Because she's an angel -PV

“ Everytime a child says 'I don't believe in fairies,'
there's a a little fairy somewhere that falls down dead.”

... And so I think I've murdered my mother.

- Rose's Diary -

Dans le reflet de ces vitres se dessinait le visage fin de Rose, appuyé contre la fenêtre froide qui laissait défiler des paysages à toute vitesse. Ses yeux bleus ne voyaient pas ces arbres et ces maisons grises qui passaient devant eux, elle luttait pour contenir son angoisse et aller au-devant de ses convictions. C'était la première fois de sa vie qu'elle se trouvait réellement seule, sans personne pour l'aider ou la soutenir dans ce pays étranger où elle se rendait. A cette pensée, le regard de Rose se baissa doucement, son visage toujours posé contre la fenêtre glaciale. Devant elle, un homme d'une trentaine d'années s'étaient assoupi, voyant le trouble de la jeune fille celui-ci lui avait tenu la conversation dans le sourire et la bonne humeur avant de s'excuser pour sa fatigue soudaine. La longueur du trajet disait-il. Il était vrai que Rose avait pensé qu'entre Londres et Paris, il y avait bien moins d'heures à attendre. Elle avait transplané de Pré-au-Lard à la capitale anglaise, pour finalement choisir avec sagesse le train afin de se rendre en France. Le transplanage avait ses limites, surtout lorsqu'on venait tout juste d'avoir son permis. Rose ne souhaitait pas se retrouver à Vienne plutôt que Paris dans un instant de maladresse. La jeune fille soupira, faire ce voyage seule, sans perception d'un éventuel retour avait quelque chose d'excitant et d'angoissant à la fois. Enfin elle avait prouvé sa valeur, elle avait montré qu'elle était capable de beaucoup de choses pour exprimer son malêtre mais aussi pour retrouver ce qu'elle avait perdu. Néanmoins Rose ne demeurait pas certaine que se rendre en France seule ne lui ferait pas peur dans le fond.

La France. Sa grand-mère qu'elle n'avait jamais connu en était originaire. Rose savait qu'elle avait grandi dans une belle et grande maison en Provence, près d'une petite ville non loin d'Avignon. Angus lui parlait de temps à autres de Lëtalia, sa femme tant aimée qui décéda un jour sur le chemin de Traverse, lors d'une intervention d'Aurors. La vérité sur sa mort avait toujours été assez floue, mais ce qui avait frappé la petite Rose, c'était cette manie qu'avait son grand-père d'en accuser Satine. Sept ans... Celle-ci avait sept ans, lorsqu'elle perdit sa propre mère. Ce fut à ce même âge que Rose et Eden avaient perdu à leur tour Satine. A croire qu'ils étaient maudits dans la famille. Rose soupira, il lui fallait retrouver ses racines là-bas, persuadée que sur place, la silhouette de sa mère lui tendrait les bras. Elle l'enlacerait alors, pleurerait contre elle, et enfin elles se mettraient à parler de tout et de rien. Et sa mère alors, lui offrirait cet éternel sourire, et lui chantonnerait cet air qu'elle leur fredonnait toujours avant de les border. Oui elle la retrouverait, et enverrait un hibou à son père, et à son frère également. S'il était revenu alors que tout le monde l'avait cru mort si longtemps, il était évident que leur mère était encore vivante, quelque part. Ce corps froid dans le cerceuil verni ne pouvait pas être elle. Cela ne se pouvait pas.

Rose s'était assoupie. Rêvant d'amour maternel et de leur famille retrouvée. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, la gare de Paris lui fit un effet glacial. Les murs gris, les grands espaces, et les gens qui marchaient à vive allure ici et là lui contractèrent l'estomac. Certes il n'y avait pas grande différence par rapport à Londres, excepté celle-ci : Rose baragouinait quelques mots de français et de ce fait aurait sans doute des diffcultés à se faire comprendre. Elle descendit alors du train, tandis que résonnait sur le quai la voix d'une femme qui parlait bien trop vite pour elle. Paris, la ville lumière. Mais la jeune fille n'était pas venue faire du tourisme, aussi elle se dirigea vers l'accueil de la gare afin de s'assurer un trajet en train pour Avignon. L'échange fut difficile, l'homme en face d'elle semblait parler un anglais approximatif au moins aussi brillant que son propre français. Mais au final, elle s'était faite comprendre, Rose fut soulagée de voir qu'elle n'avait pas eu à changer de gare pour attraper un train se rendant en Provence. La jeune fille attendit plusieurs heures sur un banc, fixant l'écran digital affichant les horaires de départ. La fatigue se voyait à ses traits tirés, plus encore la faim creusait ses joues et affinait ses hanches, Rose ne mangeait plus depuis des jours, abattue par l'ultimatum dressé par son frère, elle ne voulait plus que se laisser mourir de faim.

Enfin son train arriva, de nouveau les heures de trajet se firent trop nombreuses. Et lorsque Rose arriva sur place, la nuit était tombée depuis longtemps. Elle se dirigea vers un motel lugubre, au bas duquel quelques sans abri pas très sobres parlaient à voix haute. Un homme appuyé contre le mur gris lui lança alors un regard qui lui fit froid dans le dos, lui tenant des propos dont elle avait compris à peu près le contenu. Apeurée, la jeune fille hocha rapidement la tête d'un signe négatif avant d'accélérer le pas, tête baissée. Rose entra alors dans le motel, et demanda une chambre dans un français incertain. Elle passa alors la nuit dans une chambre aux volets branlants, et aux murs fissurés, à trembler de peur et de froid. Il lui fallait rapidement trouver un endroit bien plus sain que celui-ci, si elle souhaitait rester en France pour ses jours à venir. Enfin le jour se leva, qu'elle avait attendu avec impatience. Rose dévala les escaliers en vitesse avant d'attraper un taxi qui la mena dans un des villages perdus dans la campagne provençale, non loin de là.

On la déposa donc, au manoir des Desnotres. La jeune blonde posa un pied à terre, ses yeux bleus se posant avec une déception soudaine sur la baraque délabrée. Le taxi partit dans un nuage de fumée, laissant Rose seule, face à ses ressentiments. Le jardins aux herbes hautes était envahi de plantes sauvages, la peinture défraichie du manoir semblait montrer qu'il y avait longtemps qu'il n'était plus habité. Les fenêtres aux vitres brisées étaient cloutées de planches de bois. Aucun signe de vie ne semblait être présent. La gorge de Rose se noua alors, avant de s'avancer vers la maison abandonnée. Sa main blanche poussa alors la porte qui manquait de tomber en morceaux, et enfin l'on pouvait entendre sa voix douce et hésitante résonner entre les murs fissurés.

Rose - Maman ?

Aucune réponse. Le regard clair de la jeune fille se posait un peu partout. Chacun de ses pas semblait soulever un nuage de poussière, mais elle n'y fit pas attention. C'était alors tout un monde qui s'écroulait, elle sentait les larmes monter, inlassablement. Où était-elle, si elle n'était pas ici. Ses mains se posèrent sur une vielle photo recouverte d'une couche de poussière qu'elle balaya doucement. Une jeune femme aux cheveux blonds, lui ressemblant énormément, se tenait souriante en compagnie d'une petite fille aux cheveux couleur de blé. Rose retourna la photo, lisant alors une écriture fine et penchée. "Lëtalia et Satine, 1965" La jeune fille essuya une larme, sa gorge se noua alors. Les souvenirs qui hantaient les lieux lui sautaient à la figure. Elle imaginait sa grand-mère décédée, prendre sa fille dans ses bras dans un rire joyeux. Comme Satine le faisait avec elle auparavant, avant qu'elle ne...disparaisse. Mais Rose chercherait d'avantage, malgré tout. Ses faibles larmes se muèrent en sanglots. La fatigue, la faim, la déception et la tristesse. Et cette peur de ne pas savoir quoi faire. Les jambes de la jeune fille vacilèrent, sa tête se mit à tourner, et bientôt elle se retrouva assise à terre, les jambes repliées contre sa poitrine. Des larmes ruisselant sur ses joues rosies, la Gryffondor murmurait en vain le nom de sa mère sans s'arrêter. La vérité ne pouvait pas être celle-là. Rose enfouit sa tête entre ses mains, prête à passer la journée entière voire même la nuit dans cet endroit. Qu'on vienne la chercher. Et où était cette silhouette qui aurait du l'accueillir ?

And if you go,
I wanna go with you.
And if you die,
I wanna die with you.
Take your hand and walk away.
¤

Depuis presque une demi-heure, Eden courait dans tous les sens à la recherche de sa jumelle. Personne ne l'avait aperçue depuis la veille, et la lettre qu'il venait de recevoir l'avait mis dans un état incontrôlable. Le jeune homme courait dans tous les étages, criant par moments le nom de sa soeur en ayant l'espoir qu'elle réponde, ouvrant toutes les portes auxquelles il avait accès. Mais ce mot l'avait complètement bouleversé. Sa jumelle, son double, son complément, sa raison de vivre, son oxygène, et la liste était encore longue, sans elle, il n'était rien, il avait besoin de la trouver, de savoir qu'elle allait bien. Elle disait être partie rejoindre leur mère, mais Satine étant décédée depuis presque dix ans, l'inquiétude d'Eden s'était transformée en peur irrationnelle. Il craignait en ouvrant chaque porte de trouver le corps sans vie de sa soeur. Les larmes montaient aux yeux du Gryffondor, il ne savait plus quoi faire, il avait besoin d'aide, de l'aide de son père, qui pourrait se rendre utile. Et de toute façon, il avait besoin de savoir. Eden dévala les escaliers jusqu'au premier étage et se précipita vers le bureau de son père dans lequel il pénétra en trombe.

Eden ¤ P'pa! Vite! C'est Rose! Elle a disparu, lis ça!

John fut étonné de voir son fils agir ainsi mais celui-ci s'en fichait complètement. Il venait de poser la lettre de Rose sur le bureau plein de papiers de son père, faisant voler au passage quelques-uns d'entre eux. Le directeur de Gryffondor posa le livre qu'il tenait dans les mains et attrapa la lettre qu'il prit le temps de lire avec attention. Il semblait déchiffrer le moindre mot. Dans ses yeux sombres semblait naitre un sentiment d'inquiétude qui emplissait au fur et à mesure qu'il avançait dans sa lecture. Eden, quant à lui, s'impatientait. Il culpabilisait, c'était sa faute si sa soeur était partie, entièrement sa faute. Il avait peur, ne voulait qu'une chose, la voir à ses côtés, et la serrer contre lui, le sentir en vie et en bonne santé. John posa alors la lettre qu'il venait de finir et leva les yeux au ciel, comme pris dans une profonde réflexion.

Why can't you see that you are my child,
Why don't you know that you are my mind,
Tell everyone in the world, that I'm you,
Take this promise to the end of you.
¤

Eden ¤ J'ai cherché partout, elle n'est pas dans Poudlard, faut que tu m'aides, j'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose...

John ¤ Calme-toi Eden, je sais où elle est. Je vais la chercher, je rentrerai avec elle ce soir. Et toi tu restes là et tu attends. Et ne discute pas.

Le regard du directeur de Gryffondor était déterminé et implacable. Eden n'insista pas, voyant bien que ce n'était pas la peine de faire la moindre tentative pour venir avec son père. Le ton de John avait été sec et légèrement froid. La lettre de la jeune fille pouvait très facilement être mal comprise, le sens du message prêtait à croire qu'elle avait fait une tentative pour mettre fin à ses jours, mais Mandrake sentait que ce n'était pas ça, non, elle n'aurait jamais fait cela. Elle était partie rejoindre sa mère. Tania avait déjà dit à John que Rose pensait, en le voyant revenir, que sa mère reviendrait également. Elle était donc partie la chercher. Pas au manoir des McIllian, vu qu'elle y avait grandi, mais au seul endroit où elle pensait pouvoir retrouver Satine, une magnifique maison en France, où la belle-mère de John avait vécu. Ce dernier se leva de son fauteuil et sortit de son bureau qu'il ferma rapidement à clé. Eden était toujours à ses côtés, il semblait perdu, fatigué, et paniqué. Le directeur de Gryffondor posa sa main sur l'épaule de son fils afin de la rassurer.

John ¤ Ne t'inquiètes pas, je suis sûr qu'elle va bien, je la trouverai. Depuis quand tu ne l'as plus vue?

Eden ¤ Hier, dans l'après-midi, elle n'était pas dans son dortoir cette nuit...

John ¤ Très bien, alors il faut que je parte tout de suite. Si je ne suis pas de retour ce soir, préviens la directrice de la situation, mais ne dis rien pour le moment. S'il lui était arrivé quelque chose, je le saurais.

Le doute se lisait clairement dans les yeux bleus d'Eden, mais son père n'en tint pas compte. Il était normal pour le jeune homme de douter après dix années d'absence. Il devait simplement penser que son père ne pouvait rien savoir de ses enfants, mais il ignorait qu'à leur naissance, John et Satine avaient fait appel à une ancienne magie sur les jumeaux, pour qu'ils puissent ressentir si jamais il leur arrivait quelque chose de grave. Mandrake laissa son fils seul dans le couloir, et se dirigea d'un pas rapide vers les escaliers qu'il descendit à toute vitesse. Il devait faire vite, car si la jeune fille était partie la veille, il n'allait pas tarder à ressentir que la vie de Rose était en danger. Une ombre traversa le parc sur lequel le soleil s'était déjà faiblement levé. Le directeur de Gryffondor ne fit pas attention aux quelques élèves matinaux qui l'observaient. Ses pensées étaient entièrement tournées vers sa Rose. Une fois sorti de l'enceinte de Poudlard, John transplana, en France.

Mandrake se retrouva devant un vieux manoir abandonné, qui ne ressemblait en rien à celui de ses souvenirs. Satine l'avait déjà emmené ici quelques fois, mais la bâtisse était à présent inhabitée, et la nature avait repris ses droits. Tout semblait désert, pourvu que John ne soit pas arrivé trop tard, ou même trop tôt. Selon toute logique, la jeune fille ne devait pas être loin. L'ex-auror ne voyait pas d'autre solution. Elle n'avait nulle part ailleurs où aller, et son père ne pouvait pas rester figé à attendre que le temps passe, sans rien faire. D'un pas lent, faisant attention au moindre détail, il approcha du manoir, espérant que sa fille y était, seule. Il arriva sans encombres au perron, avant de pousser doucement la porte qui grinça légèrement. Sa baguette était dans sa main droite, l'homme était prêt à se battre si un danger faisait son apparition. Mais la seule chose qu'il aperçut fut la fine silhouette de son enfant, assise au sol, ne faisant pas le moindre mouvement. John s'approcha doucement d'elle.

John ¤ Ma Rose, que fais-tu ici?...

Mandrake s'assit aux côtés de sa fille et la prit immédiatement dans ses bras. La jeune Gryffondor était en pleurs. Décidément, rien ne semblait aller pour les Mandrake. Entre John qui n'avait plus la moindre minute pour lui, qui se sentait désespérément seul malgré son retour, Eden qui semblait dans un état pathétique ces derniers temps et Rose qui fuguait en France. L'ex-auror déposa un baiser sur le front de sa fille et lui murmura des paroles rassurantes. Elle n'avait plus rien à craindre à présent, mais il était évident que ce n'était pas John qu'elle attendait. Malheureusement, Satine ne viendrait pas...

Ce sont des voix qui restent en dernier,
tout comme c'est la voix souvent qui,
comme un parfum, précède et annonce
l'entrée physique de quelqu'un dans votre vie.

Un silence pesant régnait sur la pièce sombre et poussiéreuse, hormis les faibles respirations secouées de larmes de la jeune fille, rien ne venait troubler les fantômes du passé qui semblaient habiter la maison. Elle ne savait pas pourquoi elle était tombée ainsi à terre, à suffoquer soudain, ses joues humides de trop de larmes. La cruelle déception sans doute de la réalité qui lui faisait face. Persuadée qu'elle apercevevrait sa silhouette sur le perron, elle n'y avait trouvé que poussière et meubles branlants. Malgré la clarté de ce dimanche matin, les planches de bois cloutées aux fenêtres opaques se refusaient à laisser entrer ne serait-ce qu'un rayon de lumière. Rose enserra ses jambes repliées contre elle, la jeune fille ne pouvait se résoudre à abandonner. S'il le fallait, la Gryffondor irait faire le tour du village, cette vieille photo à la main, à demander si une jeune femme blonde, aux yeux azurés comme les siens n'était pas passée dans les environs, il y a peu. Il était vrai que Rose n'en avait pas touché mot à son père, par peur qu'il ne le prenne mal. Après tout grâce à lui ils n'étaient plus vraiment orphelins, l'entreprise de la jeune blonde pouvait prêter à confusion, et faire penser qu'elle ne s'accomoderait pas que de son simple retour. Que sa mère comptait bien plus que son père à ses yeux. Mais il n'en était rien. La situation aurait pu être exactement l'inverse, Rose aurait entrepris de retrouver son père également. C'était seulement cette envie utopiste de les voir tous réunis enfin, d'effacer ces dix années de trouble, et de redessiner leur avenir ensemble.

La jeune fille n'avait pas pardonné à son père d'être parti si longtemps, tout comme elle n'avait pas pardonné à sa mère de mourir si jeune. C'était l'amour meurtri d'un enfant envers ses parents, qui trouvait le monde trop injuste pour le laisser ainsi. Cette perte de repères l'avait lancée dans une rêverie éphémère, pour autant Rose semblait y croire. Il y avait aussi son frère, à qui elle tenait tant, qui semblait vouloir l'abandonner. Son ventre vide et sa vision trouble dûe à cette faim qui habitait son ventre depuis plusieurs jours étaient la preuve de son désespoir face à cet abandon qu'elle refusait. Il n'y avait pas plusieurs issues, si Eden partait, Rose ne se contenterait pas de fuguer seulement en France. Quelque part en elle demeurait une partie de son jumeau, sans lui, elle n'était plus. Les larmes continuaient de couler encore, persuadée pouvoir retrouver sa mère, la jeune fille n'était tombée que sur un endroit désert qu'elle aurait aimé voir coloré et joyeux, en compagnie de ses parents un jour. Si sa mère était restée en vie...

Elle entendit alors le grincement de la porte vermoulue qui s'ouvrit, mais Rose n'y prêta pas attention. Sa tête fourrée sur ses genoux, ses longs cheveux blonds tombant sur ses épaules, cela faisait bien plus de dix minutes qu'elle se trouvait là, suffocante, à entendre le vent battre la porte de bois. Mais des bruits de pas attièrent enfin son attention. Le coeur de la jeune fille battit alors à tout rompre sous l'effet de la surprise, son regard bleu et embué se posant alors sur la silhouette sombre qui s'avançait vers elle. Rose essuya ses larmes d'un revers de main afin d'y voir plus clair, et ce fut dans un soulagement non dissimulé qu'elle reconnut les traits familiers paternels. Qu'il était bon, de le voir à ses côtés. En cet instant elle comprit alors qu'ils n'étaient plus tous seuls, que malgré son absence, la joie de le voir revenir semblait vouloir brûler sous les cendres de quelques rancoeurs qui s'évaporèrent alors. Peu importait, s'il était parti durant dix années, il avait fini par revenir. Son père la prit alors dans ses bras, avant de déposer un baiser sur son front blanc. Les mains de la Gryffondor agrippèrent sa chemise avec force, de peur qu'il ne soit qu'une illusion et qu'il s'en aille de nouveau. Ses larmes, néanmoins, ne cessèrent pas de couler.

John ¤ Ma Rose, que fais-tu ici?...

Rose - Comment tu m'as retrouvée ?

Ses yeux humides se posèrent sur son père, interrogatifs et incertains. Elle ignorait comment il avait pu la retrouver si vite, sa voix faible trahissait son malêtre et son état de fatigue. Rose était en réalité à des lieux de penser qu'il la connaissait si bien, malgré tout ce temps, pour savoir où exactement elle s'était rendue, alors que jamais la jeune fille n'avait évoqué à qui que ce soit son désir de se rendre en France. Ses sanglots avaient cessé, mais les perles humides continuèrent de rouler sur ses joues. Rose posa son menton au creux de l'épaule de son père, le regard humide inlassablement posé sur la porte grande ouverte, laissant passer des faisceaux de lumière. Ses mains ne desserrèrent pas la chemise de son père, de peur qu'il ne parte. C'était un soulagement de le voir ici, bien qu'elle semblait attendre une nouvelle silhouette passer le seuil de la porte. Elle y croyait, inlassablement. Ces retrouvailles, bien plus chaleureuses que celles où leur père s'était montré à leurs yeux après dix ans, lui serrèrent le coeur comme un étau, faisant pleurer la jeune fille de nouveau, mais dans un silence qui ne laissait passer que sa respiration saccadée.

Rose - J'attends maman. J'attends qu'elle revienne elle aussi.

Ces paroles lui nouèrent la gorge. A les dire ainsi à son père, Rose comprenait un peu plus l'illusion qu'elle s'était faite en la pensant encore vivante. Néanmoins ses yeux bleus se fermant par moment ne parvenaient pas à se détacher de la porte. Elle se rappelait de ce jour où leur père était revenu. Dix ans avaient passé, il n'était plus le même que dans ses souvenirs. Rose enfin, pouvait remettre une voix sur ce visage, des gestes, un parfum, et un sourire qui ne restait pas figé comme dans les photos. La Gryffondor ferma alors les yeux doucement, tentant de s'imaginer cet instant tant attendu, où sa mère leur reviendrait elle aussi. Ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus, ce rire cristallin et cette voix douce qui leur fredonnait cette chanson. And you can tell everybody, this is your song. Rose sourit alors dans ses larmes. Elle tentait de retrouver sa voix, ces habitudes qu'elle avait de passer une main derrière la nuque chaque fois qu'elle se sentait gênée, et son parfum sucré...

Rose - ...La rose...c'était son parfum.

Rose ¤ Comment tu m'as retrouvée ?

Il était normal que la jeune fille se pose la question. Mais John ne répondit pas, il se contenta d'un sourire qui se voulait chaleureux et prit sa Rose dans ses bras. Les larmes coulaient toujours sur ses joues, et l'ex-auror les retirait au fur et à mesure qu'elles venaient, à l'aide de sa main droite. La Gryffondor attrapa la chemise de son père et ne la lâcha pas, sans doute avait-elle peur qu'il s'en aille, mais il ne la laisserait pas, c'était pour elle qu'il était venu, et il était hors de question qu'il reparte de France sans sa fille. Depuis son retour, c'était la première fois que Rose prenait son père dans ses bras ainsi, et le coeur de Mandrake s'était légèrement accéléré. Tant de souvenirs, la dernière fois qu'il avait eu sa fille dans ses bras, c'était quelques heures avant la bataille de Poudlard. Il se souvenait encore des paroles de la petite Rose. "A ce soir papa..." Tant de soirs étaient passés sans qu'il ne revienne. John se haïssait intérieurement, pourquoi l'avait-il abandonnée? Pourquoi les avait-il abandonnés? Ils n'avaient pas mérité cela. La jeune fille fixait la porte d'entrée de la bâtisse, tandis que son père cherchait ses mots.

Rose ¤ J'attends maman. J'attends qu'elle revienne elle aussi.

Ces paroles brisèrent le coeur de John. Il eut l'impression que le ciel lui tombait sur la tête. Certes Tania l'avait déjà prévenu du fait que Rose espérait voir sa mère revenir en assistant au retour de son père, mais qu'elle aille jusqu'en France pour la chercher montra à Mandrake à quel point elle s'accrochait à cette idée. Qu'il était dur pour lui de répondre à ces paroles. Il ne savait pas quoi dire, ne voulait pas faire de mal à sa fille. Mais on ne peut pas changer la réalité. Satine était morte, c'était un fait que l'on ne pouvait pas changer, et John ne le savait que trop bien, car avant son départ, il avait cherché tous les moyens possibles de ramener sa femme à la vie dans la bibliothèque d'Angus, et à part une magie noire beaucoup trop puissante pour lui ainsi qu'un retourneur de temps, il n'y avait aucun moyen de faire revenir Satine à la vie. Jamais plus le directeur de Gryffondor ne pourrait observer la magnifique sourire de la jolie McIllian.

Rose ¤ ...La rose...c'était son parfum.

Oui, c'était son parfum. Le parfum qui avait envouté John lorsque Satine et lui étaient à Poudlard, le parfum qu'il reconnaissait chaque fois que la jeune femme était dans les environs, le parfum qui la trahissait quand elle voulait le piéger par surprise. La rose. La gorge de l'ex-auror était nouée, il ne se sentait pas à son aise. Ces derniers jours, il avait essayé de ne pas penser à Satine, afin de ne pas retomber dans la déprime profonde qui s'était emparée de lui durant les dix dernières années. Mais entendre sa fille parler ainsi de sa mère, et s'attendre à ce qu'elle revienne, cela faisait souffrir John intérieurement. Il devait faire comprendre à son enfant que sa mère ne reviendrait pas, mais c'était dur, beaucoup trop dur. Il avait déjà apporté trop de peine dans la vie de la jeune fille, c'était à présent beaucoup trop difficile de lui faire comprendre une vérité qu'elle remettait en cause. Pourtant, il lui fallait se lancer, il n'avait pas le choix.

John ¤ Rose, elle ne reviendra pas...

Le directeur de Gryffondor faisait tout son possible pour retenir les larmes qui ne demandaient qu'à se déverser. Il devait se montrer fort, pour sa fille, pour lui donner une image de protecteur, non pas celle du père déprimé par la perte de sa femme qu'il était. Ses paroles avaient été prononcées avec douceur, malgré leur dureté en elles-même. Il fallait que Rose s'y fasse, sa mère était morte, John l'avait vue mourir dans ses bras, il avait pleuré toutes les larmes de son corps, était entré dans un état de colère incontrôlable, avait voulu la venger en tuant Mustang, mais tout ce qu'il avait réussi à faire, c'était se faire envoyer dans le décor par le seigneur des ténèbres, et ensuite disparaitre. Il avait abandonné ses enfants durant dix ans, et maintenant qu'il était là, il devait faire tout son possible pour se montrer présent dans la vie des jumeaux, et les aider dans les épreuves difficiles. Mandrake ne pouvait que voir que sa fille n'était pas bien ces derniers temps, et cette fugue ne faisait que confirmer ces pensées. Rose avait besoin de soutien, et son père était là pour l'aider.

John ¤ Viens avec moi ma chérie, sortons de là.

Il se releva lentement et tendit une main à sa fille. Rester ici n'était pas une bonne idée. La voix de l'ex-auror était douce, il ne voulait pas brusquer Rose. N'importe quel père aurait pu être fou de rage de voir son enfant faire une telle fugue, mais John n'était pas n'importe quel père. Les évènements que la jeune Gryffondor vivait ne pouvaient que lui faire perdre la tête, et Mandrake voulait faire tout son possible pour qu'elle se sente mieux, au moins quelques instants. Il était là pour la supporter, pour lui donner une épaule sur laquelle pleurer. Il était son père après tout.

Il ne parlait plus, mais balayait ses larmes. Et ces gestes pleins de tendresse réconfortèrent bien plus la jeune fille que des mots d'excuses ou sonnant creux. Elle avait besoin de sa présence, pas de paroles forcées dans lesquelles il lui affirmerait peut-être qu'elle avait raison d'y croire, sans conviction. Rose avait sentit son étreinte se serrer un peu plus, lorsqu'elle évoqua leur mère. Et lorsqu'elle parlait d'elle, chacun de ses mots était alors un effort, lui coûtant une larme où la jeune fille s'agrippait un peu plus à son père. Il n'y avait plus que ses gémissements entrecoupés de sanglots, trop lourds pour qu'elle se retienne de les laisser couler. Sa vision se troublait, les yeux bleus de Rose voilés par des larmes abondantes ne quittaient plus le seuil de la porte néanmoins. Par moments, la poussière dansante dans les rayons intenses du soleil lui laissait entrevoir une brève silhouette vaporeuse. Bien sûr qu'elle était là, Satine. Auprès de la porte de bois vermoulu, elle observait la scène d'un air bienveillant, un sourire aux lèvres. Bien trop belle dans cette lumière aveuglante pour qu'on ne puisse la distinguer convenablement. Enfin Rose ferma les yeux dans un sourire. Sa mère était à ses côtés, elle avait eu raison, elle l'avait retrouvée. Et bien qu'il lui avait fallut rejoindre la France pour comprendre qu'elle ne les avait jamais quittés, enfin la Gryffondor sentit son coeur s'alléger. Elle l'avait vue, dans son habit de lumière, c'était une certitude. Un parfum de rose avait alors envahit la pièce. Son coeur battait plus fort, sa gorge dénoua ses noeuds, son regard se baissa enfin et Rose put poser son front au creux de l'épaule de son père. A présent soulagée, puisqu'enfin elle l'avait retrouvée, Rose esquissa un faible sourire, et des mots s'échapèrent de ses lèvres colorées dans un souffle apaisé et complice.

Rose - Elle est à nos côtés, je le sais à présent.

Elle ne reviendra pas, en effet, parce qu'elle ne les avait jamais quittés. Les pleurs de la jeune Gryffondor ne cessèrent pas, mais elles s'étaient muées en un soulagement empli d'une joie soudaine. De nouveau la jeune fille rouvrit les yeux, la silhouette dansante lui avait sourit avant de disparaître. Rose en était persuadée. Pour d'autres, cela ne resterait que des larges faisceaux de lumière s'immisçant par la porte, dont les larmes trompeuses ruisselant sur ses joues en avaient modelé les contours. Pour Rose, sa mère était là, et son parfum demeurait, inlassablement. De la fatigue accumulée, et de celles de ses pleurs, la jeune fille se serait volontiers endormie dans les bras de son père, à présent que les sanglots cessaient peu à peu. Jamais la Gryffondor n'avait vu dans son regard quelque étincelle de fureur. C'était de ce père là, qu'elle avait toujours rêvé. Lorsque dans ses songes elle partait à la recherche de ses parents et de leurs souvenirs. Souriant et compréhensif, sans avoir la peur de la prendre dans ses bras même après tout ce temps. Leur mère n'était peut-être pas présente physiquement, mais lui était à leurs côtés. Ses mains ne desserrèrent pas sa chemise, mais sa tête glissa un peu plus contre lui, le regard au sol. Comme une envie de ne plus le lâcher.

Rose - Je t'aime, papa.

Etait-ce réel... Tant de fois elle l'avait vécu dans ses rêves, avant de se réveiller sous les rayons blafards de la lune, une lueur de déception et de tristesse dans le regard. Mais il était là, ce n'était pas un songe. Il s'était relevé alors doucement, lui tendant la main. La jeune Gryffondor sécha alors ses larmes encore présentes. Si Satine n'avait jamais eu la parole affective facile, hormis avec sa propre famille, les mots de Rose eux, sortaient aisément. Quels qu'ils soient, excepté peut-être ceux qui lui permettaient de s'affirmer. Ce qu'elle voulait plus que tout. Montrer à Eden qu'elle pouvait se défendre, qu'elle n'avait pas besoin... d'aide ? Bien sûr qu'elle en avait besoin, seule sa mère le répétait souvent, et cela l'avait conduite vers la noirceur de la nuit... ou la douceur du Paradis. Oui, le paradis. La jeune fille se releva alors, attrapant la main de son père qu'elle relacha pour épousseter ses vêtements rendus poussiéreux.

John ¤ Viens avec moi ma chérie, sortons de là.

Rose - Non, je ne reviens pas.

C'était catégorique. Sa voix un peu plus ferme mais néanmoins teintée de douceur résonna alors dans la maisonnée déserte. Ses yeux azurés se posèrent au sol, mais après de longues secondes silencieuses, ils glissèrent jusque son père pour en percevoir la réaction. La jeune fille déglutit difficilement, ne sachant pas quoi dire pour s'expliquer. Toutes ces histoires, Eden, Jason, James... faisaient que la simple idée de rentrer lui enserrait bien trop le coeur. Elle ne souhaitait pas se dresser contre ses soucis trop prenants, pas assez forte pour affronter la dure réalité des choses et plus encore la froideur de son jumeau. Les choix cornéliens qui s'imposaient à elle lui étaient insupportables. Au fond, Rose savait que pour ne plus souffrir, elle ne pouvait plus rester la même. Endosser, peut-être, un manteau plein d'indifférence si jamais son frère venait à s'éloigner. Il lui fallait se montrer moins... faible. L'on pouvait percevoir toutes ces appréhensions dansant dans ses yeux. Non, Rose ne rentrerait pas, préférant les laisser lui en vouloir dans son dos que face à elle. Une faiblesse de trop.

Rose ¤ Elle est à nos côtés, je le sais à présent.

Les paroles d'une jeune fille qui avait perdu sa mère beaucoup trop tôt. Elle avait besoin de la sentir présente, tout comme John avait besoin d'avoir sa femme près de lui. Mais cette vague présence ne suffisait pas à combler le trop grand manque causé par la perte de Satine. Il éprouvait comme Rose cette légère présence. La magie faisait ressentir cela, il ne le savait que trop bien. Elle ne les avait pas quitté, continuait à les surveiller même si elle n'était plus réellement de ce monde. Qu'avait-elle bien pu penser de la chute de son mari aux enfers? Il avait sombré dans la déprime et l'alcool, à la recherche de l'oubli, qu'il n'avait bien entendu pas réussi à trouver. On croit pouvoir noyer son chagrin dans la boisson, mais c'est faux, et durant dix années, John n'avait fait que connaitre la souffrance due à la perte de sa femme. Mais à présent, il était aux côtés de sa fille, qui le tenait toujours fermement contre elle, comme si elle craignait de le perdre.

Rose ¤ Je t'aime, papa.

John ¤ Je t'aime ma petite Rose.

Elle était le fruit de l'amour qui avait uni Satine et John, elle était sa fille, son bien le plus précieux, avec Eden bien entendu. Son regard bleuté lui rappelait sans cesse les yeux de sa femme. Les jumeaux avaient hérité des yeux bleus de Satine, aucun n'ayant eu droit aux yeux sombres de Mandrake. Mais la ressemblance entre Rose et sa mère était frappante. Ces cheveux blonds, ces yeux bleus, seul le caractère de la jeune fille différait entièrement de celui de sa mère. Elle n'arrivait pas à s'affirmer, à assumer ses opinions. Son frère prenait sans doute trop de place dans sa vie, et le côté franc et direct d'Eden contrastait avec la douceur de sa soeur à un point tel que John ne pouvait pas ignorait que, inconsciemment, le jeune Mandrake parasitait sa jumelle et l'empêchait de s'affirmer comme elle la souhaitait. John se releva lentement et aida Rose à faire de même, puis il lui proposa de sortir de la maison.

Rose ¤ Non, je ne reviens pas.

La voix de la jeune fille se fit plus ferme, mais son regard évitait celui de son père. John se doutait qu'elle devait se sentir mal pour dire cela. Fuguer jusqu'en France et ne pas vouloir revenir chez elle, plus d'une chose la tracassait, c'était évident, mais elle n'ajouta rien, se contentant de fixer le sol, comme si elle redoutait la réaction de Mandrake. Le regard de celui-ci resta le même, plein de douceur. Comment pouvait-il lui en vouloir? Il avait lu la lettre que sa fille avait écrite pour Eden, et s'était rendu compte que leurs relations changeaient ces derniers temps, et qu'entre eux rien n'allait plus. Le directeur de Gryffondor n'avait pas la moindre idée de la raison qui les éloignait, il espérait seulement que son retour n'en était pas la cause. Il avait bien vu que les jumeaux étaient trop proches pour pouvoir se perdre aujourd'hui. Ils avaient grandi ensemble, avaient survécu aux épreuves difficiles ensemble. Que deviendraient-ils si l'un devait perdre l'autre? La jeune fille releva ses yeux vers son père qui lui adressa un sourire franc.

John ¤ Je sais que ce que tu vis n'est pas facile, mais tu ne vas pas rester ici alors que tu ne parles pas français. Eden sait qu'il a fait des conneries, tu ne peux pas le laisser comme ça, il culpabilise déjà assez, il a besoin de toi. Il marqua une légère pause avant d'ajouter. Je lui ai dit que l'on rentrerait ce soir, où veux-tu aller aujourd'hui?

Il lui adressa un léger sourire empli de l'amour qu'il portait pour sa fille. Après tout, il pouvait bien lui consacrer une journée après avoir passé dix années sans la voir. Le directeur de Gryffondor n'avait pas la moindre idée de l'endroit où Rose voudrait aller, il se demandait même si sa fille le saurait elle-même. Il suffisait à l'ex-auror de transplaner pour emmener la Gryffondor n'importe où dans le monde. Il se souvenait d'une soirée d'été durant laquelle il avait fait visiter Venise à Satine. Une petite surprise qu'il avait organisée en quelques jours. Il avait dit à sa fiancée de fermer les yeux et les avait fait tranplaner tous les deux jusqu'à la ville italienne, où ils avaient passé la soirée dans une gondole, à admirer le soleil couchant. La magie était quelque chose donc John avait toujours voulu se servir pour apporter du bonheur à ceux qu'il aimait, et il était hors de question que cela change aujourd'hui. Il tendit sa main vers Rose, de peur de la perdre à nouveau. Mandrake ne voulait pas qu'elle tente à nouveau de s'enfuir, il n'avait que trop souffert de l'absence de ses enfants. Maintenant qu'il était à leurs côtés, hors de question de les perdre à nouveau.

Qu'allait-il dire... S'en retrouverait-il exaspéré, est-ce qu'il pousserait un soupir explicite, celui qui lui ferait comprendre que sa patience avait des limites, ou allait-il rester calme, ou même ne rien répondre... C'était pour cela, que la jeune fille ne leva pas les yeux de suite, de peur d'affronter son regard et d'y trouver bien trop de ressentiments, malgré le moment de tendresse partagé. Ce qu'elle désirait en ce moment, c'était qu'on la laisse tranquille, dans un pur moment d'égoïsme et de faiblesse. Qu'elle n'ait rien d'autre à affronter, ni son père, ni Eden, ni même James ou Jason. Qu'elle reste dans cette maison et qu'elle n'en sorte plus jamais. Un moment d'égarement, Rose se sentait perdue. Néanmoins, elle eut le courage d'affronter le regard de son père et ses réactions, dans un élan de détermination soudaine. Il lui souriait simplement. La jeune fille lui rendit timidement son sourire. Rien n'était encore dit, et sa voix plus ferme qui avait alors résonné dans la pièce poussiéreuse avait des airs certains. C'était un fait, Rose ne changerait pas d'avis, elle avait trop peur de devoir les affronter tous, ainsi que sa vie à venir. Il était tellement plus facile de tout laisser derrière elle. Tellement plus cruel et blessant aussi. La Gryffondor savait qu'elle n'y parviendrait pas, mais tant qu'elle ne trouverait pas de réponses à ses questions, elle se refuserait de rentrer. La voix de son père s'éleva alors, d'un détachement inattendu et d'un air légèrement compréhensif.

John ¤ Je sais que ce que tu vis n'est pas facile, mais tu ne vas pas rester ici alors que tu ne parles pas français. Eden sait qu'il a fait des conneries, tu ne peux pas le laisser comme ça, il culpabilise déjà assez, il a besoin de toi.

Il marqua une pause durant laquelle la jeune fille poussa un léger soupir, les yeux baissés au sol de nouveau. Que c'était désagréable d'être en tord. Ses mains se croisèrent derrière le dos, pensive mais visiblement quelque peu frustrée. Une lueur de mauvaise foi héritée de sa mère. Il avait raison, Rose ne parlait pas français. Oh elle savait bien parler quelques mots que Satine leur avait appris, mais avec le temps tout s'était effacé. Et la jeune fille n'avait pas eu la force de l'apprendre seule, il y avait dans cette langue des effluves parfumées de souvenirs trop doux et trop nostalgiques. Celui de ses parents. Rose haussa légèrement les épaules, lui donnant alors raison. Néanmoins apprendre par la bouche de son père qu'Eden ne lui en voulait pas la rassurait. Du moins il ne lui en voulait pas pour le moment. Il était impossible de prévoir sa réaction à son retour... Son retour ? Non elle ne voulait pas. C'était là ce qu'elle affirmait, mais au fond il y avait cette force qui la poussait à se jeter dans les bras de son père et de lui demander de la ramener là-bas. Mais Rose ne se sentait dès lors que plus faible. Un comble pour une Gryffondor, l'ancienne Maison de ses parents. Elle devait leur rendre hommage, et leur prouver qu'elle avait son propre courage... certes différent. Son père reprit alors, après sa courte pause :

John ¤ Je lui ai dit que l'on rentrerait ce soir, où veux-tu aller aujourd'hui?

Enfin elle esquissa un sourire, radieuse. Sa mauvaise foi demeurerait, et il ne tarderait pas à le comprendre. Mais la jeune fille s'avança avant d'attraper la main de son père, et tous deux se dirigèrent vers la porte de sortie, là où la silhouette de sa mère était apparue. Rose rangea la vieille photo usée dans sa poche. Le passé était derrière eux, ils avaient leur présent à vivre et leur futur à construire. Un jour peut-être en France, mais jamais sans son jumeau.

Rose - A Paris,

dit-elle joyeuse.

Mais je ne veux pas rentrer. Et tu sais, je connais quelques mots de français...

Je ne veux pas rentrer. Pourtant la jeune fille pensait si ardemment le contraire, son père n'avait pu que le deviner. C'était la simple envie de le contredire d'un ton taquin, comme le faisait souvent sa mère. Et finalement, s'il était possible d'allonger cette journée le plus possible pour qu'elle puisse la passer enfin auprès de son père, après ces longues années, alors autant en profiter pleinement. Une petite once de culpabilité pour son frère, qui sans doute attendait à Poudlard, inquiet. La jeune fille serra un peu plus la main de son père. En ce jour, enfin, elle lui dirait tout ce qu'elle avait sur le coeur, et ce qui la tracassait.

Rose ¤ A Paris, mais je ne veux pas rentrer. Et tu sais, je connais quelques mots de français...

John ¤ Ah oui? Et tu comptais rester en France en sachant seulement dire bonjour, merci et au revoir ? Il eut un léger rire avant de reprendre. Très bien, alors allons à Paris.

Il adressa un clin d'oeil à sa fille. Elle se sentait déjà mieux et cela suffisait au bonheur de John. Il savait bien qu'au fond d'elle, elle voulait rentrer au château afin de revoir son frère mais peut-être ressentait-elle l'envie de passer un peu de temps avec son père, ce qui réchauffait le coeur de Mandrake. Sa fille avait fait preuve de mauvaise foi, mais c'était déjà une caractéristique de sa mère, dont elle avait surement héritée. La main de Rose tenant fermement celle de son père, celui-ci les fit transplaner directement dans un café sorcier, situé sur l'avenue des Champs-Elysées. Personne ne fut surpris par le crac sonore que firent les deux nouveaux arrivants. Le directeur de Gryffondor déposa un baiser sur le front de sa fille puis s'avança vers le comptoir. Il jeta un bref coup d'oeil en direction de la vitrine avant de commander.

John ¤ Bonjour, je voudrais un café, un chocolat chaud et une part de tarte à la fraise s'il vous plait. Son accent français était impeccable et ne montrait aucunement qu'il venait d'Angleterre.

Serveur ¤ Très bien monsieur, je vous apporte cela dans un moment. Je vous laisse vous installer.

Dans un sourire, John fit signe à sa fille d'aller s'installer. La salle était presque vide, mis à part quelques sorciers qui lisaient leurs journaux dans un coin, un café posé devant eux, la cuillère dansant d'elle-même dans la tasse afin de dissoudre le sucre. L'ambiance était plutôt sympathique, et les tons clairs de la salle donnaient l'impression d'être bienvenu dans le café. Ce n'était la première fois que Mandrake venait ici. Il avait eu quelques rares missions à effectuer en France lorsqu'il était auror et Mortensen l'avait emmené dans cet endroit. Le café avait bien changé depuis le temps, mais les locaux suffisaient largement pour le moment. Le père et sa fille s'installèrent au fond de la pièce, dans de confortables fauteuils. John déposa sa cape sur le dossier puis s'assit alors que le serveur apportait la commande qu'il déposa sur la table. L'ex-auror le remercia puis reporta son attention sur sa Rose qui lui faisait face. Il lui tendit la part de tarte pour l'inciter à manger, se doutant qu'elle devait avoir faim, vu le long voyage qu'elle avait fait seule. A présent, le directeur de Gryffondor avait besoin de savoir ce qui tourmentait la jeune fille.

John ¤ Tu veux que l'on parle de ce qui ne va pas Rose? Je vois bien que tu as des problèmes, et je refuse de te laisser seule dans ta détresse, dis-moi tout ma puce...

Ma puce. C'était ainsi qu'il l'appelait quand elle était petite, un surnom affectif que n'importe quel parent digne de ce nom donnait à son enfant. John avait toujours porté plus d'attention à Rose, car il savait bien qu'elle était plus fragile que son frère. Ce n'était en aucun cas une forme de préférence, il aimait ses deux enfants autant l'un que l'autre, mais la jeune fille demandait plus d'attention à ses yeux, elle en avait besoin. La caractère affirmé d'Eden faisait penser à John que s'il connaissait une situation difficile, il pouvait s'en sortir plus facilement, ce qui n'était pas le cas de Rose. Elle était plus sentimentale, sans pour autant le montrer, et Mandrake avait besoin d'aider sa fille dans les épreuves qu'elle vivait.

Elle secoua la tête dans un sourire. Mais pour un peu Rose aurait certifié à son père qu'elle se serait vraiment accommodée de ces trois mots de français pour le reste de son séjour. De la mauvaise foi dissimulée. Il était impressionant pour la jeune Gryffondor de voir que l'accent français de son père était parfait, alors qu'elle même avait ces airs anglais et ces "r" roulés chaque fois qu'elle tentait de prononcer un mot. Il y avait certes longtemps que Rose ne l'avait plus revu, mais elle se souvenait tout de même que ses racines se trouvaient ici. Ils sortirent alors avant de transplaner là où la jeune blonde avait demandé de se rendre. Paris, la ville lumière. Son rêve de petite fille avait toujours été qu'on la demande en mariage au sommet de la tour Eiffel. Comme de nombreuses fillettes de son âge à l'époque, Rose avait rêvé de robes blanches, de satin, de fleurs et d'une demande romantique avec celui qu'elle appellerait son Prince. Mais le rêve était de courte durée, lorsqu'elle avait l'audace d'en faire part à Angus et que celui-ci lui répondait fermement "Je te trouverai un époux digne de la famille Mc Illian". Rose déjà, comprenait la lourdeur de ses propos. Déjà ne pas inclure le nom de Mandrake sous-entendait fortement que son propre père n'avait jamais été visiblement un époux convenable aux yeux de leur grand-père. Plus encore c'était un sorcier fortuné qu'il voulait pour sa petite-fille. Au diable les histoires d'amour. Et avec ce rêve brisé, elle jeta ses songes de fleurs de lys, ces cathédrales blanches et le son des cloches pour ne plus jamais y repenser. Malgré tout se retrouver à Paris remonta en elle ce rêve enfantin.

Son père déposa alors un baiser sur son front, ce qui lui rappela ces souvenirs trop lointains où ils étaient tous les quatre, et qu'il venait la border. La jeune fille jeta un coup d'oeil à l'une des nombreuses fenêtres et y aperçut la longue avenue des Champs-Elysées dans un sourire. Lorsqu'elle se retourna, son père s'en était déjà allé au comptoir. Trop loin d'elle. Aussi la Gryffondor s'empressa de le rejoindre à grands pas mais sans un mot. Le dialecte qui se jouait devant ses yeux était bien trop rapide, mis à part un Bonjour, Rose ne parvint pas comprendre ne serait-ce qu'une bribe de la courte conversation. Le serveur regarda alors la jeune fille un instant, qui ne sut que lâcher un "heu" relativement hésitant avant de porter son regard bleu sur son père. Celui-ci aquiesça et fit signe à sa fille de le suivre. On les avait sans doute inviter à prendre place. Les lieux étaient lumineux et on s'y sentait à l'aise, malgré ce désagréable sentiment de ne rien comprendre autour d'elle. Rose tendait l'oreille, tentant d'attraper la sonorité de la langue qu'elle aurait aimé parler. Mais la jeune fille avait pour le moment d'autres soucis en tête. Le serveur revint alors, déposant la commande sur la table de bois. La jeune fille eut alors un sourire lorsqu'il déposa une part de tarte à la fraise devant elle, et s'adressa à son père presqu'étonnée.

Rose - Tu t'es souvenu de mon dessert préféré...

La jeune fille ôta sa cape bleue et la posa sur le dossier de sa chaise. Elle attrapa doucement la cuillère dans ses mains, mais se contenta de la faire tourner dans ses doigts fins, peu décidée à avaler quelque chose malgré son estomac qui semblait la supplier. Le stress de ne pas avoir mis les choses au clair, et tant que rien ne serait concrètement revenu dans l'ordre avec Eden, il était évident que l'appétit ne reviendrait pas.

John ¤ Tu veux que l'on parle de ce qui ne va pas Rose? Je vois bien que tu as des problèmes, et je refuse de te laisser seule dans ta détresse, dis-moi tout ma puce...

Il avait toujours eu l'habitude de l'appeler ainsi lorsqu'elle était enfant. C'était étonnant de voir à quel point son père semblait faire abstraction de ces dix années, mais au final c'était un point positif. Comme s'il avait toujours été là. Rose eut un faible sourire avant de poser distraitement son regard bleu sur ses mains. Elle ignorait si vraiment il lui fallait parler de ses problèmes, de peur qu'il ne les trouve superficiels. Son père, aux cernes creusées, accumulait la fatigue ces derniers temps et elle culpabilisait déjà d'avoir été une gêne pour lui en ce jour. Il lui consacrait du temps, peut-être pas à s'en forcer la main, néanmoins en ce dimanche il aurait été bien mieux pour lui de se reposer. La jeune fille dans un premier temps, murmura un "Il n'y a rien" peu convaincu, sa cuillère tournant toujours entre ses doigts. Ses soucis ne devaient être que risibles, à côté des siens. Probablement. Pour autant la vie des Mandrake n'avait jamais été très joyeuse. La perte de leurs parents, dix étés passés chez leur grand-père aigri et rancunier, puis une perte de repère soudaine. Rose se sentait débordée par tant d'événements, incapable de remettre les pièces du puzzle en place. Peut-être qu'il valait mieux en parler.

Rose - Je ne sais pas par où commencer... C'est juste que... Il y a ce garçon qui revient vers moi. Je le connais bien seulement il a cette réputation de Don juan

dit-elle faiblement en haussant les épaules.

Mais il me dit qu'il va changer... Alors Eden m'a demandé de choisir entre lui et Jason. Je ne savais pas quoi faire, je suis allée demander conseil à James, mais il l'a très mal pris lui aussi. Je ne lui demandais pas qu'il approuve ma décision de laisser Jason à l'essai, mais au moins qu'il me soutienne, et pas qu'il réagisse comme ça...

La jeune fille se sentait quelque peu mal à l'aise. Parler des histoires de coeur avec son père était une chose qu'elle n'avait jamais faite. Puis elle ne se sentait pas de développer, d'avouer qu'elle avait eu une longue relation avec ce Jason. La jeune Gryffondor se sentait idiote. Exposé comme cela, son problème était véritablement minime. Bien sûr il y avait aussi le fait que son père revienne soudain, ce qui lui avait laissé l'espoir de trop, celui de revoir sa mère. Mais elle ne voulait pas le blesser en lui laissant croire que Rose aurait préféré voir Satine revenir, ce qui n'était pas le cas. Par la même occasion fuguer en France aurait été un moyen de ne plus devoir faire face à ses soucis. Surtout Eden, avec qui les relations étaient bien trop tendues ces derniers temps. Son coeur s'accéléra lorsque Rose se mit à parler de son jumeau.

Rose - Je sais que ces problèmes là ne sont rien à côté de ceux que vous aviez pu vivre maman et toi mais... Je n'ai jamais réussi à faire face à mes soucis...

Rose ¤ Tu t'es souvenu de mon dessert préféré...

John ¤ Comment aurais-je pu l'oublier?

La gourmandise avait toujours été l'un des principaux défaut de la petite Rose. Déjà enfant, lors de leurs rares sorties dans les rues moldues, quand la famille Mandrake passait devant une pâtisserie, le regard de la jeune fille restait accroché aux tartes aux fraises. John savait qu'elle adorait cela, et il n'y avait aucune raison pour que cela change. Mais la Gryffondor ne semblait pas décidée à manger, ce qui montrait bien à son père à quel point elle ne se sentait pas bien. Elle se contentait de jouer avec sa cuillère, faisant ressentir à son père la tristesse qui la préoccupait. L'ex-auror lui demanda d'une voix douce quels étaient ses problèmes. Rose continuait à fixer ses doigts, lui disant sans conviction qu'il n'y avait rien. Mais John n'abandonnait pas ce genre de conversation, surtout que le moral de sa fille en était le principal sujet, et qu'il voulait à tout prix qu'elle aille mieux.

Rose ¤ Je ne sais pas par où commencer... C'est juste que... Il y a ce garçon qui revient vers moi. Je le connais bien seulement il a cette réputation de Don Juan. Mais il me dit qu'il va changer... Alors Eden m'a demandé de choisir entre lui et Jason. Je ne savais pas quoi faire, je suis allée demander conseil à James, mais il l'a très mal pris lui aussi. Je ne lui demandais pas qu'il approuve ma décision de laisser Jason à l'essai, mais au moins qu'il me soutienne, et pas qu'il réagisse comme ça...

Eden avait finalement largement de quoi s'en vouloir. Le jeune Mandrake était décidément encore bien immature. Oser dire à sa soeur de faire un choix entre lui et le garçon qu'elle aimait, quelle stupidité. D'autant plus que Rose était trop faible pour s'opposer à lui et lui faire comprendre à quel point ce qu'il disait était exagéré. Et la connaissant, elle n'avait parlé de cela à personne et avait gardé ses problèmes pour elle, ce qui lui rendait la tâche de les supporter encore plus difficile. La jeune Gryffondor ne pouvait même pas sortir avec celui qu'elle aimait, ou du moins, qu'elle croyait aimer. Car à cet âge-là, les sentiments amoureux peuvent aller et venir comme il leur chante, John connaissait bien les jeunes sorciers pour s'en être rendu compte. Mandrake réfléchissait aux mots qu'il allait employer. Il devait faire attention aux paroles qu'il allait prononcer car il savait que Rose était fragile, et que ce qui pouvait passer pour un rien aux yeux d'une personne pouvait devenir quelque chose de dramatique pour la jeune fille.

Rose ¤ Je sais que ces problèmes là ne sont rien à côté de ceux que vous aviez pu vivre maman et toi mais... Je n'ai jamais réussi à faire face à mes soucis...

John n'avait pas pensé une seule seconde à cela. Il était vrai que survivre à la répression de Mustang n'avait pas été une mince affaire, mais c'était un tout autre problème. Les histoires de coeur étaient toujours compliquées, quoiqu'il arrive. Puis le charme de Rose ne pouvait pas laisser les autres garçons indifférents, donc, forcément, Eden la surprotégeait. Mandrake savait que s'il n'était pas parti, il aurait sans doute eu un comportement similaire, mais moins poussé que celui de son fils. Il revenait bien trop tard pour se permettre ne serait-ce que de donner son avis sur les relations de Rose. Il ne pouvait pas le faire, mais cela ne l'empêchait pas de la surveiller de temps à autre, sans qu'elle ne le remarque. Les propos de la jeune fille perturbaient légèrement John. Elle devait se sentir encombrante pour dire ce genre de choses. Mais ses parents avaient vécu une toute autre époque, et ils étaient ensemble pour se serrer les coudes. Sa Rose était seule, normal qu'elle ne tienne pas face à tant de problèmes.

John ¤ Tu sais, ta mère avait l'habitude de dire qu'il n'y a pas de petits problèmes, et c'est bien vrai. Les soucis de coeur ne sont jamais simples à régler.

Il plongea ses yeux dans ceux de sa fille, y cherchant la moindre réaction. Le directeur de Gryffondor n'était pas bien doué pour aborder ce sujet. Les problèmes de coeur que connaissent les adolescents, lui n'y avait pas eu droit. Satine avait été sa première petite amie, et l'amour de sa vie. Mandrake ne pouvait pas nier que savoir qu'un jeune homme drague sa fille lui déplaisait énormément. Mais elle était grande, et il n'avait pas à se mêler de sa vie privée. Il n'avait pas été là pour lui faire les recommandations que donne un père à sa fille lorsqu'elle sort pour la première fois avec un garçon, et le fait que ce garçon ait été un dragueur avait sans doute amené sa Rose à souffrir. Eden avait rapidement raconté à son père que la jeune fille avait quitté Stewart au bout de trois mois, mais il n'en avait pas dit plus, préférant ajouter que ce gars-là ne la méritait pas. Il était difficile d'avoir une conversation d'adulte dans laquelle les sentiments devaient être mis de côté avec le jeune Mandrake.

John ¤ Je pense que ton frère a compris qu'il a fait une erreur. Il ne te demandera plus de faire ce stupide choix. Mais tu sais, il m'a parlé de ce Jason. Je ne le connais pas, je ne porterai donc pas de jugement, mais si ce garçon est bien comme il le décrit, j'ai peur qu'il te fasse souffrir ma Rose, et dans ce cas-là je lui montrerai que je maîtrise aussi bien la magie blanche que la magie noire. Il lui offrit un nouveau sourire. Mais ce n'était pas réellement de l'humour dont il venait de faire preuve. Il refusait qu'un petit con fasse souffrir sa fille et si celui-ci osait faire couler ne serait-ce qu'une larme de Rose, le directeur de gryffondor lui rendrait sa souffrance multipliée par dix. Après une courte pause, John reprit. Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que tu as eu raison de le mettre à l'épreuve. Attend de voir ce qu'il se passera, et essaie de voir si tu l'aimes réellement. Puis, si tu n'arrives pas à faire face à tes soucis, je serai à tes côtés pour y arriver, à la condition que l'on rentre ensemble ce soir.

Il avait parlé d'une voix calme et posée, comme il le faisait souvent depuis son retour. Peu de choses semblaient réellement l'inquiéter, mais cela devait sans doute être du à la fatigue qui le rongeait. Peu importait à ce moment là, il devait faire comprendre à sa fille qu'ils rentreraient à Poudlard le soir-même, tout en lui montrant qu'elle aurait tout le soutien qu'il lui faudrait. John n'était pas revenu pour rien. Son retour était motivé par le combat contre Mustang, mais surtout par les retrouvailles avec ses enfants, et le fait qu'il pourrait de nouveau être père, et s'occuper des jumeaux. D'un geste lent, il attrapa la main de sa Rose en attendant sa réponse. Sur le sourire du directeur de Gryffondor se lisait l'amour indestructible d'un père pour sa fille.

Rose s'évada quelque peu, pensive. D'un air distrait la jeune fille jouait encore avec la cuillère de métal qu'elle laissait glisser sur les rainures de la table de bois. Elle se sentait légèrement mal à l'aise de parler de ces histoires face à son père. Depuis qu'il était revenu, tous deux n'avaient pas encore eu de discussion véritablement intime, Rose restant quelque peu renfermée vis à vis de lui. Jusqu'à maintenant. Et puis c'était aussi affirmer qu'elle avait bien grandi, que le temps était passé à une vitesse affolante, que la petite fille de sept ans coiffant ses poupées était bien loin. C'était une jeune fille à présent, guidée par les sentiments, courtisée parfois, bien qu'il était difficile de l'approcher tant Eden jouait son rôle de protecteur à merveille. Et elle était là à présent, à parler de ces affaires de coeur avec son père... Relativement gênant en somme. En espérant qu'il ne lui ferait pas l'affront de lui faire un discours sur les relations amoureuses, ce qui l'aurait faite rougir mille fois de malaise. Le seul véritable point de vue que Rose avait sur ces histoires de coeur, c'était encore celui d'Eden qui ne cessait de lui affirmer qu'aucun prétendant ne serait jamais à sa hauteur, et que la gente masculine passait son temps à se jouer des jeunes filles. Par surprotection sans doute. La Gryffondor passa distraitement une main sur sa nuque qui remonta jusque dans ses cheveux blonds, toujours aussi pensive, jusqu'à ce que les mots de son père ne résonnent alors.

John ¤ Tu sais, ta mère avait l'habitude de dire qu'il n'y a pas de petits problèmes, et c'est bien vrai. Les soucis de coeur ne sont jamais simples à régler.

Et quand Rose était au coeur du problème encore moins. Incapable d'y remédier sans avoir peur de les décevoir, elle ignorait ce qu'elle devait faire. Son regard bleu glissa enfin sur son père qui avait prit cet air réconfortant. Rose hocha alors la tête, ne sachant que répondre vraiment. Le véritable souci, comme le lui avait dit James, c'était elle et ses sentiments. Ces mots cruels sur le coup résonnèrent en elle sans cesse. La jeune blonde ignorait pourquoi elle avait laissé une seconde chance à Jason sachant qu'Eden lui avait dressé un ultimatum. Par volonté de s'affirmer sans doute. Mais pour le coup c'était raté. Rose s'était laissée hapée un peu plus dans un gouffre sans fin. Visiblement, la solution ultime était de se détourner de Jason et de passer à autre chose. Rose semblait complètement perdue, mais refusa soudain de se laisser abattre. Ses parents avaient vécu bien pire, sa mère était morte pour ses convictions, son père était parti seul durant dix ans à lutter contre la tristesse, et elle, pauvre petite fille riche, se demandait comment mettre un terme à la jalousie et la surprotection ravageuses de James et Eden. La Gryffondor soupira alors, s'accrochant à cette phrase. Il n'y a pas de petits problèmes.

John ¤ Je pense que ton frère a compris qu'il a fait une erreur. Il ne te demandera plus de faire ce stupide choix. Mais tu sais, il m'a parlé de ce Jason. Je ne le connais pas, je ne porterai donc pas de jugement, mais si ce garçon est bien comme il le décrit, j'ai peur qu'il te fasse souffrir ma Rose, et dans ce cas-là je lui montrerai que je maîtrise aussi bien la magie blanche que la magie noire. Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que tu as eu raison de le mettre à l'épreuve. Attend de voir ce qu'il se passera, et essaie de voir si tu l'aimes réellement. Puis, si tu n'arrives pas à faire face à tes soucis, je serai à tes côtés pour y arriver, à la condition que l'on rentre ensemble ce soir.

Il posa alors sa main sur la sienne, arrachant alors un léger sourire à Rose qui de nouvau avait posé ses yeux turquoise sur la table. Rentrer ce soir... La jeune fille frissonna doucement à l'idée terrifiante de devoir les affronter. Que leur dire... A Eden, à James, à Jason... Qu'elle avait besoin de respirer ? Ils s'éloigneraient alors, tous... Un léger silence s'installa, rythmé par le tintement des verres alentours ou des bruits de tasses posées sur les tables. La jeune fille se mit à penser rapidement, tentant de trouver la solution adéquate. Son père serait là, oui, mais Rose se refuserait à quémander son aide alors qu'il paraissait si fatigué. Elle s'imaginait déjà son retour, s'excusant auprès de son frère comme elle le pourrait, évitant son regard... Et pour lui dire quoi, ensuite ? Je réfléchis encore quant à ma relation avec Jason, mais tu restes le seul à mes yeux ? Rose soupira, sa main de libre venant distraitement se frotter contre sa tempe, le regard ailleurs.

Rose - Je ne sais pas... J'ai peur de les décevoir en revenant.

Ses yeux bleus se posèrent de nouveau vers son père, malgré son sourire et son regard bienveillant ,elle se sentait un poids pour lui. Il avait certainement mieux à faire que de faire changer d'avis une adolescente qui visiblement ne savait pas ce qu'elle voulait. La jeune fille esquissa soudain un bref sourire touché lorsqu'elle se repassa en tête les mots de son père, concernant Eden et lui-même. Entre le père et le fils, il était fort possible qu'elle finisse vieille fille.

Rose - Si un jour tu veux devenir grand-père il faudra bien que vous laissiez en vie ceux qui osent m'approcher. Et puis tu sais bien qu'Eden a tendance à exagérer les choses, à l'entendre Jason a l'air d'un monstre. Je ne pense pas non plus que de voir le Directeur des Gryffondors attaquer l'un de ses élèves soit très bon pour ton image,

dit-elle dans un sourire taquin, avant de reprendre plus sérieusement.

Je ne pense pas trouver l'amour de ma vie à mon âge, c'est juste... une relation de quelque temps.

Son père lui avait demandé de s'assurer qu'elle l'aimait réellement. Rose l'ignorait. Après tout c'était difficile de comparer ces sentiments là, lorsqu'on se trouvait si proche de son jumeau. Son tout. La Gryffondor avait déjà son âme soeur, et elle n'avait pas encore trouvé celui qui brillait autant qu'Eden à ses yeux. Une impression qu'elle ne dirait pas à son père, de peur de ses réactions.

Rose - Ne t'en fais pas ça ira pour Eden et moi...

Sans grande conviction dans ses propos, Rose gardait néanmoins le sourire, peut-être pour le rassurer quelque peu. Si pour qu'il puisse ne pas trop se faire de sang d'encre, il lui fallait jouer la carte de celle pour qui tout allait bien, alors à l'avenir Rose cacherait un peu plus ses angoisses. Sourire tristement, c'était aussi sa façon de montrer aux autres qu'elle les aimait. Mais quelque chose trahissait son malêtre derrière ses airs faussement confiants, elle n'avait toujours pas daigné avaler quelque chose.

Rose ¤ Je ne sais pas... J'ai peur de les décevoir en revenant.

John ¤ Tu n'as pas à t'en faire, c'est en ne revenant pas que tu les décevrais.

Sa voix était grave et assurée. Il savait que sa fille ferait les bons choix, et connaissait suffisamment Eden pour se douter que son fils ne serait jamais déçu par sa soeur, il n'était pas assez stupide pour éprouver de la déception envers sa jumelle. La jeune fille était perdue, et la pression que lui faisaient éprouver les autres ne pouvait que l'amener à cette peur de décevoir. Rose était bien trop gentille pour ne pas se préoccuper de l'avis de ses proches. Elle voulait absolument qu'ils l'aiment pour ce qu'elle était et qu'ils acceptent ses choix. La réaction de James ajoutée à l'ultimatum d'Eden avaient forcément poussé la jeune fille à penser que peu importait le choix qu'elle allait faire, elle décevrait certaines personnes. John se voulait rassurant. Lui ne serait jamais déçu par sa fille, car il l'aimait pour ce qu'elle était et les choix ainsi que les décisions de Rose ne changeraient rien à cela, il continuerait à l'aimer car elle resterait au fond de son coeur sa petite puce qu'il aimait tant.

Rose ¤ Si un jour tu veux devenir grand-père il faudra bien que vous laissiez en vie ceux qui osent m'approcher. Et puis tu sais bien qu'Eden a tendance à exagérer les choses, à l'entendre Jason a l'air d'un monstre. Je ne pense pas non plus que de voir le Directeur des Gryffondors attaquer l'un de ses élèves soit très bon pour ton image. Je ne pense pas trouver l'amour de ma vie à mon âge, c'est juste... une relation de quelque temps.

La première remarque de la jeune fille fit rire Mandrake. Il était vrai qu'un prétendant ayant à affronter le père, ancien auror réputé connu pour ses faits contre les mangemorts, ainsi que le frère, connu pour ses accès de colère et son don pour les sortilèges offensifs, cela pouvait être déstabilisant. Malgré cela, John était persuadé que sa Rose saurait choisir quelqu'un de bien, sur lequel ni lui ni Eden ne trouverait à redire. Mais si ce qu'elle recherchait était une relation à court terme, alors le directeur de Gryffondor ne dirait rien. Cela devenait une habitude chez les jeunes sorciers de la nouvelle génération de sortir avec tout le monde et même n'importe qui. Cela faisait à peine un mois qu'il était de retour dans le monde de la magie et qu'il était présent à Poudlard, et il avait vu certains élèves changer de petites amies quatre ou cinq fois. John, lui, n'avait connu qu'un seul amour, Satine. Il lui avait été fidèle toute sa vie et pas un seul instant il n'avait imaginé que leur relation se terminerait. Même malgré la mort de la jeune femme, il lui restait fidèle, ne pensant pas à avoir une nouvelle relation. Ce qui l'inquiétait, c'était les relations de Rose, mais si elle était heureuse en faisant cela, alors cela ne lui posait aucun problème.

John ¤ D'accord. Je respecte ton choix Rose, et je n'ai pas mon mot à dire de toute façon, la seule chose que je veux, c'est qu'il te respecte et qu'il ne te fasse pas souffrir, sinon, je lui dirai deux mots. Pour les petits enfants, tu as le temps, je suis trop jeune pour être grand-père!

Il était trop jeune, et sa petite fille l'était également. Heureusement qu'elle avait précisé ne pas vouloir d'une relation sérieuse, sinon Mandrake aurait été dans un état indescriptible. Il était hors de question qu'elle soit mère si jeune, et John mettrait un point d'honneur à cela. Il savait bien que ce n'était pas le genre de Rose de vouloir fonder une famille aussi rapidement, il le voyait, mais si l'idée lui avait traversé l'esprit, son père aurait immédiatement posé ses limites. Le retour de Mustang était pour bientôt, et il savait bien ce que c'était que d'élever des enfants dans la crainte que le seigneur des ténèbres ne les trouve et les utilise pour vous faire céder. Surtout que si Heinrish apprenait que John Mandrake avait des petits-enfants, ces derniers seraient immédiatement des cibles pour un enlèvement afin que le directeur de Gryffondor se rende. Mais les projets de sa Rose était tout autre, et cela le rassurait.

Rose ¤ Ne t'en fais pas ça ira pour Eden et moi...

John ¤ Je n'en doute pas, vous avez connu pire. Il marqua une légère pause avant d'ajouter. Mange Rose, je t'emmènerai à la tour Eiffel quand tu auras fini.

Ils avaient leur journée pour eux, mais il était hors de question qu'ils fassent quoi que ce soit si la jeune Gryffondor ne mangeait pas. Elle était faible, n'avait pas avalé la moindre chose depuis son départ de Poudlard, voire depuis plusieurs jours, et même si elle s'inquiétait pour son frère, il fallait qu'elle mange. John lui adressa un sourire chaleureux avant de porter la tasse de café à ses lèvres et d'en boire une longue gorgée. C'était la seule chose qui l'aidait à ne pas s'endormir sur place, la caféine. L'ex-auror avait beaucoup trop de choses à faire pour se permettre de longues nuits de sommeil, sa fatigue était donc atténuée à l'aide du café. Il pourrait passer une journée tranquille avec sa fille, reposant ainsi son esprit agité par les derniers évènements.

C'est en ne revenant pas que tu les décevrais. Rose ne réagit pas, extérieurement la jeune fille semblait calme et pensive, son regard bleu se posant assez peu sur son père. La Gryffondor parvenait rarement à fixer les gens, surtout lorsqu'elle se sentait être la cause de tous les problèmes. Mais elle frissonnait intérieurement, tout se bousculait dans son esprit. Les perdre tous serait le pire des cauchemars, et dans sa détresse Rose n'avait pas pensé que son refus de revenir en Angleterre impliquait la perte instantanée de tous ses proches. Sans eux pour la soutenir, la faire rire ou lui remonter le moral. Son père avait marqué un point, subtilement. Néanmoins la jeune fille continuait de parler de ses problèmes avec une pointe de gêne. Quel avenir pour une fille comme elle, qui ne savait même pas se débrouiller seule... Elle soupira, mais le rire de son père lui réchauffa le coeur et lui arracha un sourire amusé. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi légère. Parler ainsi à son père, qui avait toujours l'art et la manière de trouver les bonnes réponses et un juste milieu lui remontait le moral. Il y avait parmi les grandes personnes présentes lorsqu'il avait été absent tout ce temps, des gens de confiance bien entendu. Néanmoins Rose se voyait mal parler d'histoire de coeur à Dakota, et lorsqu'elle se livrait à Felicity, celle-ci aquiesçait silencieusement avec cette lueur de compassion dans le regard, avant de terminer souvent sur un "l'important c'est de te concentrer sur tes études".

Il respectait son choix, ce qui pour Rose était salvateur. Elle lui offrit alors un sourire, serrant un peu plus sa main dans la sienne pour lui faire comprendre que ses paroles étaient réconfortantes. Le sourire de la jeune fille se transforma en un rire léger, l'on sentait dans les paroles de son père l'inquiétude de la voir fille-mère. Mais la Gryffondor était loin d'être prête à faire face aux joies de la maternité. Trop jeune, trop sensible, se laissant trop déborder par les choses. Et elle savait qu'avant de fonder une famille, elle souhaitait réaliser tous ses rêves. Voyager un peu partout dans le monde, parler le français, jouer du piano... devenir auror. Un point qu'elle n'avait pas encore soulevé avec son père. Et pourtant, au vue de son parcours c'était une aubaine pour elle que d'être la fille du célèbre Mandrake. Cependant Rose appréhendait sa réponse, bien qu'il lui semblait évident qu'un "Tu es libre de tes choix, mais fais attention à toi" viendrait sur le tapis quant à l'évocation de ce sujet délicat. Et Eden... Lui avouer qu'elle aimerait être une grande Auror tout autant que son père décuplerait son inquiétude par dix. Rose y réfléchirait encore.

John ¤ Je n'en doute pas, vous avez connu pire. Mange Rose, je t'emmènerai à la tour Eiffel quand tu auras fini.

Rose - Papa...c'est du chantage.

La jeune fille esquissa une moue presqu'offusquée, celle qu'une adolescente faisait lorsqu'elle voulait faire comprendre qu'elle n'était plus une petite fille, en vain. La Gryffondor finit par sourire finalement et hocher la tête d'un signe négatif, légèrement amusée. Deux points à zéro, jolie prestation. Son père avait trouvé le moyen de lui faire avaler quelque chose, car au fond elle savait pertinemment qu'ils ne bougeraient pas tant qu'elle ne mangerait pas. Aussi la jeune fille mangea son dessert à son rythme, parlant de tout et de rien à son père. De tout, sauf de leur mère, d'Angus, et de ces années nostalgiques où ils étaient unis tous les quatre. Intérieurement, Rose brûlait d'envie de lui demander ce qu'il avait fait durant ces dix années, mais elle jugea sage de ne pas en parler de suite. Le moment venu, son père lui en parlera certainement. Aujourd'hui ils passeraient ensemble leur première journée père-fille depuis bien trop longtemps. L'addition payée, ils allèrent donc s'offrir une balade à Paris. Une longue promenade teintée de rires, de complicité retrouvée et de taquinerie. Même si son père était fatigué, même si son frère lui manquait, la journée passée arrasa tous ses problèmes qui envenimaient son esprit. Son père était revenu, c'était l'un des points les plus importants, Eden finirait par lui pardonner, et au final si James et Jason appréciaient Rose, ils ne pouvaient pas lui en vouloir outre mesure... La soirée approchait, la lumière du soleil diminuait alors, et enfin la jeune Mandrake se tourna vers son père, décidée et sérieuse, avec un peu plus d'affirmation qu'auparavant dans son regard et dans son attitude.

Rose - Ramène-moi à...Poudlard

Même si elle avait honte d'être partie ainsi et de revenir après n'avoir passé qu'une nuit sur place. Qu'elle aurait aimé dire "Ramène-moi à la maison"... mais quelle maison alors ? Les jumeaux Mandrake et leur père vivaient à Poudlard, le manoir était à leur grand-père, pas à eux. Il est vrai que ce qui lui manquait dans l'immédiat, c'était une de ces scènes de famille passées à table tous les trois. Néanmoins cette journée lui avait mis le baume au coeur. Visiblement son père la connaissait mieux qu'elle ne l'avait pensé. Un parfum de rose envoûta les alentours, et la jeune fille lui sourit alors doucement.

John ¤ Je n'en doute pas, vous avez connu pire. Mange Rose, je t'emmènerai à la tour Eiffel quand tu auras fini.

Rose ¤ Papa...c'est du chantage.

John ¤ Je sais, et s'il le faut, je l'utiliserai plus souvent.

Le directeur de Gryffondor lui adressa un clin d'oeil, ainsi qu'un léger sourire en coin. Il avait toujours aimé la taquiner lorsqu'elle était petite, et ce genre d'habitude lui avait cruellement manqué. Rose prit le temps de manger son dessert, discutant avec John de tout et de rien, comme l'aurait fait n'importe quelle fille avec son père. Cette fugue apportait à Mandrake une chose qui lui manquait depuis son retour en Angleterre, un rapprochement avec la jumelle d'Eden. La voir sourire et s'amuser en sa compagnie lui faisait ressentir un bonheur inimaginable. Quand elle eut terminé sa part de tarte aux fraises, l'ex-auror régla l'addition puis l'emmena visiter Paris. Il connaissait déjà les principaux lieux touristiques de la capitale française, mais également quelques endroits magnifiques à voir et que personne ne pensait jamais à visiter. L'après-midi fut faite d'une visite à la tour Eiffel, d'une promenade le long de l'avenue des Champs-Elysées, d'un peu de shopping dans une boutique sorcière ainsi que de multiples moments de complicité entre Rose et son père. Mandrake avait enfin retrouvé sa place dans le coeur de sa fille, et cela représentait énormément à ses yeux. Après avoir passé quelques instants à observer la Seine, la Gryffondor se tourna vers son père.

Rose ¤ Ramène-moi à...Poudlard

John ¤ Tout de suite ma puce.

La jeune fille s'était ressaisie d'elle-même, et cela montrait bien à quel point elle était prête à affronter ses problèmes. Une véritable Gryffondor, à n'en pas douter. Sans plus attendre, John posa une main sur le bras de sa jeune fille et transplana à l'entrée de l'école de sorcellerie. Le soleil se couchait au loin, et une silhouette attendait, assise sur le sol. Qui d'autre qu'Eden aurait pu être là? Mandrake n'eut pas la moindre réaction extérieure, ne montrant pas à sa fille la légère exaspération qu'il éprouvait envers le jeune homme. Il n'avait aucune confiance en son père, et même si cela était justifié, l'ex-auror n'en était pas moins énervé. Il avança lentement en direction de l'entrée du château, Rose à ses côtés. Eden se releva et se dirigea vers eux. Son visage ruisselait de larmes qui avaient dues couler durant tout l'après-midi. Sans un mot, il prit sa jumelle dans ses bras, la serrant de toutes ses forces, sa manière à lui de montrer à quel point il tenait à elle. Puis il partit d'un pas rapide, sans le moindre mot, vers le château. Alors que Rose faisait un geste en sa direction pour le rattraper, John saisit en douceur le poignet de la jeune fille et la retint.

John ¤ Laisse-le partir, ne t'inquiètes pas pour lui, il va bien, il avait simplement besoin de te voir rentrer. Tu lui parleras demain Rose, laisse-le se remettre.

Sa voix était douce et rassurante. Il savait bien qu'Eden se remettrait. Il était son jumeau, et son inquiétude était retombée dès qu'il avait vu la silhouette de la jeune fille apparaitre à l'entrée de Poudlard. John voulait simplement éviter que Rose se montre trop dépendante de son jumeau. Il fallait qu'elle vole de ses propres ailes à présent, sans toujours avoir besoin de la présence d'Eden pour la pousser. Un sourire chaleureux sur son visage, le directeur de Gryffondor fit signe à sa fille de rentrer au château, car il était déjà tard. Mandrake prit la main de Rose dans la sienne et avança d'un pas tranquille dans la parc qui rougeoyait des dernières lueurs du soleil. L'heure du diner approchait, et la Gryffondor allait pouvoir retrouver ses camarades qui s'étaient sans doute inquiétés pour elle. La tête ailleurs, John grimpa les marches menant à la grande porte, tenant toujours la main de sa fille, montrant ainsi qu'il était là pour la protéger, quoiqu'il arrive, et que si elle avait besoin de lui, il serait toujours là.

Rose - Ramène-moi à...Poudlard

John ¤ Tout de suite ma puce.

Elle lui sourit, soulagée. Enfin les mots étaient sortis, par cette requête la jeune fille avait pris une décision, bien plus engagée que ce qu'elle pouvait paraître. Rose voulait rentrer, prête à affronter la réalité des choses, toutes, et à endosser ses responsabilités ainsi qu'assumer ses choix. Même si elle savait pertinemment que cela s'avérerait difficile, et qu'elle ne demanderait pas cette fois le soutien de son père simplement parce qu'il lui fallait faire sa propre vie et faire face aux obstacles. Aussi durs soient-ils. Cette journée au final, lui avait apporté bien plus que ce que Rose avait pu espérer, la jeune Gryffondor avait appris bien plus de sa propre initiative, en venant ici seule, que lorsqu'elle se posait pensive et cherchant des réponses à ses questions. La jeune blonde avait compris qu'elle se devait d'aller chercher d'elle-même la solution, ce qui dans le futur permettrait à Rose de s'affirmer d'avantage. En plus de cet apport non négligeable, sa confiance envers son père avait été entièrement retrouvée, à présent ce dernier n'aurait plus besoin de lui prouver quoique ce soit. La relation père-fille s'était réinstaurée d'elle même, par ce simple geste de venir la chercher. Plus encore, c'était le fait qu'il sache où Rose avait pu se rendre qui l'avait surprise. Ne jamais se fier aux apparences, donc.

Ils transplanèrent auprès de l'entrée de Poudlard, là où la barrière magique ne s'étendait plus. Une once de culpabilité monta en Rose lorsque ses yeux bleus se posèrent sur l'horizon qui s'assombrissait derrière la course du soleil. Leur père était venu la chercher le matin même, Eden avait du attendre dans l'angoisse toute la journée. A cette pensée la Gryffondor baissa son regard au sol, il était évident qu'elle ne lui raconterait pas la nuit passée dans ce motel délabré, quelle aurait été sa réaction en plus de celle qu'il aurait lorsqu'il la verrait de retour. Est-ce qu'il l'ignorerait, est-ce que l'atmosphère entre les jumeaux serait plus tendue ? Ou bien au contraire, si cette fugue les rapprocherait... Elle espérait seulement qu'il comprenne. La jeune fille lança un bref regard à son père tandis qu'ils approchaient de l'entrée du château, Eden se levant lentement. Son coeur se mit à battre trop fort, attendant les remontrances, peut-être. Son jumeau était à présent devant elle, les joues encore humides ce qui serra d'avantage la gorge de la jeune fille. Pour une fois, la Gryffondor ne baissa pas son regard, alors même qu'elle se sentait coupable de sa tristesse.

Rose - Eden je...

Elle stoppa sa phrase lorsque son frère la prit dans ses bras. D'abord surprise par ce geste tendrement silencieux et par cette étreinte qui ne semblait plus vouloir la lâcher, Rose à son tour enlaça son jumeau et posa sa tête blonde contre son buste. La Gryffondor soupira de soulagement, elle avait beaucoup à lui dire. Des excuses en premier lieu, le pourquoi de son départ, de son retour, les réponses à ses questions, et leur père, aussi. La jeune fille frissonna un instant, respirant le parfum de son frère, blottie entre ses bras, sans qu'un mot ne soit échangé. Eden se détacha soudain, un dernier regard pour elle et il s'en alla d'un pas rapide sans aucune explication vers le parc. Rose se retourna alors, étrangement elle ne semblait plus voir son père, mais seulement la tristesse qui avait envahie son jumeau. Elle ne pensait plus qu'à aller le rejoindre, rongée par la culpabilité et la mélancolie de le voir dans cet état. D'un geste quasi-automatique, la jeune Mandrake de ses yeux attristés, esquissa quelques pas vers la direction de son frère, dont la silhouette lointaine n'était plus qu'une ombre. Mais une main vint rattraper son poignet, Rose se tourna alors vers l'entremetteur qui n'était autre que son père. Son jumeau captait tant et si bien toutes ses pensées que la Gryffondor n'aurait même pas pensé à lui dire un simple "je vais le rejoindre". C'était la première fois qu'une personne se dressait entre les jumeaux, sans pour autant que cela soit un mal. Une sorte de barrière symbolique en somme, la figure bienveillante paternelle. Sans y penser, Rose tira d'un coup brusque sur son poignet, inconsciemment mais sans pour autant l'ôter de la main de son père. Sans un mot ses yeux bleus se posèrent de nouveau vers la silhouette à présent indiscernable d'Eden.

John ¤ Laisse-le partir, ne t'inquiètes pas pour lui, il va bien, il avait simplement besoin de te voir rentrer. Tu lui parleras demain Rose, laisse-le se remettre.

Doucement, et d'un mouvement si léger qu'il était difficile de s'en apercevoir, Rose secoua la tête. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui fallait le laisser partir, c'était l'arracher à sa moitié, c'était insoutenable. Les yeux de son père plongés dans les siens lui firent cependant comprendre sur le moment qu'il n'avait peut-être pas tord. Son père lui prit la main, tandis que la jeune fille se tourna une dernière fois vers le parc surplombé d'un ciel sombre, et tous deux entrèrent vers le château en direction de la Grande Salle. Aujourd'hui était un jour qui semblait lui changer le cours de sa vie, il y avait à présent pour elle la figure paternelle et fraternelle, celle qui faisait qu'Eden n'avait plus à enrôler le rôle du chef de famille. Cela le soulagerait sûrement d'un poids, espérons-le. Des conversations enjoués et des bruits de vaisselle leur parvenait de la Grande Salle, Rose paniquait intérieurement de voir des regards se tourner vers elle lorsqu'elle rentrerait, se demandant où elle avait passé la nuit, où elle était allée, et pourquoi son jumeau s'était mis dans un tel état. Mais extérieurement, seul un faible sourire persistait.

Rose - Merci papa. Et... Je suis désolée de t'avoir fait perdre du temps.

Que dire d'autre... Lui avouer qu'elle avait passé une bonne journée aurait été déplacé, même si la vérité était là. Elle était partie à cause d'une tristesse et des remords, elle revenait le coeur gonflé de hardiesse et de réponses tant voulues.

Rose sembla perdue après que son père l'eut empêchée d'aller rejoindre son frère. Elle donnait l'impression à John que c'était la première fois que quelqu'un s'interposait entre elle et son jumeau, ce qui le fit frissonner. Il savait bien que ses enfants étaient très proches, ce qui était normal après tout ce qu'ils avaient vécu, mais une relation impliquant une telle dépendance de la part de Rose envers Eden inquiétait l'ex-auror. Certes, les jumeaux avaient dû supporter la perte de leurs deux parents malgré leur jeune âge, puis l'éducation d'Angus, qui n'avait pas dû être des plus aisées à endurer. John connaissait très bien McIllian, il savait ce que Satine avait vécu durant son enfance, et le fait qu'Eden et Rose soient les enfants de Mandrake, l'homme que le vieux sorcier détestait le plus sur terre n'avait pas dû arranger les choses pour les deux Gryffondors. Mais que Rose ait tant besoin de son frère, l'ex-auror ne pouvait pas l'accepter. Elle avait besoin de prendre son propre envol, sans que son jumeau ne soit toujours derrière pour la pousser. Lentement, le père et la fille montèrent les escaliers afin de se retrouver dans le hall du château.

Rose ¤ Merci papa. Et... Je suis désolée de t'avoir fait perdre du temps.

John leva les yeux au ciel et poussa un léger soupir, montrant à quel point ce genre de propos prononcés par la Gryffondor l'exaspérait. En aucun cas elle ne lui avait fait perdre du temps, au contraire. Il préférait la savoir heureuse et en bonne santé que d'avancer dans ses recherches et son travail. Elle avait eu besoin d'aide, sa fugue n'était rien d'autre qu'un appel au secours, et y répondre était une priorité pour l'ex-auror. Quel père aurait pu laisser sa fille courir un grave danger sans rien faire? Certes, John avait eu beaucoup de chance de deviner l'endroit où était partie Rose, sans doute guidé par l'instinct, ou une présence. Satine? Mandrake n'en avait pas la moindre idée. Bien entendu, il ressentait sa présence de temps à autre, mais était-ce réellement l'esprit de sa femme décédée qu'il pouvait sentir à ses côtés ou le fruit de son imagination auquel s'ajoutait le vide causé par l'absence de Satine? Il n'en avait pas la moindre idée. Mais avec la magie, tout pouvait arriver. Le plus important était que Rose allait bien, était en bonne santé et avait manifestement passé une bonne journée, ce qui réjouissait son père.

John ¤ Tu sais Rose, pour moi, passer du temps avec ma fille est loin d'être du temps perdu, au contraire. Il marqua une courte pause, durant laquelle il jeta un regard dans la grande salle. Eden n'y était pas, il avait sans doute dû monter à son dortoir, mais John ne se faisait pas de souci pour lui. Il reposa ses yeux sur Rose avant d'ajouter. Va rejoindre tes amis. Je t'aime Rose.

Le directeur de Gryffondor déposa un baiser sur le front de sa fille puis lui adressa un sourire affectueux avant de se tourner pour grimper les marches de marbre qui le mèneraient au premier étage. Il devait reprendre ce qu'il avait commencé le matin même, son boulot n'était pas fini. Mais il ne regrettait en aucun cas la journée passée avec sa fille. Ces petits moments de complicité qui s'étaient succédés durant la journée avaient contribué à faire renaitre la relation père-fille dont John avait tant besoin. Il ne lui manquait qu'à se rapprocher d'Eden pour que tout soit parfait. Mais il savait qu'avec les derniers évènements, son fils ne pouvait que se sentir mal. Il avait causé la fugue de sa jumelle et tout allait de travers pour lui ces derniers jours. Mandrake se dirigea d'un pas assuré vers son bureau, dans lequel il pénétra sans bruit. Il n'allait sans doute pas manger grand chose ce soir-là, sauf si l'elfe de maison qu'il avait chargé plusieurs fois de lui apporter un sandwiche en guise de diner dans son bureau remarquait son absence à la table des professeurs. Mais cela importait peu, le travail était bien plus important aux yeux du directeur de Gryffondor que manquer un repas. Puis, son esprit était toujours ailleurs, aux côtés de Rose sans aucun doute. Le bonheur se lisait dans ses yeux, le bonheur d'avoir pu sauver sa fille, et de l'avoir rendue heureuse le temps d'une journée.

[RP terminé. T'aime ma Rose Because she's an angel -PV 322925

]
{Edit Rose : gniia Because she's an angel -PV 322925

}

» Nolan & Melvin ANTONY - ANGEL DUST