PANDORA-LE CLAN DOYLE

La pluie tombait drue sur les îles Orcades. Un ciel de plomb écrasait le paysage délavé par les cordes d’eau et dans le loin, l’ombre lugubre du Manoir Doyle se laissait entrapercevoir.
On devinait quelques lumières.
A l’intérieur, l’orage martelait les carreaux des grandes fenêtres.

ANNA-Quand nous retournerons à Poudlard je me ferais la main sur cette petite peste de Mandrake.
ARTHUR-J’ai toujours pas compris ce qu’elle t’a fait ?
ANNA-Rien du tout. C’est juste sa tête qui me revient pas.

La jeune fille partit d’un grand rire ridiculement cliché, l’autre ne bronchait pas, l’air un peu abruti. Un troisième garçon, plus jeune, les cheveux noir de jais, se tenait près de la fenêtre, retiré dans un silence indifférent.

ANNA-Qu’est ce que tu fiches Alastor ?
ALASTOR-Il y a quelqu’un là en bas.
ARTHUR-Laisse le Ann, c’est un abruti, il raconte n’importe quoi comme d’habitude.

Arthur revint s’assoir sur la moquette, près de la cheminée. Il n’avait rien vu. Alastor avait toujours été le plus bizarre de la famille, il s’inventait des histoires pour se tenir compagnie lorsque son frère et sa sœur revêtaient leurs uniforme de Serpentard et reprenaient le chemin de Poudlard.
Anna eut une petite moue supérieure et méprisante. Puis rejetant ses boucles noires en arrière elle donna un petit coup de baguette et son fou alla désarçonner le cavalier de verre d’Arthur.

ISEULT-Vous n’êtes pas encore au lit ?! Allez dépêchez vous, dans cinq minutes je ne veux voir personne debout. Beth ? Où est donc passé cette stupide gouvernante ?!ANNA-Tante Minerva lui a fait peur je crois…,’ fit la gamine avec un rire résolument méchant.

Puis elle enfila sa chemise de nuit. La mère répondit d’un sourire.

ISEULT- J’avais dit à votre père…Alastor ! qu’est ce que tu fabriques près de cette fenêtre !! Tu finiras par attraper froid, allez viens te coucher.
ALASTOR-Il y a quelqu’un. Là. En bas.
ISEULT-Mais non, il n’y a personne,’ fit-elle pour se débarrasser après un bref regard.

Les rideaux se fermèrent brusquement sur le visage du petit garçon aux cheveux noirs. En bas une silhouette drapée de noir disparut avec un bref salut de la tête.
Pandora posa un index sur ses lèvres scellées, et eut un pâle sourire pour le dernier né des Conan Doyle.
Elle glissait dans la nuit attendant son heure. Levant son visage d’ange aux cieux déchaînés. La pluie glacée ruisselait sur l’or de sa peau et faisait couler le khôl de ses yeux comme des larmes de suie.
Elle rabattit son large capuchon sur sa tête. Dieu sait combien de temps elle avait passé là, à méditer sous la pluie. Dieu ou peut être Mustang. Oui elle espérait bien qu’il le savait. L’heure était venu. Un mince sourire vengeur éclaira son visage, elle se leva. Sa longue cape trainait derrière elle, avec un bruit étouffé. Le Manoir était plongé dans un profond sommeil.
Trois coups sur le heurtoir d’acier et elle transplana à l’intérieur.

IRVIN-Vous croyez que Mustang ne nous a pas mis en garde ?

Un sortilège de Doloris fusa, éclairant le visage de Pandora. Elle se libéra de sa cape d’un geste des épaules, tira sa baguette tandis que la lourde étoffe de velours noir tombait au sol avec un bruit sourd.

MINERVA-C’est elle ?
IRVIN-Oui, va chercher Iseult et Ford !

Une femme efflanquée était apparue en haut des escaliers, une lueur démente s’était allumée dans son regard quand il se posa sur celui de Pandora. Elle disparut et revient avec deux autres femmes et un homme au physique lourdaud.
Pandora et Irvin Doyle étaient déjà en plein combat. La vengeance avait le regard froid, elle ne fournissait pas d’efforts notables et ses sortilèges fusaient avec une note presque esthétique.
Pas un mot ne passait les lèvres de l’invitée des Doyle.

CALIXTE-Irvin je vais le prévenir.
IRVIN-Non pas maintenant !!!

Le grand blond attrapa ladite Calixte par le poignet, la retenant de toucher la marque qu’elle avait sur la langue.
Ford lança un incarcerem. Il voulait se la garder un peu avant d’en finir. Mustang n’avait rien spécifié. Morte ou vive elle valait la même chose : pas un gallion. Autant y trouver un peu de plaisir tant qu’on y était. Et puis cette garce avait massacré pas mal de types qu’il connaissait depuis Poudlard. Ruth Evans, Hartigan, Dorofey, Kareff, Lee Hamilton…
Pandora eut un geste souple du poignet, un immense Serpent de feu balaya la salle et le sortilège de Ford, qui esquiva du mieux.
Le clan Doyle transpirait la haine, Pandora leur répondit d’un sourire provocateur. Aiguisé comme une lame de rasoir.
Un sortilège de stupéfixion jaillit de sa baguette en direction de Minerva, l’effleurant à la joue, la marquant dans la chair. Pendant ce temps, Irvin et Calixte décrivait un cercle autour de Pandora. Leur baguette se rejoignaient en un flux magique qui émettait une espèce de lumière noire. Il suffisait que Ford et Iseult occupe un peu cette saleté d’assassin et ils verraient bien si la mystérieuse Pandora était aussi surnaturelle que certains le disaient parmi les mangemorts. Le filet du Diable de Calixte et Irvin venait de prendre Pandora en traître.
Ses longs cheveux raides flottaient avec légèreté jusqu’aux creux de ses reins et elle ne faisait rien pour se défendre. Il n’y avait rien qu’on puisse faire contre un tel sortilège de toute façon.

FORD-Les autres arrivent.

Anna et Arthur descendirent les escaliers à cet instant. Pandora fut la première à les voir. Ses grands yeux entièrement noirs s’étaient tournés vers les deux enfants tandis qu’elle accueillait le filet du Diable, ses deux bras ouverts comme pour embrasser le sortilège.
Le flux magique se divisait en plusieurs fils qui venaient s’entourer autour de ses bras. Elle pencha la tête et une expression assez dissuasive passa sur son visage comme elle voyait la fille aînée de Doyle tirait sa baguette pour lui lancer un sortilège.
Pandora ne semblait pas souffrir, le sortilège la lacérait au sang et bientôt quand sa gorge serait prise elle suffoquerait lentement. Ford, Minerva et Iseult observaient tranquillement tandis que d’autres membres du clan Doyle transplanaient.

FORD-Alors ma belle : pas si surnaturelle finalement.

Ford s’approcha de Pandora, une expression de suffisance sur le visage. C’était un homme influent, et bien qu’il ne fut pas le chef du clan, c’était lui qui prenait toutes les décisions. Il posa sa main sur l’épaule de la femme et d’une faible pression lui imposa de ployer le genoux.
Pandora leva sur lui des yeux. Le sortilège entrait dans sa chair et lui faisait des blessures cuisantes mais elle semblait endurer ça tranquillement. Son souffle était sifflant et continu, comme si elle cherchait à aspirait quelque chose.
Ford lui releva le menton et regarda ses doigts. Un peu d’or y était resté. Il se frotta les doigts pour enlever machinalement la poudre d’or.
La lumière du sortilège de Calixte et Irvin s’éteignit en Pandora. Elle souffla une poudre d’or fine au visage de Ford et des particules se répandirent sur toute l’assemblée.
Ils étaient marqués, elle pouvait en finir maintenant.
Ford se redressa surpris. Il brandit sa baguette.

FORD-Avada Kedavra

Mais il était trop tard. Un instant on put lire la terreur dans ses yeux. Pandora esquiva le sortilège comme dansant sur une musique silencieuse et lugubre. Son corps serpentait de mangemort en mangemort, les sortilèges fusaient sans l’atteindre.

IRVIN-Lacanum inflamare !

Trop tard. Une bulle nacrée protégea la tueuse. Elle continua sa danse macabre. Et quelque instant plus tard, quand elle eut fini, il n’y avait plus de clan Doyle. Anna et Arthur s’enfuirent en courant dans les escaliers. Mais Pandora apparut devant eux, sans un bruit. Elle se pencha et les attrapa à la taille, les serrant doucement contre elle comme des enfants que l’on cherche à endormir. Ils retombèrent mollement dans ses bras, l’esprit vide de souvenir. Elle ne tuait jamais les enfants, même ceux qui marchaient déjà dans l’ombre de Mustang.
Elle leva les yeux vers le hauts des escaliers avant de retourner sur ses pas. Elle transplana dans la chambre à l’étage où Alastor attendait. Il la toisa courageusement. Ses prunelles noires défiaient l’intruse. Pandora avança vers lui et passa une main sur son front, dégageant quelques mèches noires. Il tomba mollement au sol lui aussi.

En bas, les Doyle gisaient froids comme la pierre, sauf Ford qui agonisait, étendu sur le tapis de la grande salle du bas. Toujours respectueuse, Pandora posa un genou à terre, prêt de lui.


PANDORA- Je suis désolée,’ fit-elle d’une voix monocorde.

Elle se pencha sur lui et passa ses mains sur son visage, abaissant les paupières du mangemort. Elle prit sa douleur pour elle pour lui donner une mort tranquille, comme aux autres. Sur le visage dur de Ford, des petits grains d’or attendaient Mustang.
Elle se dirigea vers la sortie et ferma la porte doucement derrière elle, comme on ferme la porte d’une chambre d’enfant.
Sans crac sonore, elle transplana laissant Pandora derrière elle.

Asphodèle poussa la porte de son bureau. Il lui restait quelques copies à corriger. Elle laissait Pandora à Mustang.
C’était elle qui affronterait le Seigneur des Ténèbres a moins qu’il ne préfère voir ses serviteurs disparaître un à un comme le puissant clan Doyle. Il ne remettrait jamais la main sur les enfants, elle n’avait pas de soucis à se faire pour eux. Jusque là, elle s’en était toujours pris à des individus isolés, à part avec Lee et Carson Hamilton. Le clan Doyle était le début d’une longue série…à moins qu’Heinrish Mustang ne s’en mêle.