans la plus grande discrétion, stoppant sa respiration par moments de peur de réveiller une de ses camarades. Elle enfila rapidement ses chaussures, passa une main dans ses longs cheveux par coquetterie, défroissa sa jupe et se dirigea à pas de chat vers la porte qu'elle ouvrit avec la plus grande douceur possible. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la Gryffondor, son coeur battant la chamade ne demandait qu'à bondir encore plus lorsqu'elle se blottirait contre lui. Leur amour interdit exaltait leur passion, rien ne semblait pouvoir les arrêter. Ils étaient jeunes, insouciants et invincibles. Il était son jumeau et son âme soeur, celui qu'elle voulait retrouver la nuit tombée. Le danger était partout cependant. Dans chaque regard trop explicite qu'elle pouvait poser dans la journée sur son jumeau, dans ses gestes trop tendres envers lui, et dans ces retrouvailles nocturnes. Avec légèreté, la jeune fille descendit l'escalier, serrant la montre de son frère dans sa main comme si sa vie en dépendait. Tous deux avaient surmonté tant d'obstacles, pleurant ensemble, se réconfortant dans les bras l'un de l'autre, avec cette proximité et cette tendresse fraternelle. Rien n'avait changé, ils s'étaient simplement rendu compte que cet amour se teintait de plusieurs nuances.

La salle était vide, le feu de la cheminée s'était éteint de lui-même, plongeant les lieux dans une douce obscurité baignée par la lune. Rose frissonna, ressentant le froid planant autour d'elle. Elle jeta alors un coup d'oeil à la montre, visiblement elle était arrivée trop à l'heure, l'impatience lui sommant de quitter les dortoirs un peu rapidement. Ses mains glissèrent sur le dossier du canapé ocre alors qu'elle le contournait avant de s'y installer. Pensive, son regard bleuté fixait la cheminée envahie de cendre, Rose chercha alors brièvement sa baguette dans l'espoir d'allumer un feu. Mais elle se remémora soudain que cette dernière était restée sur sa table de chevet, ce qui lui arracha un soupir mêlé d'un bien-être certain. Eden allait venir, c'était tout ce qui comptait. Son regard se perdait devant elle, ne songeant plus qu'à sa chaleur, son parfum, ses sourires et ses yeux. Doucement, la Gryffondor posa sa tête sur l'accoudoir du canapé, fermant les paupières et se laissant envahir par ses songes et cette envie de se blottir entre ses bras, à le regarder parler, amoureuse de son moindre souffle. Combien de temps était-elle restée là. Deux minutes, peut-être cinq, mais le crépitement soudain d'une flamme qu'on alluma dans la cheminée la fit sortir de sa somnolence, et Rose se redressa avant de se retourner. Cette silhouette qu'elle avait tant attendu lui arracha un sourire radieux. Il était si beau que ses yeux azurés cherchaient déjà à caresser ses lèvres.

Rose - Je t’attendais, mon Eden.

Elle lui sourit alors, n’osant plus détacher son regard de son frère. Ces envies de l’embrasser encore et toujours lui faisaient rosir ses joues, son cœur battait plus fort, ses yeux bleus étincelaient d’étoiles de joie. Autour d’eux, le silence se faisait d’or, personne ne pouvait troubler leur quiétude. Les deux insouciants se complaisaient dans cette bulle loin de tout, sans personne pour les juger. Ils seraient seuls, ce soir, comme tous les autres. A parler de tout et de rien, à s’enlacer tendrement et à repeindre leur monde tous les deux. Un plaisir égoïste mais partagé. Il n’y avait que lui, à ses yeux.

We're going down,
In a spiral to the ground,
No one, no one's gonna save us now,
Not even god!
No one saved us,
No one's gonna save us.
¤

Allongé sur son lit, Eden se tournait et retournait dans tous les sens depuis près d'une demi-heure. Il avait réussi à dormir une petite heure avant de se réveiller en sursaut, et à présent, il préférait attendre, les yeux ouverts, afin de ne pas manquer le rendez-vous avec sa jumelle. Lentement, le jeune homme se redressa, puis il attrapa son manuel de sortilèges, qu'il avait posé là avant de s'endormir. Un petit plan préparé dans la soirée, afin d'étouffer les quelques soupçons qu'auraient pu avoir les autres Gryffondor du dortoir à son sujet. Le jeune homme ouvrit le livre sans faire réellement attention à la page sur laquelle il tombait, puis il se leva et alla s'adosser au mur près de la fenêtre. Il sortit sa baguette et murmura un faible Lumos afin d'éclairer les pages de l'ouvrage qu'il tenait entre les mains. Ses yeux étaient fixés sur les pages blanches mais il ne fit pas attention une seule seconde à ce qu'il y avait d'écrit. Il attendait simplement une réaction des autres élèves endormis, attendant qu'ils ne le soient plus. Soudainement, des draps se mirent à bouger dans l'un des lits.

Marc ¤ Mandrake? Qu'est-ce que tu fous?...

Eden ¤ Désolé, j'arrive pas à dormir.

Marc ¤ Erf...

Exactement ce que le jeune homme attendait. Il souhaitait le déranger, juste assez pour que Marc lui fasse comprendre qu'il le gênait, ce qu'il fit en poussant un soupir. Eden cherchait une excuse pour descendre dans la salle commune et rejoindre sa soeur. Vu l'heure tardive, elle devait déjà y être, ou du moins, ne tarderait pas à se rendre à leur rendez-vous. Et ces derniers temps, le jeune Mandrake craignait d'éveiller des soupçons chez ses camarades à cause de ses sorties nocturnes répétitives. Par deux fois Marc l'avait vu quitter le dortoir et lui avait demandé ce qu'il foutait, ce à quoi Eden avait répondu qu'il voulait descendre dans la salle commune pour lire sans les déranger. De peur que son camarade ait des soupçons trop portés sur lui, il lui montrait que son alibi était valable et ainsi, il pouvait de nouveau rejoindre sa jumelle.

Eden ¤ J'descends dans la salle commune, pour pas te gêner.

Eden lui adressa un léger clin d'oeil tout ce qu'il y avait de moins sincère. Il n'éprouvait plus aucune haine pour ce gars-là, comme cela avait pu être à une époque, mais il l'appréciait toujours aussi peu. Le tout était de lui montrer qu'il n'était pas vraiment son ami, tout en lui faisant croire qu'il l'aimait bien, malgré le fait que ce ne soit pas le cas. Ce n'était pas vraiment de l'hypocrisie de sa part, simplement le fait qu'il voulait éviter d'avoir de nouveau des problèmes alors que son père était à présent directeur de Gryffondor. Le jeune Mandrake n'avait aucune envie de causer de nouveaux soucis à John. La tentative de suicide avait été suffisante, sans compter l'histoire d'amour qu'il vivait avec Rose et qu'il devait cacher à tout prix. Sans faire de bruit, Eden sortit du dortoir puis descendit les escaliers pour pénétrer dans la salle commune. Une jeune fille était endormie sur le canapé devant le feu. Le Gryffondor s'en approcha lentement, observant la fine silhouette qu'il reconnut immédiatement. Elle était tout simplement magnifique. En silence, le jeune homme sortit sa baguette et lança un Incendio en informulé pour ranimer les flammes. Puis il tourna de nouveau son regard vers sa jumelle qui sortait en douceur de son sommeil.

Rose ¤ Je t’attendais, mon Eden.

Le regard d'Eden s'adoucit soudainement. Il rangea sa baguette dans la poche de son uniforme et s'assit auprès de sa jumelle. En douceur, il déposa un baiser sur ses lèvres avant de la prendre dans ses bras. Les journées étaient longues et difficiles sans elle. Ils devaient cacher leur amour aux yeux des autres, personne ne devait le savoir. Seule la nuit était témoin de cet amour interdit. Ils pouvaient se retrouver une fois que la salle commune était vide afin d'être ensemble et de parler de tout et de rien, d'avoir des gestes amoureux qu'ils ne pouvaient en aucun cas se permettre quand le soleil était levé. C'était une situation très difficile à supporter mais le jeune Mandrake était prêt à tout par amour pour Rose, et il savait qu'elle faisait de même. Et ces douces nuits passées l'un avec l'autre étaient une récompense plus que satisfaisante, à un tel point qu'Eden en oubliait la douleur subie durant toute la journée. Il posa sa tête sur celle de sa soeur, respirant son doux parfum qui lui avait tant manqué.

Eden ¤ Comment vas-tu mon amour?

Sa voix était douce, une voix que seule sa jumelle pouvait entendre. Jamais il n'avait eu ce ton-là avec une autre personne, pas même Roxanne. L'amour qu'il éprouvait pour la jolie blonde dépassait l'imaginable. Pour la première fois dans sa vie il éprouvait cela. A n'en pas douter, il avait aimé Roxanne, mais la Serpentard avait détruit ses sentiments elle-même, et l'avait encore plus rapproché de Rose. Elle avait commis des erreurs qui l'avaient sans aucun doute fait perdre Eden. Jamais plus il ne retournerait vers elle par amour. Il avait réussi à atteindre un stade où il n'éprouvait plus de haine pour elle, ce qui était en soi un exploit. Mais l'amour qu'il éprouvait pour sa jumelle ne pouvait pas être détruit, et il ferait tout son possible pour le préserver. Le jeune Mandrake releva lentement sa tête et plongea ses yeux dans ceux de sa soeur, puis il l'embrassa à nouveau, mais cette fois-ci, ce fut un long baiser amoureux.

Something in your eyes, makes me wanna lose myself
Makes me wanna lose myself, in your arms
There's something in your voice, makes my heart beat fast
Hope this feeling lasts, the rest of my life

Il était venu, allumant un feu qui ronronnait dans l'âtre, faisant vaciller ses lumières ocres sur les deux amants criminels. La jeune fille ne le lâchait plus du regard alors que son frère contourna le canapé pour la rejoindre, quelque chose dans ses yeux radoucis la fit frissonner tandis que demeurait sur ses lèvres couleur cerise, un sourire radieux. Eden se posa à ses côtés, et Rose frémit de nouveau, avide de ses mains caressantes sur sa peau, de ses lèvres sur les siennes, de son souffle au creux de ses épaules, rien ne pouvait troubler leur moment délicieux. Les prunelles azurées de la jeune fille n'étaient plus qu'amour et passion, plus rien d'autre ne comptait, pas même le temps qui pourtant ce soir était leur ennemi. Lentement et sans un mot mais non sans lui lancer des oeillades amoureuses et des sourires entichés, la jeune fille lui prit la main qu'elle caressa d'une tendre douceur et attacha à son poignet la montre qu'elle tenait entre ses doigts fins. Rose leva de nouveau son regard bleu sur son frère qui lui déposa un baiser sage avant de la prendre dans ses bras. Elle sentit en elle un soulagement intense, comme si tous ses soucis s'envolaient hors de leur bulle transparente. La jeune blonde serra un peu plus la main de son frère dans la sienne, s'assurant qu'il était bien à ses côtés, que la lune veillait bien sur eux et que ce soir serait encore la nuit interdite de leurs retrouvailles. Elle frissonna de nouveau lorsque le parfum de son jumeau parvint jusqu'à elle, doux, suave et rassurant.

Eden ¤ Comment vas-tu mon amour?

Rose - Tant que tu es là, je vais bien.

Son sourire radieux ne la quittait plus. Elle était heureuse, tout simplement, l'aimait à en perdre la raison et à en faire tous les sacrifices. Doucement la jeune fille vint lui caresser la joue, le regard rêveur qui ne quittait plus son jumeau. Dans toute son innocence, Rose goûtait à ce moment avec volupté, personne ne comptait plus, sauf lui. Eden, Eden... Son prénom ne cessait de résonner dans son esprit, chacun de ses sourires la faisait frissonner, ses caresses faisaient frémir sa peau blanche, ses regards accéléraient les battements de son coeur. Son ventre lui, semblait habité de papillons, ceux-là même que l'on ressentait lorsqu'on était amoureux, sans ne pouvoir rien expliquer. Un sentiment étrange qui l'abandonnait dans ses bras, à vouloir y passer la nuit. Dormir simplement à ses côtés. Pourquoi leur refusait-on ce bonheur, ils ne faisaient rien de mal. Le feu crépitait encore dans la cheminée, réchauffant les lieux, mais la chaleur des bras de son jumeau lui suffisait amplement. Toute entière tournée vers lui, des étoiles semblait briller dans ses yeux bleux chaque fois que Rose les posait sur son frère. Qu'il était beau, que son regard appelait à de tendres caresses et à de doux sourires. Le jeune homme plongea ses prunelles dans les siennes, à trop la regarder ainsi il allait la tuer, tant son coeur battait à tout rompre à lui en faire rougir les joues de sentiments passionnés. Il l'embrassa de nouveau, mais d'une ardeur plus langoureuse et plus interdite, de quoi troubler agréablement la jeune fille dont les pensées s'embrumaient.

Lentement la jeune fille se redressa sans jamais ôter ses lèvres sucrées des siennes. A présent sur ses genoux, ses mains vinrent enlacer le cou de son amant, ses doigts fins glissant sur la nuque d'Eden dans un frôlement Amusée de leur complicité et de ce baiser tant attendu, Rose souriait, laissant échapper quelques rires légers, il n'y avait pas plus insouciants que les jumeaux Mandrake. Ses mains s'attardèrent sur la chemise du jeune homme qu'elle agrippa avec douceur, et lentement la jeune Rose se laissa tomber en arrière entrainant avec elle son Eden. Sa tête blonde posée sur l'accoudoir, l'embrassant tendrement et dans de brefs soupirs qui trahissaient cette attente impatiente qu'elle avait eu pour enfin retrouver son amant, la jeune fille glissa ses mains dans les cheveux de son frère. Cette complicité et cet amour ne les quittaient plus. Une bûche roula alors dans l'âtre, et l'isolement des Mandrake dans leur bulle était tel que Rose interpréta ce bruit soudain comme un potentiel intrus. Elle posa alors son index sur les lèvres d'Eden, interrompant leur long baiser.

Rose - Chut,

dit-elle doucement. Ses yeux se tournèrent vers la sortie de la salle commune, mais aucune angoisse ne se faisait sentir, tant la Gryffondor était sur son nuage. Dans un rire léger elle se tourna de nouveau vers son jumeau avant de murmurer.

Non rien.

Elle déposa de multiples baisers au coin des lèvres de son frère, plus rien d'autre que lui n'importait. La journée était si longue, tant et si bien que par moments la jeune Rose ne pouvait s'empêcher de lui lancer des regards rêveurs avant de rougir quelque peu et de poser les yeux à terre chaque fois qu'Eden lui rendait un sourire. Il était difficile de cacher un secret de cette envergure, comment taire un amour si fort alors même que chacun de ses soupirs étaient éternellement tourner vers son frère, trop nombreux pour être comptés. Les mains de la jeune fille se posèrent sur les joues de son frère, et bientôt cette dernière interrompit de nouveau les embrassades. Sa voix se faisait murmure pour ne pas attirer leurs camarades.

Rose - J'ai parlé à Jason. C'était... dur. Mais il m'a dit qu'il ne voulait pas m'éloigner de mon jumeau.

Ses doigts caressaient doucement les cheveux châtains de son frère tandis qu'elle posait sur lui un regard songeur.

Eden... j'ai pensé à quelque chose d'important aujourd'hui.

La jeune fille marqua une légère pause, toujours aussi pensive avant de reprendre.

Les gens qui sont legilimens... Si un jour ils ont des soupçons sur nous... Mon Eden je pense qu'il faudrait demander à... Felicity qu'elle nous apprenne l'occlumencie.

La jeune fille guettait la réaction de son frère. Apprendre une telle forme de magie, c'était laisser porte ouverte à leur esprit. L'apprentissage de l'occlumencie ne pouvait se faire que si l'enseignant forçait leurs pensées. Aussi, si les jumeaux voulaient protéger leur secret des autres, il fallait mettre une autre personne au courant. Rose ne le quittait plus du regard, attendant une réponse, le coeur battant. Est-ce qu'ils avaient vraiment le choix, après tout...

Eden ¤ Comment vas-tu mon amour?

Rose ¤ Tant que tu es là, je vais bien.

Ces paroles résonnèrent dans l'esprit du jeune homme comme une douce révélation qui contribuait largement à son bonheur. Si sa présence suffisait à rendre heureuse la jolie Rose, alors cela signifiait tout simplement que sa présence sur terre n'était pas vaine, qu'il avait un but dans sa vie, rester auprès de sa jumelle, la chérir, la protéger, et l'aimer comme aucun homme ne pourrait jamais l'aimer. Eden s'assit en douceur près de la jolie blonde qu'il embrassa avec amour, un long baiser qu'elle lui rendit, tandis que de légers rires se faisaient entendre. Ce bonheur visible sur le visage de la Gryffondor était partagé avec son jumeau. Elle passa ses mains autour du cou du jeune homme, lui donnant ainsi de légers frissons. Mais il restait attaché aux lèvres de Rose, n'ayant aucune envie de les quitter. Puis la jeune fille fit passer ses mains sur la chemise de son jumeau, qu'elle agrippa avant de basculer en arrière, l'emmenant ainsi tout contre elle, tout en continuant de l'embrasser avec tendresse. Leurs deux corps étaient si proches, il fallait être cruel pour oser venir interrompre un tel moment de complicité.

Rose ¤ Chut. Non rien.

La jeune fille avait déposé un doigt sur les lèvres de son jumeau, comme si un danger les guettait. En réalité, une multitude de dangers étaient prêts à surgir et découvrir leur secret afin de mieux les dénoncer à la face du monde. C'était le risque à prendre, celui-ci parmi tant d'autres. Mais la bûche qui venait de rouler dans le feu ne représentait pas vraiment un risque pour les jumeaux, et leur rendez-vous amoureux pouvait continuer sans qu'ils n'aient à s'inquiéter. Eden ne pouvait que regretter le lien sanguin qui l'unissait à Rose. Il aurait tout donné pour ne pas être son frère, seulement son amant, mais c'était impossible, et ils devaient vivre cachés, craignant chaque instant d'être découverts. Le reste de l'année scolaire serait dur, mais le jeune Mandrake savait qu'une fois qu'ils seraient à l'université, ils auraient bien plus d'occasions de se retrouver ensemble et plus de facilités à cacher leur relation. Le Gryffondor y avait déjà réfléchi, il voulait vivre avec Rose, acheter un appartement pour vivre avec elle, pour ne plus être séparés. Il ne lui en avait pas parlé, mais au fond de lui-même, le jeune homme était persuadé qu'aucun obstacle ne pourrait les empêcher de le faire. Eden fit glisser sa main le long de la hanche de la préfète avant de l'embrasser à nouveau. C'était tout simplement le bonheur. Mais la jeune fille l'arrêta doucement.

Rose ¤ J'ai parlé à Jason. C'était... dur. Mais il m'a dit qu'il ne voulait pas m'éloigner de mon jumeau. Eden... j'ai pensé à quelque chose d'important aujourd'hui. Les gens qui sont legilimens... Si un jour ils ont des soupçons sur nous... Mon Eden je pense qu'il faudrait demander à... Felicity qu'elle nous apprenne l'occlumencie.

Eden ¤ Non, on ne peut pas, personne ne doit le savoir, ils ne le comprendraient pas... Le jeune homme marqua une légère pause avant de reprendre. J'apprendrai la légilimencie petite soeur, et je t'apprendrai à cacher ce secret, je te le promets.

Ce n'étaient pas vraiment des paroles en l'air, pas entièrement en tout cas. Eden y avait déjà réfléchi, il y réfléchissait tous les jours d'ailleurs. Le jeune Mandrake s'était rendu compte depuis un moment de la facilité qu'il avait pour lire les émotions dans le regard des personnes qu'il croisait. Durant les derniers mois, il s'était renseigné afin de savoir si cela avait le moindre rapport avec la légilimencie et il semblait que, selon les livres qu'il avait consultés, il pouvait travailler ce pouvoir afin de devenir légilimens. Ainsi, les jumeaux n'auraient pas besoin de dévoiler leur secret à Carter. D'ailleurs, c'était hors de question pour Eden. Personne ne devait le savoir, encore moins Felicity. Elle était amie avec leur père, et la mettre au courant de cette relation interdite faisait également courir un énorme danger à leur possible futur à deux. Il n'en était pas question. Le jeune homme passerait ses journées à la bibliothèque s'il le fallait, il s'entrainerait à devenir légilimens, et les jumeaux pourraient ainsi apprendre l'occlumencie à deux, afin de cacher aux yeux du monde leur magnifique secret. Le Gryffondor adressa un sourire à sa soeur avant de déposer un nouveau baiser amoureux sur les lèvres de cette dernière.

Il n'y avait rien de plus beau pour elle, que ce silence entrecoupé de leurs mots murmurés et de leurs embrassades cachées. Seulement eux, et personne d'autre. Tant et si bien que jamais, Rose ne s'attendrait à voir une personne surgir ici et surprendre les deux amants en plein délit. Parce que l'amour, autant pour eux que pour n'importe qui, rendait toujours les intéressés aveugles et égoïstes. Pour la première fois de sa vie, la Gryffondor était totalement égocentrique, se fichant des autres qui pouvaient à tout moment percer leur secret. Il n'y avait plus que lui, même sa culpabilité devait courber sous le poids de son coeur entiché qui méprisait profondemment cette peur d'être surpris. Soit, qu'on les découvre, qu'on les blâme, qu'on les sépare, mais ils trouveraient toujours un moyen de se retrouver. Une insouciance qui en somme faisait leur force, les jumeaux Mandrake ne s'en retrouvaient que plus armés contre les obstacles. Mais jamais on ne pourrait mettre une barrière entre les amants. Et en ce moment précis, même leur père n'était plus sujet de préoccupation pour Rose. Il n'existait plus qu'Eden à ses yeux, l'homme de sa vie, celui qui la protégeait et qui n'était autre que son âme soeur. Il l'avait toujours été, seulement à présent leur amour franchissait d'autres limites. Peu importait puisqu'ils s'aimaient, à leurs yeux rien n'était impossible. Même cacher un secret de cette envergure n'avait rien d'insupportable. Quand bien même on en viendrait à le découvrir, Rose ne se séparerait jamais d'Eden. C'était lui, ou l'abandon à la mort voulue et certaine.

Le jeune homme posa doucement sa main sur ses hanches, ce qui la fit frissonner d'un trop plein d'émoi... et d'envie, sans doute. Néanmoins malgré ce coeur qui battait trop fort, Rose ne dit rien et supplia presque ce dernier de se calmer. Elle ne voulait pas s'emballer de trop, la course contre la montre était réglée, et la Gryffondor ne souhaitait pas que son supplice soit accentué d'avantage par tant d'émotions. Trop de sentiments exacerbés en quelques heures, sans que jamais ils ne puissent continuer à déverser leurs baisers une fois le jour venu était une véritable tourmente. Un châtiment pour leur crime, peut-être.Tout simplement parce que les retrouvailles des amants étaient limités, dans le temps et dans l'espace. Elle se devait d'être patiente, recueillir ses doux baisers et les goûter comme un privilège accordé. La jeune fille prit la parole, les pensées qu'elle avait eu dans la journée avait été un poids d'angoisse durant toute la course du soleil. Un secret, aussi magnifique soit-il, amenait avec lui son lot de questionnements. Maintes fois, lorsqu'elle sentait des regards sur elle, alors même qu'ils étaient amicaux, Rose se demandait si dans le fond, son crime ne se lisait pas dans ses yeux océans, et si la personne en face d'elle lui souriait ainsi parce qu'elle avait tout découvert. Elle ne craignait pas le regard des autres, il n'y avait que la peur d'être séparée de son jumeau qui l'habitait ardemment. Et même s'ils devaient toujours se retrouver, Rose ne supporterait pas d'en être éloignée ne serait-ce que l'espace de quelques jours.

Eden ¤ Non, on ne peut pas, personne ne doit le savoir, ils ne le comprendraient pas...

Rose - Mais...

Eden ¤ J'apprendrai la légilimencie petite soeur, et je t'apprendrai à cacher ce secret, je te le promets.

La jeune fille lui rendit son sourire, puis de nouveau elle sentit cette étrange sensation au coeur et à l'estomac lorsqu'il l'embrassa. Une main aimante, un parfum qui entête, deux amants emportés par la nuit sous cet interdit qui veille à leur moindre faux pas. Il n'y avait plus de doutes, Rose en était déjà certaine mais c'était là une évidence. Elle l'aimait plus que tout, sinon pourquoi tant d'émois chaque fois que ses lèvres touchaient les siennes, que son regard croisait le sien, et que ses mains innocentes posées sur elle la faisait autant frissonner ? Si complémentaires et si amoureux, la petite blonde à la peau de neige et le grand ténébreux au regard sombre étaient nés pour s'aimer ardemment. C'était là, leur destinée, à présent la Gryffondor en était persuadée. Mais les mots de son frère résonnaient en son esprit comme des échos incessants. La légilimencie... Si Eden s'engageait à lui apprendre cette branche de la magie, cela inclurait nécessairement le fait qu'il se devait de plonger dans les souvenirs de sa soeur. Rose n'avait rien à lui cacher, seulement il était vrai, qu'à chaque compliment qu'on lui avait fait, chaque avance, chaque déclaration, elle s'était toujours obstinée à le cacher à Eden. Avant même que les jumeaux éprouvent l'un pour l'autre des sentiments bien plus que fraternels. Mais Rose connaissait la jalousie de son frère qui n'avait pas véritablement de limites. Pour le protéger peut-être, pour ne pas qu'il craigne qu'elle s'éloigne ou tout simplement pour ne pas qu'il devienne fou par un trop plein de jalousie, il y avait des choses qu'elle ne lui avait pas dit. Un nouvelle fois, la jeune fille passa une main dans les cheveux de son frère, plongeant ses prunelles bleues dans les siennes, d'un air qui semblait déjà vouloir le raisonner.

Rose - Si tu m'apprends la legilimencie et l'occlumencie... Quoi que tu puisses voir, ne sois pas jaloux. Tu sais que je n'aime que toi.

Ses yeux brillèrent d'une requête sincère, Rose ne voulait pas que son frère s'emporte pour un mot ou un geste tendre fait à sa soeur de la part d'un autre. Elle ne souhaitait pas non plus qu'il se fâche pour ce qu'il verrait, peut-être, de sa fugue en France et de ce motel de fortune. Un faible sourire se dessina sur ses lèvres attendant le contrecoup de sa remarque. Quoiqu'il en soit, les jumeaux n'en étaient pas encore là, le temps qu'Eden puisse apprendre l'occlumencie il pouvait se passer de longs mois. Le souci viendrait en temps voulu, et il était possible que leur amour si fort, endurci par le temps et les obstacles, ne combatte la jalousie de son frère, au final. Puis un autre mot, encore, ne cessait de la hanter. Le secret. Celui qu'ils se devaient de cacher pour vivre heureux. Il fallait se rendre à l'évidence, à l'aube de leur trente ans, lorsque l'on verra encore les jumeaux Mandrake célibataires et toujours ensembles, les soupçons ne pourraient être qu'évidents. Il leur était impossible de cacher la réalité de leur amour à la face du monde durant toute une éternité. Tôt ou tard, le voile serait levé. Fallait-il tromper subtilement le monde pour préserver leur secret ?

Rose - Eden ?

Les yeux de la jeune fille se perdirent un instant dans ceux de son frère, marquant une légère pause à la recherche de ses mots délicats.

Tu sais un jour ou l'autre, les gens comprendront. Peut-être que si tu... Si tu te mets en couple avec... une autre fille... de temps à autre... cela trompera les gens et ils n'auront pas l'idée de croire que nous sommes ensemble.

Chacune de ses paroles lui pinçait le coeur, comme un supplice à chaque syllabe. Demander à son frère de sortir avec d'autres jeunes fille était véritablement une chose insoutenable pour elle, mais leur amour demandait des sacrifices et des tourmentes également. Rose tentait de garder le sourire, son idée n'était pas des plus pures, après tout c'était aussi jouer avec les sentiments des autres. Et elle devait s'avouer que le voir avec une autre la ferait bien trop souffrir, mais c'était peut-être aussi le prix à payer pour que les soupçons ne tombent pas sur eux.

Malgré la tentative de Rose pour couper son jumeau, ce dernier était allé au bout de ses pensées. Il apprendrait la légilimencie, seul, à l'aide des livres de la bibliothèque. Après tout, il était le fils de John Mandrake et de Satine McIllian, deux grands sorciers, qualifiés d'exceptionnels par tous ceux qui les avaient connus. Pourquoi lui-même ne réussirait-il pas à devenir quelqu'un d'exceptionnel à son tour? Leur sang coulait dans ses veines, et un sentiment de fierté l'envahit peu à peu. Il le ferait, il deviendrait un grand sorcier, aurait un avenir avec Rose, malgré les interdits, ils y arriveraient, et finiraient heureux ensemble, sans que personne ne puisse les en empêcher. Son sourire se fit encore plus radieux, et le jeune homme plongea de nouveau ses yeux dans ceux de sa soeur, qu'il embrassa encore et encore. Il voulait rester collé à ses lèvres, ne plus avoir à les quitter. Si seulement la nuit pouvait durer une éternité, passée à ses côtés, à l'aimer. Malheureusement le temps continuait de s'écouler, et le regard de la jeune fille sembla se troubler légèrement.

Rose ¤ Si tu m'apprends la legilimencie et l'occlumencie... Quoi que tu puisses voir, ne sois pas jaloux. Tu sais que je n'aime que toi.

Eden ¤ Je ne serai pas jaloux...

La voix du jeune homme se voulait sûre et directe, mais au fond de lui, Eden ne savait que trop bien ce qu'il éprouverait si jamais il voyait sa jumelle embrasser Stewart ou lui murmurer des mots doux. La jalousie le rongerait sans aucun doute, sans qu'il ne le montre à Rose pour autant, mais ce sentiment serait trop fort pour qu'il ne puisse le combattre. Comment faire autrement d'ailleurs? Il l'aimait plus que tout au monde, il était normal pour le Gryffondor d'éprouver les affres de la jalousie. S'il devait pénétrer l'esprit et les souvenirs de sa soeur, il ne pourrait pas éviter de revivre les moments qu'elle avait passé aux côtés du capitaine de l'équipe de quidditch des rouge et or, ou encore les déclarations faites par d'autres prétendants. En tant que frère protecteur, Eden avait toujours fait tout son possible pour éloigner les autres de sa soeur, de peur qu'ils ne la blessent ou ne la fassent souffrir, et devoir voir que certains avaient réussi à passer le filet protecteur que le jeune Mandrake avait tressé éveillerait sans nul doute de l'énervement et de la jalousie. Mais il devait cacher ces sentiments aux yeux de Rose. Même s'il souffrait, il ne devait pas lui montrer, pour ne pas qu'elle culpabilise alors qu'elle n'y était pour rien.

Rose ¤ Eden ? Tu sais un jour ou l'autre, les gens comprendront. Peut-être que si tu... Si tu te mets en couple avec... une autre fille... de temps à autre... cela trompera les gens et ils n'auront pas l'idée de croire que nous sommes ensemble.

Eden ¤ Jamais! Jamais de la vie je ne ferai ça! Je... Je ne pourrai pas, je t'aime trop pour faire ça Rose.

Sa respiration était devenue soudainement difficile, et les battements de son coeur s'étaient accélérés. Les paroles de sa jumelle ne le faisaient pas souffrir, mais il ressentait une gêne, une grande gêne. Il fallait avouer qu'aux yeux des autres, les voir toujours célibataires au bout de plusieurs années paraitrait suspect. Ils ne pourraient pas se cacher éternellement, mais devoir se mettre en couple avec une autre fille pour cacher la relation interdite qu'il vivait avec Rose lui paraissait impossible. Comment Eden aurait-il réagi si sa soeur était retournée vers Jason pour cacher son amour secret pour son jumeau? La douleur de son coeur aurait été bien trop dure à supporter, et voir la Gryffondor en compagnie de l'autre l'aurait détruit. Il préférait largement que tout le monde sache et les pointe du doigt plutôt que de supporter la vue de Rose au bras d'un autre. D'un geste incontrôlé, le jeune Mandrake attrapa la main de sa jumelle et la serra fort, comme pour lui faire comprendre qu'il avait besoin d'elle à ses côtés, et qu'il ne voulait pas la voir s'éloigner. Dans ses yeux bleus étincelaient tout l'amour pour elle qui le faisait vivre.

Il était si proche d'elle le jour, si présent et si lointain à la fois qu'elle en embrassait son absence. Et même les regards amoureux, même les sourires complices et les effleurements discrets de la main qui se jouaient lorsqu'ils se croisaient n'étanchaient pas cette soif de le vouloir auprès d'elle. Pire encore, c'était faire l'affront de poser devant un assoiffé un verre d'eau fraîche et de lui interdire d'en boire une goutte. C'était sa gorge qui s'asséchait, ses yeux qui brillaient d'une étrange tristesse, et sa peau frémissante à l'appel de ses caresses seulement innocentes. Car il n'y avait pas plus pur que leur amour encore platonique, les mots mêmes n'étaient pas à la hauteur de leurs sentiments, un seul regard échangé leur suffisait. Et la nuit alors les délivrait de leur souffrance ultime, pour leur donner un temps précieux au compte-goutte, qui s'écoulait bien trop vite. Il n'y avait pas d'amour plus beau ni plus cruel... C'était peut-être cela qui lui rendait tout son sublime éclat. Les jumeaux auraient pu croire d'abord, lorsqu'ils s'étaient aperçus de ces sentiments interdits, que ce n'était là qu'une stupide confusion. Trop complémentaires et trop fusionnels pour ne pas passer la limite imposée. Leur lien puissant et leur amour unique et fraternel avait forcément quelque limite ténue d'avec un amour passionnel. Alors oui, peut-être qu'à leurs premiers émois l'un envers l'autre, les jumeaux s'étaient posé la question. Et s'ils avaient simplement l'esprit un peu troublé par cette relation fusionnelle au point de le confondre avec un tout autre amour ? Effectivement, Rose y avait pensé. Perdue et troublée de sentir en elle une jalousie quelque peu inhabituelle de savoir qu'il reviendrait peut-être vers Roxanne. Qu'avait-elle de plus qu'elle, après tout ? Bien plus belle, très certainement, mais avait-elle la vantardise de s'affirmer plus proche et plus complice que Rose pouvait l'être envers Eden ? Et lorsqu'elle observait son jumeau, qui d'un air pensif et la tempe posée contre la fenêtre froide, contemplait sans vraiment le voir le paysage... Pensait-il à Roxanne ? A ses sourires, à ses yeux, à son parfum peut-être... Et sur ces pensées qui semblaient la faire souffrir, Rose baissait les yeux et retournait dans l'ombre des escaliers pour rejoindre son dortoir.

C'était là bien trop de questions posées pour penser qu'il s'agissait d'une erreur. Elle l'aimait et avait interprété sa jalousie comme la crainte de le perdre. Entre autre. Mais chaque fois qu'une de ses camarades l'interrogeait sur son frère d'un air intéressé, sans trop savoir pourquoi Rose finissait toujours par trouver, inconsciemment ou non, une excuse pour que la prétendante en question n'abandonne l'idée de s'approcher d'Eden. Il était soit secrètement amoureux d'une autre, soit éprouvait le besoin de rester seul quelque temps... Etrangement ses excuses fusaient toujours avant qu'elle n'y réfléchisse vraiment, parfois même Rose fuyait la conversation en déviant du sujet. Mais il était là ce soir, juste dans ses bras, à lui sourire radieusement. Il était si beau qu'elle ne put en détacher son regard bleu, trop occupée à détailler son visage. Eden était certes son jumeau, mais hormis ses yeux océans ils avaient physiquement quelque chose de différent. Le jeune Mandrake semblait plus sombre, ses cheveux plus foncés que la chevelure blonde de Rose renforçaient son air ténébreux. Il avait hérité bien plus des traits des Mandrake, tandis que la jeune fille, elle, portait physiquement les ressemblances d'avec les Mc Illian. Rose continuait de détailler son visage, et bientôt elle posa dans une douce caresse son index sur les cernes de son frère. La nuit consacrée à leurs retrouvailles, ils n'avaient guère beaucoup de temps pour dormir. Cinq heures de sommeil au maximum dans la semaine, et le week-end les camarades de Rose s'étonnaient de la voir somnoler aussi longtemps, elle qui d'habitude aimait profiter de sa matinée. Ses rêves n'étaient alors habités que de son frère, elle se blottissait dans ses bras et dormait contre lui, mais au matin c'était seule que Rose s'éveillait, maudissant presque la lumière du jour.

Eden ¤ Je ne serai pas jaloux...

Rose - Alors tu m'apprendras.

Bien sûr qu'il mentait. Mais son mensonge ne portait qu'un peu plus l'amour qu'il avait pour elle en voulant l'épargner. On ne pouvait blâmer quelqu'un pour son passé, néanmoins on ne pouvait rester insensible et indifférent lorsqu'on voyait la personne aimée au bras d'un autre. En un sens, Rose se refusait à laisser son frère lui enseigner cette matière. Elle pensait déjà à toutes les choses qu'il pouvait voir, tous ces souvenirs qui pouvaient le faire souffrir. Mais les jumeaux Mandrake avaient toujours su, dès lors qu'ils avaient entamé cette relation interdite, qu'ils souffriraient d'une façon ou d'une autre. Rose s'en fichait, sans lui elle ne pouvait plus vivre. Il avait toujours été son tout et son âme soeur, aujourd'hui il était l'homme de sa vie et celui avec qui elle voulait vivre... Si toutefois c'était possible. La jeune fille lui offrit un sourire amoureux, tandis que distraitement ses doigts fins passèrent dans les cheveux de son frère. La jeune Gryffondor ferma un instant les yeux, se laissant porter par le crépitement du feu de la cheminée. Elle était si bien dans ses bras, sentant sa chaleur tout contre elle, que Rose se serait volontiers assoupie auprès d'Eden. Mais c'était encore quelque chose d'infaisable. La jeune fille posa alors son regard sur son jumeau, sa main descendant alors le long de sa joue dans une caresse frôleuse et légère. Elle ne voulait plus que lui éternellement blotti dans ses bras. Néanmoins une idée lui avait traversé l'esprit. Une suggestion réfléchie qui néanmoins meurtrissait son coeur. Pourquoi une telle question... Et s'il lui répondait qu'effectivement c'était mieux ainsi... La Gryffondor ne pourrait supporter le voir avec une autre, même si c'était un jeu d'acteur.

Eden ¤ Jamais! Jamais de la vie je ne ferai ça! Je... Je ne pourrai pas, je t'aime trop pour faire ça Rose.

Elle lui sourit alors, presque soulagée. Mais la légère panique d'Eden était telle que Rose se redressa légèrement, son dos cambré doucement contre l'accoudoir du canapé, elle posa son front contre celui de son frère. Celui-ci lui enserra la main avec force, c'était le signe qu'il ne la laisserait jamais. La jeune fille déposa un baiser sage au coin de ses lèvres pour l'apaiser, avant de reprendre dans un doux murmure.

Rose - Alors on ne le fera pas... Et j'avoue que... je n'aurai pas supporté que tu poses tes yeux sur une autre. Ma jalousie n'est peut-être pas aussi expressive que la tienne mais elle est là,

dit-elle dans un bref sourire gêné.

Sa main vint se détacher de la sienne avec souplesse et douceur, pour se glisser sagement sur sa nuque, tandis que dans un élan d'amour soudain ses lèvres vinrent déposer sur les siennes de multiples petits morceaux de baisers. Peut-être que pour certains, c'était là un inceste ignoble, pour Rose c'était simplement l'expression d'un amour trop pur pour qu'on ne le comprenne. Bien qu'une envie troublante la poussait à vouloir glisser sa main d'avantage sous la chemise de son frère afin de lui caresser avec amour les courbes de son dos, sa pudeur n'en fit rien et la jeune fille ravisa son geste qui ramena ses doigts fins sur les joues de son jumeau.

Rose - Peut-être qu'on a pas le droit de s'aimer, peut-être que certains seraient furieux si un jour ils apprenaient ça, peut-être même qu'un jour on essaiera de nous séparer. Mais je ne veux pas m'éloigner de toi... jamais... même s'il faut attendre la nuit pour te rejoindre et même si toutes ces filles qui te font les yeux doux me rendent jalouse,

dit-elle dans un léger rire amusé,

je veux rester avec toi. On aura nos ASPICs et on vivra ensemble, pas vrai ?

Même si la réponse semblait évidente, rien n'en était moins sûr. Peut-être qu'à force de soupçons trop lourds les jumeaux se devraient par la suite de vivre séparément... Non, c'était impossible, Rose ne survivrait pas. A la rentrée la jeune fille vivrait avec son frère, c'était indéniable et elle ne cessait d'y croire et d'y penser. Mais tant qu'ils étaient à Poudlard, ils se devaient d'être des plus discrets et de limiter leurs retrouvailles amoureuses. Les jeunes Mandrake devaient véritablement être inconscients pour jouer ce jeu dangereux alors que dans ce même château se trouvait leur père. Si seulement ils avaient la possibilité de s'éloigner de cette école, seulement quelques jours...

Rose - Les prochaines vacances,

dit-elle soudain avec gaieté.

C'est ça... les prochaines vacances sont en Avril, non ? On part une semaine, rien que tous les deux.

La jeune fille semblait ravie de son idée soudaine. Restait à savoir si leur père n'allait pas prendre mal le fait que ses enfants aient envie de prendre le large quelques jours... sans lui.

La panique que venait d'éprouver Eden ne pouvait que montrer à quel point il aimait Rose. Jamais il n'aurait réagi ainsi s'il n'avait pas ressenti de forts sentiments pour la jeune fille. Il lui était impossible ne serait-ce que de concevoir d'être avec une autre fille pour cacher leur relation. Jamais il n'aurait pu murmurer des mots doux à une autre, tout en sachant pertinemment que celle qu'il aimait n'était pas elle, et que sa seule envie était de rejoindre sa jumelle. Et d'ailleurs, qu'aurait éprouvé cette dernière en voyant cela? Ne ressentirait-elle pas la jalousie qui avait rongé Eden durant plusieurs jours après qu'il ait vu Stewart embrasser sa soeur? Ne serait-elle pas dans le même état qu'il avait connu, à se demander si les sentiments qu'il éprouvait pour cette fille n'étaient pas bien plus fort que l'amour qui les unissait? Il refusait de faire souffrir sa Rose, et ne voulait pas qu'elle-même le fasse, qu'elle aille vers un autre afin de cacher ses sentiments pour son jumeau. Doucement, Rose se redressa afin de poser son front contre celui d'Eden, puis elle déposa un baiser près de ses lèvres, comme pour le rassurer. L'esprit du jeune homme s'apaisa alors, comme soulagé. Il n'aurait pas à le faire, il n'en avait aucune envie de toute manière, il aimait Rose, et jamais il n'aurait pu aller vers une autre, même pour dissimuler leur relation interdite.

Rose ¤ Alors on ne le fera pas... Et j'avoue que... je n'aurai pas supporté que tu poses tes yeux sur une autre. Ma jalousie n'est peut-être pas aussi expressive que la tienne mais elle est là.

Un faible sourire fit son apparition sur le visage d'Eden, qui exprimait le léger soulagement ressenti par le jeune homme. Il ne doutait pas de l'amour de sa jumelle mais il craignait que ce ne soit à ses yeux qu'une illusion, et qu'elle finisse par se rendre compte qu'elle faisait une bêtise. Le Gryffondor redoutait de voir Rose s'éloigner en lui disant que finalement, ils n'était que des jumeaux, et que ce sentiment ne pouvait pas exister entre eux. Mais ces paroles prononcées avec douceur lui montraient qu'il se trompait, qu'il se faisait des idées en voyant la jeune fille s'éloigner de lui afin d'aller fréquenter d'autres garçons. Elle venait de lui avouer qu'elle ressentait de la jalousie, alors que lui-même ne s'en était jamais rendu compte. Rose n'avait pas réellement de raisons d'être jalouse, mis à part envers Roxanne qui revenait vers lui et qui essayait de le récupérer, mais le jeune Mandrake n'avait aucune intention de retourner vers la Serpentarde. L'amour qu'il éprouvait pour sa soeur était bien trop fort pour qu'il ne puisse ne serait-ce qu'une seconde penser à une autre femme qu'à elle. La main de la Gryffondor vint caresser la nuque de son jumeau qui eut un léger frisson, puis elle revint sur sa joue tandis que la jeune fille déposait une multitude de baisers sur les lèvres d'Eden. Ce dernier ne pouvait qu'être heureux, et son sourire montrait à quel point la présence de Rose à ses côtés le réchauffait.

Rose ¤ Peut-être qu'on a pas le droit de s'aimer, peut-être que certains seraient furieux si un jour ils apprenaient ça, peut-être même qu'un jour on essaiera de nous séparer. Mais je ne veux pas m'éloigner de toi... jamais... même s'il faut attendre la nuit pour te rejoindre et même si toutes ces filles qui te font les yeux doux me rendent jalouse, je veux rester avec toi. On aura nos ASPICs et on vivra ensemble, pas vrai ?

Eden ¤ Les filles qui me font les yeux doux ne sont pas aussi nombreuses que les garçons qui te font des avances. Le ton du jeune homme était légèrement moqueur et tout en parlant, il leva les yeux au ciel afin de taquiner sa jeune soeur, puis il reprit. Oui, on vivra ensemble Rose, on prendra un appartement près d'Eleusis, rien que pour nous deux.

Depuis bien longtemps l'idée trottait dans l'esprit du Gryffondor qui y avait réfléchi maintes et maintes fois. L'argent hérité avec la disparition d'Angus faisait qu'ils avaient largement les moyens de s'offrir un joli appartement à proximité de l'université. Puis, prétexter qu'ils voulaient continuer à vivre ensemble pour ne pas s'éloigner trop l'un de l'autre était un excellent argument qu'Eden et sa jumelle pouvait opposer à n'importe quoi. Après tout ce qu'ils avaient vécu, qui aurait pu imaginer que les deux jeunes Mandrake puissent s'éloigner aussi précipitamment? Grandir ensemble et survivre à autant d'épreuve les avaient amenés à être très proches, bien trop proches d'ailleurs, mais aux yeux des autres, cela restait un amour fraternel très fort et qui demandait à être entretenu même après les études à Poudlard. De plus, Rose et son frère comptaient suivre le même cursus, ce qui les amèneraient irrémédiablement à être souvent ensemble. Cela ne gênait en rien le jeune homme, au contraire, mais ils devaient s'attendre à ce que les soupçons s'élèvent, et ce serait à ce moment-là que la légilimencie et le don non reconnu d'Eden pour mentir seraient extrêmement utiles.

Rose ¤ Les prochaines vacances. C'est ça... les prochaines vacances sont en Avril, non ? On part une semaine, rien que tous les deux.

Eden ¤ Excellente idée! Où veux-tu aller mon amour?

Le jeune Mandrake n'avait pas pensé à quitter le château pour les vacances. Il fallait avouer qu'à part les vacances d'été, les jumeaux restaient toujours à Poudlard pour ne pas avoir à retrouver leur grand-père au manoir McIllian. Le vieux considérait ses petits-enfants comme des chaînes qui l'empêchaient de vivre librement lorsqu'ils étaient là, et Eden lui rendait très bien cette impression en se rendant insupportable au possible. Après tout, il fallait bien que cette ironie et cet humour noir qui l'habitaient soient utiles pour de grandes occasions, non? A présent que le vieux avait disparu, le Gryffondor se sentait bien mieux, et il savait qu'au fond d'elle, Rose avait été soulagée d'apprendre la mort éventuelle d'Angus. Cette pourriture n'avait fait que les rabaisser et les humilier autant que possible, il payait à présent pour ses crimes. Mais maintenant qu'il n'était plus là, les jumeaux pouvaient retourner à volonté au manoir sans avoir à supporter sa présence, et l'idée de Rose de partir à deux lui paraissait plus qu'intéressante. Il ne restait à la jeune fille qu'à choisir une destination. Peu importait à Eden l'endroit où ils seraient, tant qu'ils étaient tout les deux, c'était le principal. Le jeune homme fit passer sa main sur la joue de sa jumelle puis la fit glisser sur son corps en lui offrant un sourire amoureux. Comment aurait-il pu ne pas tomber amoureux de cette magnifique blonde?

Il était rare dans le fond, de voir Eden sourire ainsi. L'on sentait souvent sur son visage fermé comme un avertissement tenant les autres à distance, c'était peut-être pour cela que certains l'évitaient... entre autre. Son jumeau était connu pour son ardeur et le fait qu'il soit imprévisible n'arrangeait guère les choses. Preuve en était du fameux petit incendie provoqué par ses soins dans un des dortoirs des garçons. Les jumeaux au final, du moins surtout Eden, pouvaient s'estimer heureux d'avoir un père assez compréhensif pour fermer les yeux sur cette histoire. Après tout, il fallait bien que jeunesse se fasse, disait-on souvent. Eden avait ainsi beaucoup d'ennemis, à cause de sa franchise, ses répliques acerbes mais aussi à cause de cette jalousie qu'il avait envers sa soeur. Cette dernière néanmoins se sentait plus que privilégiée, il lui semblait qu'il n'y avait qu'à elle, qu'Eden lui offrait des regards et des sourires aussi doux. Elle... et Roxanne. Une question traversa l'esprit de la Gryffondor et enserra son coeur, est-ce que son jumeau l'aimait encore ? Mais ces histoires de coeur au final, finissaient toujours par blesser bien trop de monde qui se posaient souvent les mauvaises questions. Rose savait pertinemment que ces questionnements ne feraient que l'attrister et lui mettre de fausses idées dans la tête. En pensant alors à ces sentiments meurtris, elle ne put s'empêcher de songer à Jason, à qui la jeune fille avait fait bien trop de mal. La honte la rongeait intérieurement, elle lui avait laissé un ultimatum pour finalement en aimer un autre, son propre frère. Avec qui elle n'aurait jamais ni famille ni avenir stable. Certes cette première pensée la chagrinait fortement, cependant Rose était prête à tous les sacrifices pour ce frère qu'elle aimait tant. Ou qu'elle aimait trop. Il n'y avait que lui dans ses pensées, toujours, à tel point que la journée la jeune fille devait s'empêcher de lui jeter trop de regards amoureux ou de soupirs qui en disaient long. Quoiqu'on en dise, il était beau de se cacher pour être heureux, mais c'était aussi sublime que cruel. Mais quoi de plus magnifique, qu'un amour comme le leur,ils étaient prêts à tout l'un pour l'autre, malgré les interdits.

Rose ne pensait plus à ce lien fraternel, du moins elle ne le voyait pas comme une erreur. Eden était son frère, l'avait toujours été, il avait ce même sang dans ses veines, et ce même regard océan. Néanmoins ce fort sentiment qu'elle avait pour lui outrepassait complètement ce fait établi qui n'était plus qu'un détail à ses yeux. Il était également son amant, et alors... Leur amour platonique n'avait tué personne, bien qu'il en avait blessé d'autres. Tant qu'ils étaient heureux, c'était le principal. Certes Rose avait une vision un peu trop naïve des choses, elle ne s'était jamais laissée portée autrement que par ses sentiments, oubliant la Raison trop souvent. D'ailleurs si elle l'avait écoutée, la Gryffondor ne serait pas dans les bras de son frère ce soir. Vivre un amour interdit dans ses bras, c'était le plus beau crime jamais connu, c'était l'aventure la plus sublimée qu'elle n'ait jamais vécue, c'était l'histoire la plus magnifique qu'elle n'ait jamais vue... en espérant qu'elle ne s'achève pas par un drame. C'était une évidence pour tous, les plus belles épopées, celles qui contaient des sentiments interdits, finissaient toujours mal pour sublimer les héros. On ne connaissait que trop Roméo et Juliette. Mais Rose ne voulait pas d'une histoire légendaire, elle voulait la sienne, banale et cachée qu'elle vivrait avec Eden. Sous son regard amoureux, ce dernier leva les yeux au ciel afin de la taquiner.

Eden ¤ Les filles qui me font les yeux doux ne sont pas aussi nombreuses que les garçons qui te font des avances. Oui, on vivra ensemble Rose, on prendra un appartement près d'Eleusis, rien que pour nous deux.

Rose - Et comment tu peux en être aussi certain, Monsieur le Grand Malin ? Tu crois vraiment que je te dis tout en ce qui concerne tes prétendantes ?

A son tour Rose se fit souriante et taquine, éveillant peut-être un peu plus la curiosité de son jumeau. De temps à autres, la Gryffondor avouait à son frère la conversation qu'elle avait eu avec une de ses camarades à propos de ce dernier, mais seulement parce que la prétendante en question insistait et faisait pression sur la jeune Mandrake pour qu'elle en touche deux mots à Eden. Encore heureux, Rose entendait bien souvent son jumeau répondre par un "non" complètement indifférent, signe qu'il se fichait de l'intéressée. Néanmoins il n'était pas rare que Rose oublie "négligemment" de lui parler de la dernière conversation qui portait sur lui, et de ces jeunes filles qui ne semblaient avoir que le nom d'Eden aux lèvres. Il semblait avoir bien plus de succès qu'il ne semblait le croire. Son sourire se fit plus caressant et son regard plus amoureux lorsque son jumeau lui évoqua l'idée d'un appartement. Visiblement il y avait déjà réfléchi, ce qui toucha la jeune fille et la rassura énormément. Jusqu'à maintenant, Rose avait toujours été persuadée qu'elle vivrait seule quelque part à Londres une fois ses ASPICs passées, Eden la laissant seule afin de construire sa propre vie sans elle. Chose légitime lorsqu'on y pensait, la jeune Mandrake ne s'y serait pas opposée. Elle préférait de loin le bonheur d'Eden au sien.

Rose - Tu y as pensé... Alors c'est sûr, on vivra ensemble...

Cette phrase résonnait différement, placée dans un contexte qui n'était plus fraternel. Ce n'était plus la jeune soeur demandant à son frère de s'installer avec elle pour ne pas le lâcher, c'était l'amante qui voyait dans les yeux de celui qu'elle aimait la perspective de vivre sa vie avec lui et de rester auprès de ce dernier. La jeune fille lui caressa alors la joue de nouveau pensive, Septembre arriverait bien lentement, à moins qu'ils ne se décident à emménager dans l'été. Cependant Rose se voyait mal passer les grandes vacances loin de son père, il était aussi revenu pour eux, et la Gryffondor refusait de le mettre à part dans sa vie.

Rose - Les prochaines vacances. C'est ça... les prochaines vacances sont en Avril, non ? On part une semaine, rien que tous les deux.

Eden ¤ Excellente idée! Où veux-tu aller mon amour?

Rose - L'Australie,

dit-elle sans une hésitation.

On m'a dit que c'était magnifique, et au moins je n'aurais pas de difficultés à me faire comprendre.

Elle eut un sourire gêné. Rose évoquait explicitement son "séjour" en France où elle avait eu beaucoup de difficultés à communiquer, mais il fallait avouer que si les Anglais refusaient bien souvent à apprendre une langue estimant que la leur suffisait largement, les Français quant à eux ne pouvaient se vanter d'être bilingue, tant leur anglais laissait à désirer parfois.

Rose - Je me chargerai de tout ça, ne t'en fais pas. J'espère juste que papa ne le prendra pas mal... de voir que nous ne partons que tous les deux.

En un sens, Rose culpabilisait quant à son père. Ils avaient renoué des liens forts, mais peut-être pas assez pour que la jeune fille ne pense qu'à son jumeau. Quoiqu'il en soit, elle savait qu'il avait vécu de difficiles épreuves, et elle ne voulait pas que leur père se sente à l'écart ou ne voit ses enfants s'éloigner. Ils étaient une famille de nouveau, et dans le fond Rose ne le remercierait jamais assez d'être revenu. L'on pouvait voir à présent tous ces remords briller dans ses yeux bleus, elle espérait seulement ne pas faire de mal à leur père en agissant ainsi. Le sourire amoureux d'Eden l'apaisa soudain, effaçant ses craintes et faisant s'envoler ses peurs. Ces angoisses soudaines avaient disparues, comme si elles n'avaient jamais existé, et aussitôt la jeune Rose lui rendit son doux sourire. Sa main posée avec innocence contre elle la réchauffait et la faisait frissonner d'un trop plein d'amour qu'elle ne pouvait contrôler. Dans un faible bruissement et sans un mot, la jeune fille se redressa légèrement pour embrasser son frère. Mais étrangement ce baiser semblait plus...suave et plus lascif. Comme un appel à un désir que ses lèvres communiquaient au jeune homme sans qu'elle ne puisse le contrôler. Son coeur semblait s'emballer et sa respiration allait en s'accélérant doucement... mais ralentit soudain lorsqu'enfin Rose ouvrit les yeux presque honteuse, ses mains posées sur les joues de son frère. Son amour et cette flamme qui l'habitait l'avait emportée sans qu'elle n'y réfléchisse. Mais lorsque la jeune fille s'aperçut de l'éloquence de son baiser, Rose se redressa sans un mot, obligeant doucement Eden à se relever également, et s'assit sur le rebord du canapé, la tête basse et une main posée sur son front.

Rose - Excuse-moi... La fatigue sans doute, je ne sais pas...

Sa voix était faible et hésitante, et cette honte étrangère qui l'habitait faisait qu'elle n'osait pas regarder Eden dans les yeux. Rose avait toujours été pudique, c'était cela sans doute qui faisait qu'elle s'était étonnée de ce désir soudain et incontrôlé, et qui à ses yeux n'était qu'un embarras et une indignité de plus. Peut-être qu'il l'avait mal pris, ou peut-être qu'il avait pris peur. Les jumeaux n'étaient jamais allés plus loin que cet amour pur et platonique et n'en avaient jamais évoqué l'idée. Outre cela, Rose appréhendait sans doute aussi la perte de son innocence. Quoiqu'il en soit, ce baiser donné avec tant d'ardeur était son tout premier. Les yeux bleus de la jeune blonde toisèrent l'horloge murale qui affichait déjà trois heures du matin, et lorsqu'elle reposa son regard à terre, penaude, la jeune fille reprit avec la même voix hésitante :

Rose - Je devrais peut-être monter avant que...

Elle marqua un bref silence seulement rompu par le crépitement du feu avant de reprendre.

Non je ne veux pas y aller maintenant...

Tiraillée entre la Raison qui lui sommait de prendre du repos avant la reprise des cours dans quelques heures, et cet amour pour Eden qui faisait qu'elle ne voulait plus que dormir dans ses bras, Rose porta un regard attristé sur son jumeau. Et toutes les nuits se jouaient les mêmes adieux cruels.

L'horloge de la salle commune de Gryffondor affichait bientôt trois heures, mais l'idée de se quitter afin de se reposer pour être en forme le lendemain n'avait pas effleuré une seule seconde l'esprit des jumeaux. Ils venaient d'abandonner le plan qui consitait à se mettre en couple chacun de leur côté afin d'éviter les soupçons, et un poids avait ainsi quitté l'esprit d'Eden. Il n'aurait pas pu supporter de voir Rose au bras d'un autre. Certes, la simple idée de se mettre le jeune Mandrake à dos suffisait généralement à éloigner le plupart des prétendants de la jolie blonde, mais certains persistaient malgré tout et il était à craindre que des élèves comme Stewart aient à l'esprit l'idée de sortir avec Rose, voire même de l'embrasser dès lors qu'Eden ne regardait pas. Cette simple vision des choses suffisait à mettre le jeune homme hors de lui, comment aurait-il pu vivre tout en sachant qu'un autre pensait que la Gryffondor était sienne? L'amour du jeune Mandrake était tel que sa colère n'aurait pu qu'atteindre des sommets. Il préférait taquiner sa soeur sur le fait que bien plus de garçons s'intéressaient à elles que de filles à lui. Mais le sourire espiègle de la jeune fille semblait cacher quelque chose.

Rose ¤ Et comment tu peux en être aussi certain, Monsieur le Grand Malin ? Tu crois vraiment que je te dis tout en ce qui concerne tes prétendantes ?

Cette remarque fit sourire Eden. Cela ne l'étonnait qu'à moitié après tout. Plus d'une fois Rose était venue le voir pour lui parler d'une de ses amies ou connaissances qui avait des vues sur lui et qui souhaitait connaître un peu mieux le jeune Mandrake, ce à quoi ce dernier avait souvent répondu qu'il n'était pas vraiment intéressé. Ce genre de paroles était la version polie de ce qu'il pensait, autrement dit qu'il n'en avait rien à faire. Les filles n'étaient pas son centre d'intérêt, bien que parfois lui soit leur centre d'intérêt. Cela ne l'avait jamais réellement effleuré, car le Gryffondor n'était pas vraiment porté sur le fait d'avoir de multiples conquêtes qu'il pouvait jeter quelques jours après avoir obtenu ce qu'il voulait d'elles. Le jeune homme s'était toujours réservé aux relations sérieuses, et la première avait été Roxanne. Cette dernière lui avait brisé le coeur, faisant de lui un être froid et détestable, hormis avec sa soeur. La seule exception qu'elle représentait, et qu'elle resterait sans aucun doute pour toujours aux yeux d'Eden. Peu lui importait que d'autres s'intéressent à lui, de toute manière, peu de personnes réussissaient à briser cette coquille froide qu'il s'était créée et ceux qui s'arrêtaient à cette coquille ne pouvait avoir qu'une envie, s'éloigner du jeune Mandrake.

Rose ¤ Tu y as pensé... Alors c'est sûr, on vivra ensemble...

C'était plus qu'une évidence aux yeux d'Eden. Dès qu'ils s'étaient mis officieusement en couple, le jeune homme avait commencé à mettre au point plusieurs projets qu'il préparait pour leur avenir commun. L'appartement n'était que le commencement. Il savait que Rose voulait devenir auror, et lui-même s'était mis en tête de suivre le même parcours, afin de pouvoir la protéger si jamais un danger venait à plâner au-dessus d'elle. Les études pour entrer au département de la justice magique durerait trois ans, et un petit appartement acheté près de l'université leur suffirait largement. Bien entendu, ils auraient besoin de deux chambres, bien séparées pour que les visiteurs n'aient pas le moindre doute sur leurs relations, mais une seule des deux pièces leur suffirait une fois la nuit venue. Puis, ne vivre que tous les deux serait un grand pas pour leur amour, ils pourraient sans aucune crainte faire des gestes l'un envers l'autre que Poudlard leur interdisait. Ensuite, dès qu'ils seraient admis au ministère, il faudrait trouver un moyen de vivre ensemble sans que personne ne puisse douter de ce qu'ils éprouvaient réellement l'un pour l'autre. Ils ne pourraient sans doute pas vivre dans une maison mais un appartement prenant sur deux étages serait une bonne idée. Il en existait plusieurs dans Londres. Ils pourraient ainsi prétendre vivre leurs vies séparément tout en étant ensemble sans que personne ne le sache. C'était astucieux, mais l'idée méritait d'être approfondie aux yeux du jeune homme. La conversation prit le tournant vers leur avenir proche, et l'idée qu'avait eue Rose était excellente.

Rose ¤ L'Australie. On m'a dit que c'était magnifique, et au moins je n'aurais pas de difficultés à me faire comprendre.

Eden ¤ Oui, c'est une excellente idée, je m'essairais bien au surf tiens...

Le jeune homme n'avait pas pu s'empêcher de sortir une ânerie, mais c'était dans son caractère d'être ainsi. Eden était en réalité quelqu'un de très amical et sympathique dans ses bons jours, mais le souci résidait dans le fait qu'il ne connaissait pas de bons jours. Un bon jour aurait tout simplement été un jour durant lequel il aurait pu vivre son amour avec Rose comme n'importe quelle autre personne, mais c'était quelque chose d'impossible, et cela faisait du Gryffondor quelqu'un d'ironique ayant un humour noir très bien calculé et que les gens n'appréciaient pas réellement. Bien entendu, il lui arrivait d'être gentil avec certaines personnes, en général, ceux qui pouvaient prétendre être ses amis comme James ou Nahel, mais très peu de personnes faisait partie de ce cercle qui représentait les personnes qui avaient pris le temps de le connaître et de le comprendre. Sous la carapace résidait un être que n'importe qui aurait pu apprécier, mais personne ne prenait le temps de creuser en-dessous de la surface, son cynisme était un mur en béton armé qui repoussait bien des personnes depuis qu'il n'était plus avec Roxanne. C'était la Serpentarde qui l'avait fait devenir ainsi. La froideur de son coeur n'était due qu'à cette rupture qu'il n'avait pas supportée, à ces mots qu'il avait dû écouter. Cette fille l'avait réduit à néant, et sans Rose, il n'aurait jamais passé cette épreuve de trop. Heureusement, il avait sa jumelle, et bientôt, ils se retrouveraient tous les deux à l'autre bout du monde, sur une plage à ne rien faire d'autre que vivre pleinement leur amour.

Rose ¤ Je me chargerai de tout ça, ne t'en fais pas. J'espère juste que papa ne le prendra pas mal... de voir que nous ne partons que tous les deux.

Eden ¤ Je lui en parlerai, mais je pense qu'il sera compréhensif. Après tout, c'est la première fois qu'on peut partir sans avoir Angus qui nous colle, on est enfin majeurs.

Depuis son retour, John n'avait jamais pris le parti opposé des jumeaux, même quand il avait appris qu'Eden avait mis le feu aux rideaux du lit à baldaquin de Marc, il s'était contenté de rire en lui demandant à quel point ils avaient brûlés. Le père des jumeaux n'était pas du tout le genre d'homme qui se prenait la tête pour un rien avec les élèves, encore moins avec ses enfants. Mis à part l'incident qui s'était déroulé en haut de la tour d'astronomie quelques semaines auparavant, rien ne semblait mettre à l'épreuve le calme du directeur de Gryffondor. Eden n'avait pas voulu expliquer à John les raisons qui l'avaient mené à vouloir commettre un tel acte, mais ce dernier n'avait pas insité. Il s'était contenté d'expliquer clairement son point de vue à son fils et lui avait fait comprendre que le suicide n'avait jamais été et ne serait jamais la bonne solution aux problèmes que l'on affrontait. Le jeune homme avait d'ailleurs eu droit à quelques confessions de son père qui lui avait dit regretter son départ et l'abandon de ses enfants. Ce moment avait clairement mis le Gryffondor mal à l'aise. Il n'avait toujours eu que son point de vue à l'esprit, mais jamais il ne s'était demandé ce qu'avait vécu son père, et en y repensant, il se disait que si jamais il venait à perdre Rose, il serait sans aucun doute détruit.

Mais elle était là, près de lui, faisant son bonheur et sa joie, rien que par sa présence. Le jeune homme lui adressa un sourire amoureux, un sourire qu'elle était la seule à recevoir. Jamais Roxanne n'avait eu droit à un tel sourire. Non pas qu'il avait une allure différente des sourires qu'Eden faisait habituellement, mais il avait une signification différente, et, ajoutée à l'intensité du regard du Gryffondor, il ne pouvait que montrer l'amour profond qu'il ressentait pour elle, ainsi que l'envie qu'il éprouvait de rester auprès d'elle. Le jeune fille était toujours allongée sur la canapé, son jumeau au-dessus d'elle, observant chaque détail de son visage, de son corps, ressentant à chaque seconde un peu plus l'envie de l'embrasser, de la caresser, de lui donner tout l'amour qu'il pouvait lui offrir. Lentement, sa main passa sur le corps de Rose, descendant le long de ses hanches, frôlant ses fines courbes. La Gryffondor se redressa soudainement afin d'embrasser son jumeau, mais ce baiser avait une intensité différente, et dévoilait un certain désir que la jeune fille n'avait jamais explicité auparavant. Cependant, Eden lui rendit ce baiser, pourquoi leur amour devait-il s'arrêter à ces rendez-vous nocturnes? Pourquoi n'avaient-ils pas le droit d'aller plus loin? Le fait qu'ils aient le même sang dans les veines ne devait pas représenter un obstacle aux yeux du jeune homme, leur amour était bien plus fort que cela. Mais Rose s'arrêta, puis elle se redressa pour s'asseoir, obligeant son frère à faire de même.

Rose ¤ Excuse-moi... La fatigue sans doute, je ne sais pas...

Eden ¤ Non, ne t'excuses pas...

Il aurait voulu dire plus, ajouter quelques paroles afin de lui faire comprendre qu'il n'était pas contre ce genre de baiser, bien au contraire, et que lui aussi avait envie d'elle, une envie causée par cet amour interdit. Mais les mots ne vinrent pas, comme bloqués par une barrière invisible, sa gorge refusant de se dénouer pour le laisser parler librement. La jeune fille posa sa main sur son front, comme si elle ressentait une honte après avoir embrassé ainsi son jumeau. Mais elle ne devait pas avoir un tel sentiment en elle, Eden en était convaincu. Lentement, il posa sa main droite dans le dos de Rose pour la caresser lentement, lui faisant ainsi comprendre qu'il ne lui en voulait pas. Pourquoi lui en aurait-il voulu d'ailleurs? Il l'aimait, c'était une évidence que depuis quelques mois il ne voilait plus à ses yeux. Le coeur avait pris le dessus sur la raison, et plus rien ne pouvait empêcher cela dorénavant. Mais passer d'une relation platonique qui se contentait de leurs rendez-vous nocturnes à une relation plus poussée, cela représentait un grand pas, auquel le jeune homme n'avait pas encore songé. Il n'avait pas encore imaginé aller plus loin, se disant sans doute que sa jumelle voudrait le quitter et reprendre une vie normale, mais ce baiser représentait beaucoup, et signifiait également énormément de choses, la première étant qu'elle souhaitait qu'ils franchissent le pas. Etait-il prêt à cela?

Rose ¤ Je devrais peut-être monter avant que... Non je ne veux pas y aller maintenant...

Eden ¤ Si, tu devrais monter. Il est tard, et tu es fatiguée, je ne veux pas être un poids pour toi ma Rose, tu fais tant de sacrifices par ma faute.

Il avait débité ces paroles sans réellement réfléchir, mais avec la fatigue qui pesait sur ses épaules, réfléchir devenait une corvée plus qu'autre chose. Il ne pouvait plus mettre en ordre ses pensées correctement. Il avait besoin de sommeil, tout comme Rose. Cela faisait maintenant trop longtemps qu'ils se retrouvaient la nuit afin d'échanger de longs baisers que la journée leur interdisait, mais peut-être devaient-ils freiner ces retrouvailles nocturnes, pour reprendre une vie normale, et ne pas avoir à vivre la souffrance de la séparation qui les amenaient parfois à restait une heure au pieds des escaliers menant aux dortoirs, à ne pas vouloir quitter l'autre. Mais un coup d'oeil rapide permit à Eden de constater qu'il était déjà trois heures du matin, et le cours de potions de huits heures ne serait pas facile à assumer s'ils devaient n'avoir que trois heures de sommeil à leur actif. Malgré le regard empli de tristesse que lui adressait Rose, le jeune homme lui fit comprendre qu'il était temps qu'elle aille se coucher. Il n'avait pas la moindre envie de la voir partir, d'éprouver la déchirance qu'était ce dernier regard qu'il lui adressait tandis qu'elle montait à son dortoir, mais la vie était cruelle, et ils devaient se plier à ses règles. Puis, le Gryffondor craignait que ce baiser soit dû à la fatigue, et il préférait que Rose se repose afin d'avoir les idées claires, plutôt qu'elle ne lui fasse des avances alors qu'elle ne contrôlait plus ses gestes. Eden prit sa jumelle dans ses bras pour la réconforter, une dernière tendresse qu'il se permettait, avant de la voir quitter la pièce, avant qu'elle ne s'en aille pour le laisser seul avec ses larmes, son regret d'être né jumeau de la jolie blonde, et sa haîne qu'il éprouvait envers la cruauté de la vie qui avait faites les choses ainsi.

Qu'il était bon d'être au côté de son Eden. Le sien. Certes le jeune homme avait toujours été excessivement proche de sa soeur, ce qui en somme pouvait revenir au même point. Eden avait toujours été à elle, sans pour autant que Rose n'y appose sa marque de propriété. La jeune fille était certes jalouse mais ne laissait jamais percevoir aux yeux du monde ce sentiment trop fort qui rongeait son coeur. Elle se contentait bien souvent de baisser les yeux et de feinter l'ignorance lorsqu'au temps où son jumeau était amoureux de Roxanne, elle les croisait dans les couloirs. Rose n'éprouvait pas encore les mêmes émois qu'aujourd'hui, mais en elle persistait la crainte qu'Eden ne la délaisse pour vivre sa vie. Et c'est ainsi qu'elle se laissait consumer par la jalousie. A présent néanmoins, Rose n'avait plus de raisons de ressentir quelque rivalités inconscientes, elle avait laissé son coeur entre les mains de son frère, et celui-ci en avait fait tout autant. Ils resteraient ensemble, quoiqu'il arrive, mais jamais la jeune Mandrake ne pourrait abandonner son jumeau ni même se convaincre qu'ils allaient trop loin. Ils s'aimaient, leur histoire s'arrêtait là sans jamais qu'elle ne porte en elle quelque opprobre ou honte. Chacune de ses paroles la rassurait, sa voix était pour elle comme une mélodie à l'intonation harmonieuse qui balayait tous ses soucis et allégeait son coeur. A ses côtés, Rose se sentait autre, et son regard aimant et doux la faisait se sentir plus rayonnante. Pour chacun de ses sourires, de ses regards ou chacun de ses souffles, la jeune fille aurait donné n'importe quoi, son coeur, son âme, son temps et sa vie. Simplement pour s'assurer qu'elle demeurerait aux côtés de l'être qu'elle aimait. Même Angus n'aurait rien pu faire face à cet amour aussi fort, ni lui, ni la main de la faucheuse qui frappait toujours au hasard. Rose le savait, plus qu'une évidence c'était une vérité.

A moins que peut-être... ce lien du sang trop présent ne leur rappelle cet interdit. C'était ce qui se jouait en ce moment même. Son coeur s'était accéléré farouchement, accompagnant sa respiration un peu plus précipitée. Son estomac quant à lui se nouait de sensations nouvelles et de désirs ardents qu'elle ne se connaissait pas, c'était un sentiment indescriptible mais tellement agréable. Son baiser explicite et plein d'envie lui arracha quelques soupirs discrets emplis de non-dits pourtant évidents et de tentations trop grandes. Les courbes de son dos furent alors parcourus de légers frissons lorsqu'à son tour, son jumeau rendit à ses lèvres la flamme d'un désir qu'elle lui avait déversé sans vraiment que son geste ne soit réfléchi. Mais il restait son frère... Son frère qu'elle aimait bien plus que sa vie et qu'elle chérissait plus que tous ses précieux souvenirs. L'amour que Rose portait pour lui n'infligeait pas de limites, mais cette crainte de voir son jumeau prendre peur tout à coup d'un tel pas à franchir la fit se stopper. Elle se sentait honteuse alors, non pas d'avoir exprimé explicitement ses envies, mais de s'être ainsi emportée dans ses bras. Rose ne voulait pas qu'il la voit comme une fille facile et impudique, alors même que la jeune blonde était tout le contraire. La Gryffondor craignait sans doute entre autre qu'en plus de prendre peur, Eden ne se fasse de mauvaises opinions sur sa soeur. En outre, Rose n'avait jamais agit de la sorte, et c'était peut-être aussi la gêne féroce d'avoir esquissé le premier pas. Mais pourtant... pourtant... il le lui avait bien rendu, ce baiser. C'était peut-être là aussi un prétexte de plus pour stopper son baiser suave et fiévreux... Elle aurait fini par s'abandonner dans ses bras, chose qu'elle désirait ardemment, mais pas de cette manière. Eden non plus, sans doute.

Rose se redressa alors, honteuse de tant de choses impossibles à expliquer. Il lui semblait avoir tremblé, sans doute de cette envie encore présente de s'abandonner dans les bras de son amour, mais la jeune Mandrake n'osait plus porter ses yeux sur son frère. Elle n'avait pu que s'excuser, se faire pardonner pour beaucoup de choses sans trop savoir pourquoi. Comme si cette envie était un péché de plus, non pas aux yeux de Rose, mais pour son frère dont elle ignorait ce qu'il pouvait penser de ce baiser. La main de ce dernier alla caresser avec douceur son dos tout en lui murmurant de ne pas s'excuser, mais rien ne saurait expliquer le geste que Rose venait de faire si Eden venait à mal le prendre. Mais en un sens, son frère n'avait pas tord. Pourquoi s'excuser puisqu'après tout ils s'aimaient... N'était-ce pas normal d'éprouver de tels désirs ? Elle n'en savait trop rien, après tout leur amour n'était pas des plus banals, alors où placer les limites... Bien sûr qu'elle l'aimait, et c'était fortement réciproque, alors au final pourquoi cette crainte infondée de le voir furieux face à de telles avances... C'était absurde... Mais Rose avait bien trop peur de le perdre pour un faux pas, et ce baiser en était peut-être un aux yeux de son jumeau. Elle l'ignorait, ce dernier n'avait pas dit un mot quant à ce geste, bien qu'il n'était pas resté de marbre.

Rose - Je devrais peut-être monter avant que... Non je ne veux pas y aller maintenant...

Eden ¤ Si, tu devrais monter. Il est tard, et tu es fatiguée, je ne veux pas être un poids pour toi ma Rose, tu fais tant de sacrifices par ma faute.

Le jeune homme l'avait prise dans ses bras, lui permettant de gouter un peu plus à sa chaleur et de respirer d'avantage les effluves de son parfum. Si seulement il lui était permis de passer ne serait-ce qu'une seule nuit dans ses bras... Une utopie irréalisable tant qu'ils restaient dans ces murs. Mais pourquoi Eden lui affirmait tant de choses qui sonnaient comme des horreurs à ses oreilles ? Est-ce qu'il cherchait à lui trouver des excuses, ou du moins à confirmer celle que Rose lui avait donnée ? "La fatigue sans doute, je ne sais pas" Ce baiser n'incombait en rien au manque de sommeil, ses gestes étaient certes irréfléchis mais Rose savait encore ce qu'elle faisait et pourquoi elle le faisait. Parce que des envies et des désirs inavoués pour son frère s'étaient éveillés, tout simplement. Seulement de peur qu'Eden n'approuve pas ce comportement, malgré ce baiser fiévreux rendu, Rose avait déblatéré la première excuse trouvée pour la couvrir... La fatigue. Et Eden avait du la prendre au mot, pensant que cette envie n'avait été bercée que par un manque de sommeil qui l'empêchait de penser convenablement. La jeune fille secoua doucement la tête dans un signe négatif. Lentement et sans un mot, tandis que le silence s'installait peu à peu, Rose posa ses mains douces sur les joues de son frère et planta son regard amoureux dans le sien.

Rose - Ne redis jamais ça... Tu n'es ni un poids ni un fardeau, tu es ce que la vie a fait de mieux pour moi. Et les sacrifices que l'on peut faire... tu ne peux pas savoir à quel point ils ne sont rien à côté du bonheur que je vis quand je suis avec toi.

La sincérité était présente dans chacun de ses mots murmurés avec amour. Un sourire léger mais radieux se dessina sur les lèvres de la jeune fille, tandis que ses yeux bleus ne cessèrent de dévisager ce visage qu'elle trouvait si parfait et si beau. Lentement ses doigts se muèrent en caresses légères sur les joues d'Eden, Rose ne pouvait détourner son regard tant elle y déversait tout l'amour qu'elle pouvait ressentir pour lui. Certes les sacrifices n'étaient pas des plus légers à porter. C'était une vie faite de mensonges, où il fallait perpétuellement se cacher pour ne pas être découverts, une vie qui leur interdisait tout projet de fonder une famille, une vie dans l'ombre qui ne leur permettrait pas de vivre comme un couple normal. Mais le prix à payer valait largement les moments de bonheur vécus auprès de son frère. C'était à ses côtés qu'elle voulait être, dès à présent Rose ne supporterait plus de le voir avec une autre. Un jeu dangereux dans lequel ils s'impliquaient, en ce moment précis les jumeaux savaient que cet amour se devait d'être éternel pour éviter quelconque drame inutile. Une rupture, et c'était la vie de Rose qui s'amenuisait peu à peu, c'était certain. La jeune fille avait toujours été prête à tout pour le suivre, aujourd'hui ce sentiment ne pouvait que s'accentuer. Leur amour avait grandi tout au long de leur existence, tant et si bien qu'il semblait à présent indestructible.

Avec du recul, certains faits et gestes de son frère qui lui avaient parus excessifs sur le moment devenaient plus limpide. Rose comprenait à présent cet ultimatum lancé par son jumeau à propos de Jason. Sans le vouloir, il avait laissé parler sa jalousie plus que son rôle protecteur de grand frère. Et la jeune fille quant à elle, comprenait mieux pourquoi la tristesse l'habitait chaque fois qu'elle pensait à Roxanne, se persuadant que celle-ci reviendrait vers Eden. Mais il était là, à ses côtés, et Rose souhaitait véritablement lui faire comprendre qu'il était loin d'être le poids qu'il pensait être. Finalement, sa honte s'envola au profit de sentiments plus forts et d'une preuve d'amour que son frère ne demandait plus qu'à entendre. Un sourire toujours accroché à ses lèvres rosées, la jeune Mandrake alla caresser de ses doigts fins les lèvres si désirables d'Eden, son regard empli de trop de désirs qu'elle s'évertuait de cacher et de garder pour elle, en vain.

Rose - Je t'aime... et ça ne changera pas. Pour rien au monde je ne m'éloignerais de toi, mon Eden. Et ce n'est ni la fatigue ni un caprice qui me poussent à être aussi...tentée.

La jeune fille rougit légèrement, son dernier mot avait été à peine audible. Malgré tout, il était indéniable que Rose avait encore en elle cette timide pudeur.

Je t'aime, c'est tout, c'est toi que je veux dans ma vie, même si c'est interdit. Je m'en fiche...

Les mains frêles de Rose glissèrent alors dans les cheveux de son frère. Ce qui lui importait le plus, c'était d'être à ses côtés. Peu importait si elle n'en dormait plus la nuit, ou si elle devait faire une croix sur une quelconque vie de famille. C'était son choix, et la jeune Mandrake resterait sur ses positions. Parce que sans son Eden, elle dépérirait sans nul doute, parce qu'il était son tout et sa moitié à la fois, qu'après avoir goûté à la douceur de ses baisers, le mot inceste n'existait déjà plus, et que plus qu'un frère il demeurait son amant. Bien qu'il fallait le cacher aux yeux des autres, l'important c'était d'être dans ses bras. Rien d'autre n'importait.

Les paroles étaient venues d'elles-même, poussées par la fatigue, qui avait amené Eden à exprimer ce qu'il ressentait réellement. Il était un poids sur les épaules de Rose, il était la cause de ces affreuses cernes qui se creusaient sur le visage angélique de la jolie blonde, il était celui qui l'amenait à franchir l'interdit, à prendre des risques et à aller un peu plus loin dans le mensonge. La souffrance s'emparait un peu plus de lui chaque jour, il ressentait la honte d'être celui pour qui Rose sacrifiait sa vie. Non pas que cela lui déplaisait, bien au contraire, le bonheur envahissait chacun des instants qu'il pouvait passer en la compagnie de sa jumelle, mais par sa faute, chaque jour qui se levait sur la Gryffondor apportait avec lui le lot de mensonges que devait trouver la jeune fille afin de couvrir leur amour. La fatigue se faisait ressentir sur l'esprit des deux jumeaux, leur attention en cours diminuait jour après jour, et leurs notes ne tarderaient pas à s'en faire ressentir. Toutes ces raisons amenaient Eden à penser qu'il valait peut-être mieux que Rose s'éloigne de lui, qu'elle le quitte, afin de ne pas vivre dans le mensonge et dans la souffrance de ne pas pouvoir vivre comme n'importe quel autre couple de leur âge. Mais il ne trouvait pas le courage d'évoquer toutes ces pensées à sa jeune soeur, pour une raison simple, l'amour. Jamais il n'avait été aussi heureux, jamais il n'avait ressenti un tel bonheur. L'amour qu'il vivait dans les bras de Rose était tel qu'il ne voulait pas le perdre, il ne pouvait pas vivre sans après y avoir goûté. Un côté égoïste dont le jeune homme avait honte, mais qui aurait pu lui reprocher? C'était plus que normal d'éprouver cette envie de garder la Gryffondor près de lui. Mais à présent, il se demandait s'il ne devait pas lui en parler. Toutes ces questions préoccupaient le jeune Mandrake. Malgré cela, Rose semblait le désapprouver. Elle lui fit un signe négatif de la tête puis posa ses mains en douceur sur les joues du jeune homme qui la regarda dans les yeux. Elle était si magnifique qu'il aurait pu mourir pour elle à l'instant si elle l'avait souhaité.

Rose ¤ Ne redis jamais ça... Tu n'es ni un poids ni un fardeau, tu es ce que la vie a fait de mieux pour moi. Et les sacrifices que l'on peut faire... tu ne peux pas savoir à quel point ils ne sont rien à côté du bonheur que je vis quand je suis avec toi.

Le coeur d'Eden s'accéléra au fur et à mesure des propos tenus par Rose. Chaque compliment, chaque mot doux lui fit ressentir un peu plus de joie et fit accélérer son rythme cardiaque. Jamais il n'aurait cru entendre un jour ce genre de paroles prononcées pour lui. Comment aurait-il pu penser cela d'ailleurs? Comme le lui avait dit Roxanne, personne ne pouvait l'aimer. Et puis, après ce qu'il était devenu, l'être désagréable et froid, comment quelqu'un aurait-il pu lui avouer des sentiments amoureux? Cela semblait tellement irréel que le jeune homme pensa pendant un instant qu'il allait se réveiller et regretter que tout cela ne soit pas la vérité. Mais c'était la vérité. Il était ce que la vie avait fait de mieux pour sa jumelle. Comment était-ce possible? Lui-même n'en avait pas la moindre idée. Mais les faits étaient là. C'était Rose qui venait de parler, et ni la fatigue, ni rien d'autre ne l'avait poussée à prononcer ces paroles. Elle les pensait, et le coeur d'Eden fut réchauffé par une telle preuve d'amour. Bien entendu, c'était réciproque, mais pour le jeune homme, il était inutile de le préciser, car le regard qu'il adressait à présent à sa jumelle voulait tout dire. Tout l'amour qu'il éprouvait pour elle, tout ce qu'il ressentait réellement. Ils étaient complémentaires, et se comprenaient sans avoir à parler. Seule la jeune fille pouvait comprendre son frère sans effort. Elle voyait bien qui il était en réalité, elle savait que ce n'était pas un jeune homme qui faisait preuve de méchanceté gratuite contrairement à ce que beaucoup pensaient. Rose avait bien compris que l'image qu'il montrait au quotidien n'était qu'une couverture, pour se protéger, pour ne pas avoir à éprouver la douleur qu'il vivait chaque jour de ne pas être auprès de sa Rose. Son ironie n'était qu'une manière de faire passer sa souffrance par les mots tout en ne craquant pas, et ainsi préserver l'amour qui l'unissait à sa jumelle. Cette dernière fit passer en douceur ses doigts sur les lèvres du jeune Mandrake.

Rose ¤ Je t'aime... et ça ne changera pas. Pour rien au monde je ne m'éloignerais de toi, mon Eden. Et ce n'est ni la fatigue ni un caprice qui me poussent à être aussi...tentée. Je t'aime, c'est tout, c'est toi que je veux dans ma vie, même si c'est interdit. Je m'en fiche...

La jeune fille avait raison après tout. Pourquoi suivre les stupides interdits posés par d'autres qui ne pouvaient pas comprendre ce que eux vivaient? Eden n'avait jamais réellement eu l'intention de ne pas vivre son amour avec sa jumelle simplement parce que d'autres appelaient cela "inceste", mais entendre Rose dire que malgré l'interdit, elle comptait tout de même rester avec lui, cela lui faisait du bien intérieurement. Puis, savoir que la fatigue n'était en rien la cause de ce baiser qui lui montrait toute l'envie qu'elle ressentait, cela rendait le jeune homme quelque peu plus heureux. Depuis qu'ils étaient ensemble, il craignait son départ. Cette crainte avait dépassé toutes les autres. S'il avait croisé un épouvantard, celui-ci aurait prit la forme de Rose qui s'éloignait de lui. C'était sa plus grande peur, car depuis sa rupture avec Roxanne, il avait toujours pensé qu'on ne pouvait pas ressentir de sentiment amoureux à son égard, et le fait que la jeune fille soit sa soeur rendait les choses beaucoup plus compliquées. A tout moment, elle pouvait se dire que son amour n'était en réalité qu'un amour fraternel et décider de s'éloigner, voire même de repartir vers Stewart. Mais elle avait quitté le capitaine de l'équipe de quidditch de Gryffondor, lui avait dit qu'elle ne voulait pas rester avec lui, et avait choisi son frère malgré tous les prétendants qui se présentaient à elle. Ils étaient ensemble, et c'était tout ce qui comptait. Eden sentit les mains de sa soeur passer dans ses cheveux et son sourire se fit un peu plus rayonnant. Il ne savait pas vraiment quoi dire. Non pas qu'il avait honte de ses sentiments, son bonheur était tout simplement trop difficile à exprimer par les mots.

Eden ¤ Je... Merci. Je t'aime aussi ma Rose, et rien ni personne ne pourra changer ça.

Que pouvait-il ajouter d'autre? Le principal était dit. Personne ne pouvait changer ce sentiment qu'il éprouvait pour la jolie blonde. Pas même John. Si un jour leur secret venait à être découvert, les jumeaux auraient sans aucun doute à fuir, mais personne ne pourrait les empêcher de vivre leur amour. Leur père serait sûrement choqué par cette nouvelle, et il ferait tout son possible pour séparer Eden et Rose, mais il n'y arriverait jamais. Le seul moyen de briser le lien qui unissait les deux amants était de tuer l'un des deux, mais même malgré cela, tout deux savaient pertinemment qu'ils se retrouveraient après la mort, afin de passer une éternité ensemble, sans que rien ni personne ne puisse changer cela. Seule la mort pouvait les séparer, mais pas éternellement, et Eden le voyait bien. S'il venait à perdre sa seule raison de vivre, il la suivrait sans hésitation. Sans Rose, il n'était plus rien, juste le reflet de lui-même, une loque que plus rien n'intéresse. Beaucoup de personnes affirmaient qu'un lien très fort unissait les jumeaux, et que si jamais l'un d'entre eux venait à mourir, l'autre en serait profondément affecté et ne s'en remettrait jamais. Que pouvait-on alors penser de cette relation entre Eden et sa soeur? Ce n'était pas qu'un lien fraternel très fort, c'était encore plus, bien plus que n'importe qui aurait pu imaginer. Alors si l'un venait à perdre l'autre, que se passerait-il? Le jeune Mandrake savait qu'il ne verrait qu'une seule solution à son malheur, et qu'il l'utiliserait imméidatement, sans penser aux conséquences de ses actes, ni à ce que les autres pourraient penser de lui. Un ancien Gryffondor qui se révèlerait être un véritable lâche, hurleraient-ils sûrement. Un amoureux qui a perdu la seule chose qui comptait réellement pour lui, leur répondrait Eden. Le jeune homme observa avec attention Rose qui semblait dépassée par la fatigue.

Eden ¤ Tu devrais aller dormir mon amour. On se retrouvera ici demain soir, tu as besoin de repos, et moi aussi.

Inutile de cacher sa fatigue, elle se lisait de toute façon dans les cernes qui avaient fait surface quelques temps auparavant et qui empiraient jour après jour. Et le jeune homme savait que le seul moyen de convaincre sa jumelle d'aller dormir était de dire que lui-même en avait besoin. C'était une logique simple et que n'importe qui aurait pu comprendre. Ils formaient tous deux un couple amoureux, et si l'un d'eux ressentait un besoin ou un manque, l'autre ferait tout pour assouvir ce besoin ou combler ce manque. C'était l'amour qui provoquait cette envie que tout soit parfait pour l'autre, même si l'on devait en souffrir. Eden aurait voulu rester auprès de sa soeur encore des heures, mais il savait qu'elle était fatiguée, donc, par amour, il faisait tout pour l'envoyer dormir. Et vue que Rose l'aimait réellement, elle ne pouvait qu'aller dormir pour que son jumeau fasse de même. Mais le jeune Mandrake savait que les adieux seraient difficiles, comme ils l'avaient toujours étés depuis le début de leur relation. Le Gryffondor plongea ses yeux bleus dans ceux de sa soeur et y resta quelques instants sans dire un mot. Il voulait simplement les observer une dernière fois, afin de pouvoir en rêver une fois qu'il serait dans son lit. Puis il déposa un baiser amoureux sur les lèvres de Rose, tout en passant ses mains dans les cheveux blonds de la jeune fille. Un dernier baiser avant leurs prochaines retrouvailles, un baiser qui lui signifiait qu'il était temps qu'elle aille dormir, et qu'ils seraient à nouveau ensemble, à n'en pas douter. Personne ne pourrait interrompre ces retrouvailles nocturnes, jamais.

Suddenly the world seems such a perfect place
Suddenly it moves with such a perfect grace
Suddenly my life doesn't seem such a waste
It all revolves around you

Elle frissonnait. Peut-être parce que la fatigue glaçait son sang, peut-être aussi parce que la chaleur d'Eden faisait battre son coeur, peut-être parce que le déchirement des au revoir la rendait malade. Mais elle souriait, encore et toujours, malgré ces cernes sous ses grands yeux bleus, parce qu'à ses côtés elle ne pouvait qu'être heureuse. Un bonheur égoïste qui l'enfermait dans sa bulle de satin, sans ses amis, sans son père, sans ceux qu'elle avait fait souffrir. Seulement Rose et Eden dans ce cocon de soie, leur insouciance se fichant des obstacles. L'amour rend aveugle, disait-on, mais parfois il est bon de voir la lumière du jour. La jeune fille ne souhaitait pas fonder trop d'espoirs ni feinter de ne pas voir les dangers. Ils étaient là, prêts à briser leur couple et leur vie à tout moment. Que seraient-ils, dans dix ans... Cet amour toujours aussi fort serait présent, mais que dirait-on des jumeaux Mandrake. C'est étrange tout de même, toujours célibataires ces deux là. Peu importait, Rose avait son Eden, sa place au paradis avec cet ange aux airs froids. C'était sans doute la première fois que la jeune blonde ressentait de tels sentiments amoureux, peut-être parce qu'enfin elle cessait de sous-estimer lorsqu'elle était à ses côtés, ne craignant pas que son frère aille en voir une autre, bien plus belle et bien plus intéressante. Cette angoisse ne l'atteignait pas, la jeune fille ressentait cet amour qu'il portait pour elle, et qu'il lui avait avoué : aucun autre ne pouvait l'aimer plus que lui ne le faisait. C'était certain. Eden ne l'abandonnerait jamais. Elle se sentait rassurée auprès de lui.

Les mots de la jeune fille sortirent avec facilité. Contrairement à sa mère, Rose était à l'aise lorsqu'il s'agissait de mettre des mots sur ses sentiments, du moins cela dépendait de la personne. C'était une des qualités qu'elle avait développé au contact d'Angus. Lui si aigre et glacial, la Gryffondor ne voulait pas devenir le reflet de son grand-père aux paroles acariâtres. Et parce qu'elle n'avait pas eu le temps de dire à sa mère combien elle l'aimait avant qu'elle ne s'en aille, la jeune Rose avait à présent cette facilité de paroles émotives. Eden, cependant, au vu de ce qu'il avait vécu avec Roxanne, était devenu bien plus imperméable aux sentiments. Même avec sa soeur, il avait parfois des mots qui ne venaient jamais mais que sa jumelle percevait tout de même. Leur lien était si fort qu'il lui fallait seulement plonger son regard océan dans le sien pour lire ses pensées. Ses pensées... Ainsi avait été la conversation de cette nuit interdite, entre baisers et moments de tendresse, Eden apprendrait l'occlumencie à Rose, et tous deux partiraient en vacances dans quelques semaines. Il lui tardait déjà d'y être et de partir loin, très loin. Là où personne n'irait les juger et où leur amour serait libre de tout mouvement. Ils pourraient passer de longues nuits ensemble, simplement à parler de tout et de rien, mais surtout d'eux même, avant qu'elle ne s'endorme dans ses bras, soupirant de bonheur. Le jeune homme fixait les yeux turquoise de Rose sans relâche, c'était le signe qu'il buvait ses paroles sans trop savoir quoi dire en retour. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres douces de la jeune blonde lorsqu'il lui répondit enfin.

Eden ¤ Je... Merci. Je t'aime aussi ma Rose, et rien ni personne ne pourra changer ça.

Rose - Merci ? Je dis seulement ce que je pense.

Toujours amusée et légèrement taquine, elle posa son front contre le sien, ses mains posées sur les joues de son jumeau. La Gryffondor avait toujours su qu'il n'avait jamais été des plus bavards, n'aimant pas parler pour ne rien dire, et en l'occurence pour ce genre de discussion. Rose s'attendrit lorsque les airs déconcertés de son frère se firent sentir, comme s'il ne s'était jamais attendu à de telles paroles à son encontre. La jeune Mandrake recula alors légèrement, un sourire tendre aux lèvres elle observait Eden qui avait pris un air quelque peu plus grave. Le même qui l'assaillait tous les soirs lorsqu'ils devaient se quitter. Et bien qu'il n'eut pas encore prononcé un mot de la phrase fatal scandant leurs adieux, Rose hochait la tête d'un signe négatif, le regard brillant d'une certaine tristesse. Elle savait dores et déjà ce que son frère allait annoncer.

Eden ¤ Tu devrais aller dormir mon amour. On se retrouvera ici demain soir, tu as besoin de repos, et moi aussi.

Et moi aussi... S'il n'avait pas sorti ces trois mots, la jeune fille aurait insisté pour ne pas avoir à monter. Peut-être même qu'elle lui aurait proposé de dormir ici, sur le canapé au coin du feu, dans un élan soudain de folie et d'insouciance. Mais puisque la fatigue l'assaillait, elle ne pouvait lutter, se refusant d'être celle qui l'affaiblissait. Sa main alla serrer fortement la sienne, et son coeur jusque là troublé de bonheur fut pincé d'une douleur qui faillit lui faire monter les larmes aux yeux. Rose baissa alors la tête, c'était dans ces moments-ci qu'elle comprenait que leur amour ferait souffrir par moments, malgré cette joie qu'il apportait, et qu'il leur faudrait éternellement se cacher pour le vivre pleinement. La jeune blonde leva de nouveau ses yeux bleus vers son frère dans un sourire, elle se fichait de tous ces sacrifices, puisqu'elle l'avait auprès d'elle. Les lèvres d'Eden vinrent se poser sur les siennes, amoureusement, faisant battre un peu plus son coeur d'un rythme entraîné. Ce dernier baiser était à savourer pleinement. Et lorsqu'elle reprit, sa voix se faisait un peu plus faible.

Rose - Demain soir... je ne peux pas. J'ai promis à Elizabeth de l'aider pour son devoir de potions Mercredi matin, avant le cours... Je devrais me lever très tôt...

Un léger silence s'installa, sacrifier déjà leur lendemain lui pesait sur le coeur, il leur faudrait attendre une nuit de plus.

Mais... Mercredi soir... Près de la forêt interdite, comme ça on pourra se rejoindre bien plus tôt... Tu veux bien ?

Elle lui sourit de nouveau, un sourire triste sans doute, mais sa main ne quittait plus la sienne. Il était difficile de se rejoindre à une heure abordable dans la salle commune, tant les derniers Gryffondors allaient se coucher en général aux alentours d'une heure du matin. Au moins, près de la forêt interdite, il était rare de voir quelques élèves y trainer après minuit. Et quand bien même il y aurait quelques aventuriers, l'obscurité de la nuit les couvrirait pour leurs retrouvailles. La jeune fille attendit l'approbation d'Eden avant de baisser les yeux. Il fallait partir, à présent. Rose se leva alors, sa main se détachant doucement de celle de son frère, ses yeux tristes se posant dans les siens avant qu'elle ne tourne le dos pour rejoindre les dortoirs. Cette nuit encore, Rose peinerait à trouver le sommeil, car il n'y aurait pas les bras d'Eden pour l'accueillir. La vie était cruelle. Les adieux encore plus.

RP TERMINE