Stairway To Heaven... (libre)

Et voilà l'année avait recommencé. Talulla avait retrouvé ses petites habitudes : cours, salle commune, dortoir, Théa, Tania et tout le monde. L'ambiance était bonne mais déjà elle éprouvait le besoin de s'isoler, la musique lui manquait déjà, cette sensation d'étouffer, de manque. Il faut dire aussi que le beau temps qu'il faisait encor, le vent doux, le murmure du grand air, lui donnaient envie de sortir de profiter ce moment privilégier pour retrouver sa guitare. Laissant sa petite soeur à ses récrimination selon lesquelles elle voulait qu'elle reste avec elle ou encore qu'elle ne voulait pas que sa soeur indigne l'abandonne...

Talulla - Allez oust petite peste laisse moi donc tranquille... Va voir tes potes...
Théa - Maaais euh !!! Nan j'veux rester avec toi !!
Talulla - Et moi j'veux être tranquille. Va jouer chez les mioches allez oust !!

Le ton de Talulla avait empêché Théa de répliquer alors que derrière les amis rigolaient. Ronchonnant, Théa s'éloigna enfin et Talulla se mit à rire une fois qu'elle fut hors de vue.

Talulla - Ha la petite peste... dit elle avec un sourire attendri.

Allez hop, direction la salle commune pour prendre sa guitare, ses partitions et sa plume à papote. Le sourire toujours aux lêvres, Talulla semblait heureuse, une fois n'est pas coutume, mais sa soeur l'attendrissait, elle était son rayon de soleil, bine que ce n'était pas dans ses habitudes de le montrer, rebelle jusqu'au bout des ongles. Elle croisa alors une bande de filles se voulant les personnes les plus importantes de l'école, vaniteuses, prétentieuses, pédantes... Les apercevant, le sourire de la belle rouquine s'effaça, ne pas leur montrer de sensiblerie ni d'émotion à ces prétentieuses. L'air cool, sûre d'elle, Talulla s'avança vers ces gamines chez qui elle ne percevait que haine, jalousie, égocentrisme... Arrivée à leur hauteur, elle passa à côté d'elles sans leur adresser le moindre regard, ni faire le moindre mouvement pour les éviter ou leur faire croire qu'elles étaient quelqu'un d'important. Ce qui eut pour effet immédiat de les énerver, alors que Talulla en rgolait intérieurement...

Fille 1 - Hey pousse toi de là tu nous gênes !!!
Talulla - Pardon ? Tu disais ? Désolée j'étais occupée à respirer, je n'ai pas entendu ce que tu disais...
Fille 1 - Hey tu te fous de moi ou quoi là ?
Fille 2 - Wé elle se prends pour quoi cte folle ?
Fille 3 - Tu vas morfler j'te le dis moi...
Talulla, d'un calme olympien - Moi me foutre de vous ? Oh mais nan quelle idée. Vous me faites peur... vous voyez pas ? je tremble...

Ce qu'elle disait et le ton employé ne correspondaient pas du tout, ce qui avait le don d'énerver encore plus les trois gamines. Leur expression montraient qu'elle commençait à comprendre que la jeune rouquine se foutait d'elles, mais il était trop tard, car déja elle s'éloignait...

Fille 1 - Heeey reviens là !!! J'te cause !! Tu vas m'écouter oui ?
Talulla - Je n'écoute que les personnes qui disent des choses plus intéressantes que le silence. Sur ce je vous laisse mesdemoiselles, je pense que vous avez besoin de temps pour cogiter ce que je viens de vous dire, et je suis super occupée aujourd'hui...

La fille qui semblait être la chef de la bande était sur le point de répliquer, mais elle se ravisa, sachant pertinemment que Talulla allait la moucher encore une fois si elle lui lançait une réplique. Elle rageait et se promit qu'un jour elle aurait sa vengeance sur la rouquine. Un peu plus loin, elles entendirent un éclat de rire, c'était Talulla qui riait, ravie de cette rencontre fort intéressante. Arrivée à la salle commune de Gryffondor, elle croisa une de ses camarades, Stelly, gentille fille de quatrième année, un peu renfermée et peu sûre d'elle mais avec un grand coeur.

Stelly - Et bien que t'arrive-t-il Talulla ? Tu as l'air de bonne humeur...
Talulla - Oh ce n'est rien, je viens juste d'énerver et de casser trois pestes prétentieuses.
Stelly - Oh... Ah je crois savoir de qui il s'agit... Bravo Talulla.
Talulla - Merci. Bah faut dire qu'elles sont pas futées... T'aurais vu leurs tête quand elles ont remarqué que je n'avais pas peur d'elles et que je leur répondais sans perdre mon calme, et surtout quand elles ont compris que je me foutais d'elles... Un vrai régal... Bon sûr ce je te laisse...
Stelly - Ah tu vas encore t'isoler pour répéter ?
Talulla - Oui c'est ça, ça me manque...
Stelly - Et béh, t'es vraiment une passionnée toi...
Talulla - Et oui...
Stelly - J'pourrais venir t'écouter un jour ?
Talulla - Oui si tu veux un jour. Bon je te laisse.

Un passage éclair dans le dortoire, juste le temps de prendre sa guitare, ses partitions, sa plume et elle était déjà repartie en faisant un signe de la main accompagné d'un sourire à Stelly. Elle dévala en vitesse les marches du grand escalier, croisant encore quelques groupes d'élèves, mais elle était déjà dans son monde et ne les remarqua même pas. Une fois dehors, Talulla pris la direction d'un petit coin agréable qu'elle connaissait, au bord du lac, masqué par un bosquet, idéal pour ne pas être dérangée. Assise dans ce petit coin de paradis, elle respira quelques grandes bouffées d'air en fermant les yeux, une vision de liberté s'installa dans son regard clos. Huuum le grand air, il n'y a que ça de vrai. Quelques minutes s'écoulèrent, combien ? Elle n'en avait pas la moindre idée, dans son monde le temps ne s'écoule pas de la même façon. Un bruissement de feuilles la sortit brusquement de ses rêveries. Elle ouvrit les yeux, légèrement désorientée et scruta les alentours cherchant l'intrus... Etait-ce une personne ? Un animal ? Le vent ? Ou était-ce seulement son imagination ?

Talulla - Ya quelqu'un ? Répondez !!

Voix sêche mais non agressive. Elle attendit quelques instants entendant l'oreille, mais elle n'entendit plus rien. Dans un soupir elle se détendit, frustrée d'avoir été coupée de son monde féérique.

Talulla - Pff arrête ta parano ma vieille...

Cet intermède passionnant eu tout de même comme efet de ramener la jeune fille à la réalité et ainsi aborder de façon plus pargmatique. Elle s'installa alors confortablement contre le tronc d'un arbre et sortit quelques partitions qu'elle étudia un moment en les corrigeant ou les modifiant, afin de trouver la mélodie parfaite, avant de prendre sa guitare. Que jouer ? Une composition ? Un air connu ? Les arrangements qu'elle venait de faire ? Elle opta pour une des plus belles chansons à la guitare qu'elle connaissait : Stairway To Heaven de Led Zeppelin. Une des premières chansons qu'elle avait apprise et que tout guitariste qui se respecte devrait connaitre. Même le nom était magnifique... L'escalier pour le ciel... Ou comment, grâce à une chanson, s'approcher du Paradis.

Elle commença alors à jouer, ses doigts effleurèrent les cordes pour qu'un son presque divin s'échappe de la guitare magique. Elle en fredonnait également les paroles d'une voix cristalline. La voilà partie dans son monde, en chemin pour le Ciel, To Heaven... Plus rien ne comptait, excepté les notes qu'elle sortait de sa guitare et les paroles qui sortaient de ses lêvres.

Les notes de musique égrennaient le temps qui ne comptait désormais plus pour la jeune rouquine aux yeux azur. En route pour son Paradis, elle ne remarqua pas l'ombre qui se profilait au dessus d'elle, ni la personne qui se permettait de cacher son soleil. Il lui fallu pas mal de temps pour s'apercevoir de cette présence étrangère à son monde d'illusion, ce ne fut que lorsqu'elle entendit parler qu'elle revint à la réalité. Désorientée, le coeur battant à tout rompre, elle regardait l'intrus sans le reconnaitre un moment. D'une voix tremblante, elle demanda alors.

Talulla - Pardon ? Je suis désolée, je n'ai pas entendu ce que tu as dis...

Dina - Non mais j'y crois pas ... La prochaine fois, elle passera pas.
Katleen - Juste qu'elle est jalouse...
Clara - Hé ... Salut Russel !

Le jeune Serpentard se contenta d'hausser les sourcils d'un air désespéré, mais il ne leva pas le nez de son bouquin pour autant. Assis bien tranquillement dans son fauteuil préféré de la salle commune, il pesta contre les trois dindes gloussantes qui se dirigeaient vers lui telles des groupies vers leur idole. Russel baissa le livre dans un soupir, fixant les jeunes filles de ses yeux de braise, il répliqua froidement :

R.~ Vos glapissements me donnent mal à la tête. Allez donc faire un tour. J'en sais rien moi, la forêt interdite ?
Katleen - Déconne pas, c'est dangereux, gloussa la plus blonde des trois, pensant à une blague.
R.~ Justement... répondit-il le plus sérieusement du monde.

Russel reprit sa lecture, portant l'ouvrage au niveau de ses yeux de jais, lorsqu'une fine main l'abaissa aussitôt. Le Serpentard dut se résoudre à garder son calme et écouter sagement la conversation d'une oreille.

Dina - Les Gryffondors sont tous des idiots.
Katleen - On est tombées sur Tallula.
Dina - Tu sais, la rouquine ? La sans amie toujours avec sa guitare...
Clara - Elle n'a pas voulu se pousser sur notre chemin.
R.~ Quel drame, rétorqua Russel d'un ton ironique.
Katleen - Une vraie tête de troll celle-là.
R.~ Regarde toi dans un miroir, Jonhson, on en reparlera après.

Excédé, le jeune Mustang se leva sans un regard pour les demoiselles assomantes, sans cacher son exaspération. Il fourra son livre dans son sac, sous les yeux ronds des trois pestes et tourna les talons en direction de la sortie. Russel pouvait déjà entendre les gémissements larmoyants de Katleen.

Dina - Russel, tu vas où ?
R.~ Vous m'emmerdez, j'me casse...

Clair, net, précis. Il était temps d'aller faire un tour et de respirer de l'air pur loin de ses camarades fatigants. Ironie du sort ou non, Russel tomba sur quelques connaissances Serpentarde. Un petit groupe qui admirait le jeune garçon pour sa famille au passé noir et sa réputation d'impulsif, et qui de ce fait le suivaient à peu près partout. Le seul véritable ami de Russel se prénommait Duncan, Serpentard de son année, les autres ne servaient qu'à son profit. Il se dirigea vers le grand Hall, sans prendre vraiment attention à l'attroupement derrière lui tentant tant bien que mal de lui faire la conversation. Il était difficile d'arracher un mot à Russel lorsqu'il s'était résigné à ne rien dire. Sa brève tranquillité troublée l'avait mis de mauvaise humeur, mais son visage impassible ne laissait rien paraître. Arrivé sur le seuil de la porte, il put prendre une bouffée d'air frais, avant de sortir une cigarette de sa poche qu'il alluma aussitôt.

Dean - On fait quoi, on va se faire une partie de Quidditch ?
Chris - Ou juste faire un tour ?

Russel inspira une bouffée de fumée grise qu'il recracha lentement, sans un regard pour ses compagnons qui s'évertuaient à trouver une occupation. Quelle belle bande d'abrutis. Ils ne semblaient pas avoir compris que Russel désirait simplement s'isoler. Son air froid et distant était pourtant un bon indice.

R.~ Vous pourriez vous taper un troll que j'en aurai rien à faire. Fichez moi la paix.

La cigarette aux lèvres, Russel laissa ses camarades sur place sans ajouter un mot. Il voulait seulement bouquiner tranquillement, qu'on le laisse seul avec ses pensées. Ne pas être dérangé chaque fois qu'il se poserait. Il connaissait un endroit impeccable. Caché de tous par de petits bosquets au bord du lac. Mais plus Russel s'approchait de son jardin secret, plus il était persuadé qu'il ne serait pas seul. Un pressentiment. Lorsque Russel s'approcha des bosquets, il reconnut la rouquine dont lui avait parlé les trois pestes, et rien que pour les avoir envoyé balader elle avait gagné un tout petit point bonus dans l'estime de Russel malgré son statut de Gryffondor.
La poisse. Même cet endroit là était occupé. Il n'y avait donc aucun moyen de se retrouver seul dans cette école ?

Talulla - Ya quelqu'un ? Répondez !!... Pff arrête ta parano ma vieille...

Le Serpentard ne répondit pas, se contentant de s'appuyer contre un des nombreux arbres, profitant de l'ombre des bosquets pour se fondre dans le paysage. Tirant de temps à autre sur sa cigarette, il observait les jolis traits de la rouquine légèrement rêveuse. Elle se mit alors à jouer, pensant être seule. Stairway to heaven. Une chanson magnifique mais Russel préférait s'amputer d'un bras plutôt que de l'avouer. Il en connaissait les paroles, légèrement. Le Serpentard finit par s'approcher doucement de Tallula.

R. ~ C'est pas mal ce que tu joues. -et encore, parlons là d'un euphémisme-
Talulla - Pardon ? Je suis désolée, je n'ai pas entendu ce que tu as dis...

Sa voix tremblante le fit sourire, et il ne se gêna pas pour s'assoir auprès de la rouquine, tirant quelques bouffées de sa cigarette.

R.~ C'est toi qui as eu affaire à Dina et ses deux dindes pas vrai ? Elles ont un cerveau pour trois, faut pas se miner pour elles... Le regard de Russel était plongé sur le lac d'un air pensif, avant qu'il ne le dirige vers Talulla. D'un ton flatteur il rajouta : T'arrêtes pas pour moi, c'est très beau ce que tu joues. Continue.

Tant qu'elle comptait pas sur lui pour chanter...

Les hautes sphères dans lesquelles Talulla se trouvait à présent étaient à cent lieues de la Terre originelle. C’était un monde de douceur, de rêverie où la musique était omniprésente et où chacun vivait en paix avec soi-même et avec les autres… Douce utopie que cette vision du monde idéal que la miss rouquine se créait quand elle jouait. Une façon de fuir la réalité ? Probablement. L’humain est lâche par nature et est enclin à fuir les difficultés. Pourquoi résister à cette nature profonde ? Même le plus valeureux combattant, le plus noir des mages noirs, le plus bagarreur des fauteurs de trouble, tous rêvent un jour de s’enfuir dans un endroit calme, idéal selon leurs valeurs… Talulla se créait le sien dans la musique…

And it's whispered that soon
If we all call the tune
Then the piper will lead us to reason
And a new day will…

R. ~ C'est pas mal ce que tu joues…

Hein ? Qu’est-ce qu’il dit lui ? Qui ose interrompre cette levée du jour nouveau ? Qu’est-ce qu’il me sort ? Brusque retour à la réalité, réalité lourde et pesante. L’état dans lequel Talulla se trouvait semblait proche de la transe, et tout le monde sait qu’il est fortement déconseillé de brusquer quelqu’un qui sort d’une transe, comme d’une hypnose… Mais là… Son cœur n’avait fait qu’un bon, mais quel bon, il aurait presque pu s’arrêter. Quelle frayeur ! La jeune fille se calma tout de même rapidement et arriva à parler à cet intrus qu’elle n’arrivait encore pas à reconnaître.

Le trouble saisissant Talulla semblait amuser le jeune homme. Tien un serpentard, la jeune gryffondor n’avait pas remarqué ce détail à contre-jour, mais maintenant qu’il s’était assis près d’elle, c’était un détail qui lui sautait aux yeux. Les clivages inter-maisons n’intéressaient pas Talulla, elle préférait juger les gens sur leur personnalité et leur personne que sur leur maison. Mais elle savait que beaucoup ne pensaient pas comme elle, surtout les serpentard, aussi voir un vert et argent s’asseoir près d’elle comme ça, elle ne s’y était pas attendue…

Elle l’observa un moment tirer sur sa cigarette, se demandant bien ce qu’il voulait, car n’ayant pas entendu ses paroles, elle était dans l’expectative. A force de l’observer, elle remarqua qu’il était vraiment un beau jeune homme et son regard avait quelque chose de mystérieux qu’elle-même, avec sa sensibilité pour distinguer la personnalité cachée des gens, ne pouvait comprendre. Toujours est-il qu’elle n’avait pas cessé de l’observer, n’étant pas encore tout à fait revenue à la réalité. Lorsqu’il reprit la parole, elle sursauta.

R.~ C'est toi qui as eu affaire à Dina et ses deux dindes pas vrai ? Elles ont un cerveau pour trois, faut pas se miner pour elles...

Talulla – Euh… Dina ?répondit-elle en essayant de rassembler ses esprits pour comprendre de qui il parlait. Une image de la pimbêche et de ses deux camarades croisées dans le couloir lui revint en tête. Ah oui ce sont les trois pimbêches que j’ai croisées dans le couloir ? Je crois qu’elles se sont offusquées du fait que je ne leur ai pas accordé l’importance qu’elles veulent se donner… Je pense aussi qu’elles n’ont pas bien saisi le sens de ce que je leur ai dit… Mais ça ne m’étonne guère.

La rouge et or avait continué à observer le jeune homme tandis que son regard se perdait dans les confins du lac noir. Qu’observait-il ? Avait-il remarqué une bête mystérieuse errante entre deux flots ? Etait-il seulement en train de rêver ? Lorsqu’il détourna le regard du lac pour le poser sur Talulla, la jeune fille détourna le sien pour contempler à son tour le lac, soudain devenu très intéressant. Mais pendant un très court laps de temps, qui dura peut-être une seconde, les deux regards se sont croisés et la gryffondor avait essayé de capter dans les yeux du serpentard sa personnalité profonde. Elle n’y avait vu des sensations confuses, il était impossible de lire en lui, ce qui troublait la belle car elle n’avait que rarement eu d’échecs sur ce point là.

R.~ T'arrêtes pas pour moi, c'est très beau ce que tu joues. Continue

Le ton flatteur du jeune homme surprit Talulla qui le regarda à nouveau, essayant de sourire. Elle qui avait l’habitude de jouer seule, il fallait à présent jouer devant quelqu’un, et pas n’importe qui, devant un jeune homme qui l’intriguait, ce qui était loin d’être facile.

Talulla – Hum… Où j’en étais déjà… ? Tu préfères que je recommence depuis le début ?

La jeune fille allait se remettre à jouer quand des éclats de voix se firent entendre au loin dans le parc.

Fille 1 – Hey le morpion dégage de là tu me gène !!
Fille 2 – Nan mais ces mioches je vous jure faudrait les rééduquer !!
Mioche – Mais euh j’ai rien fait…
Fille 3 – Qu’est-ce t’as dit là ??
Mioche – Euh nan j’ai rien dit moi… Pardon…
Fille 2 – J’aime mieux ça !
Fille 1 – Bon toi le mioche ramène toi !! T’a vu où est parti Russel ?
Mioche – Russel ? C’est qui ça ?
Fille 2 – Te fous pas de nous… tu sais très bien qui est Russel… Le beau gosse de serpentard…
Fille 3 – Sérieux t’es vraiment naze toi, dégage de là !!

Talulla – Tiens, on dirait que tes fans te cherchent… dit-elle se rappelant soudain qu’il s’agissait de Russel qui était assis auprès d’elle. Je comprends pourquoi tu as eu envie de t’isoler… Devoir les supporter à longueur de journée, je crois que je les aurais claquées depuis longtemps. Je n’ai rien pu déceler en elles qui soit dignes d’intérêt. J’espère qu’elles ne vont pas se pointer par ici…

Il était connu que la musique adoucissait les moeurs. Cela s'avérait vrai. Ce noble sentiment nostalgique, ce petit pincement au coeur, sans pensées aucune, se laisser porter seulement. Se sentir libre et savourer cet instant. Il y avait longtemps que cela ne lui était pas arrivé. Même la lune, sa compagne mélancolique préférée lorsqu'il était bien plus jeune, ne parvenait plus à ce résultat. Son coeur s'était durci, le poison coulait dans ses veines, la colère l'habitait tout entier. Ainsi Russel Mustang haïssait tout le monde. Il avait suffit qu'il l'entende jouer un morceau pour que tout s'envole. Ses yeux durs dévisagèrent le visage fin de la jeune fille qui évitait de croiser son regard. Le jeune garçon esquissa un léger sourire, sans arrière pensée, sans se demander si ce soir elle serait dans ses bras et quand est-ce qu'il s'en débarasserait. Non, elle, elle était simplement belle. Pourquoi ne l'avait-il pas remarqué avant.

Talulla – Hum… Où j’en étais déjà… ? Tu préfères que je recommence depuis le début ?

R.~ Tant qu'à en profiter, bien sûr.

Russel leva très légèrement la tête afin de recracher un nuage de fumée et de ne pas importuner la belle, ne la lâchant pas du regard. Mon pauvre, mon pauvre, toi t'éprendre d'une jeune fille ? Toi à la froideur raide et au coeur de glace. Pauvre petite chose. Pire encore, qu'adviendrait-il de Talulla si le Serpentard avait des sentiments pour elle ? De la souffrance, c'était probablement tout ce qu'il pouvait offrir à celle qu'il pourrait éventuellement aimer. Le jeune garçon reporta son regard vers le lac, l'air pensif. Mais que se passait-il, pour qu'il pense à cela, maintenant ? Il n'avait jamais prêté attention à la Gryffondor, et voilà qu'il la voyait comme un ange. Le Serpentard soupira, ce n'était pas lui. La fatigue lui jouait sans doute des tours. Oui bien sûr, c'était ça.

Talulla – Tiens, on dirait que tes fans te cherchent…

R.~ Hmmm ?

Le vert et argent haussa les sourcils et se retourna. Des silhouettes sombres dansaient derrière les buissons, un lourd parfum désagréable envahit alors leur bulle. Russel lança un juron avant de se tourner de nouveau vers le lac, faisant rouler sa cigarette entre les doigts, l'air distrait, mais néanmoins attentif.

Clara – Sérieux t’es vraiment naze toi, dégage de là !!

Katleen - Hé ! Il est là !

Est-ce que les dindes avaient toutes une vue perçante ? Russel ne détourna pas la tête, ni n'esquissa un geste, à la venue des trois Serpentardes. La plus grande des trois s'accroupit près de lui, un grand sourire aux lèvres, tandis que les deux autres fixèrent d'un oeil furibond et méprisant la Gryffondor surprise. Dina se trouvant à sa hauteur lui fit les yeux doux, le regard brillant de malice, et sa voix se fit soudain douce.

Dina - On te cherchait.

R.~ J'aurai pas deviné tout seul, dit-il en jetant sa cigarette.

Silence. Dina avait finalement remarqué la présence de Talulla. Elle lui jeta un regard rempli d'éclairs, mais ne sortit pas un mot. La remarque de Russel de la conversation précédente semblait l'avoir travaillée. Ses yeux hautains firent cependant le reste. La tension était palpable, du moins pour les trois groupies. Russel, lui, ne sentit qu'une éternelle indifférence, lassante.

Dina - Attends... Tu sors quand même pas avec... elle ?

R.~ Certainement pas, rétorqua le garçon d'un ton froid.

Son air amusé et certain faisait pensé à quelqu'un dont on avait raconté une blague. Blessant, quelque part. Involontairement, peut-être pensait-il se protéger de quelque chose, allez savoir. Il ne connaissait pas ce sentiment. Pour la première fois, cela semblait lui faire mal, et la perspective de blesser Talulla le mettait mal à l'aise. Non, pas de faiblesse, pas maintenant, pas toi.

R.~ Elle est pas mon genre, mais ce que je fais ne te regarde pas.

Dina - D'accord, dit-elle d'un ton enjoué et grandement satisfait.

Russel ne se voyait en aucun cas se répendre en explications, il n'avait pas à se justifier, jamais. "Elle est pas mon genre" Alors pourquoi as-tu ce mal à l'estomac soudain, à cette phrase seulement. Dina se leva, et accorda un large sourire à ses deux amies qui en firent de même. A partir de maintenant, Russel le savait, il deviendrait froid. Ne t'approche pas Talulla, tu me réchauffes le coeur. J'ai une mission à accomplir, et tu ne dois pas m'en détourner.

Dina - Dans ce cas y a pas de souci, je vous laisse, dit-elle d'un ton hautain envers Talulla.

Les trois filles s'éloignèrent en gloussant, Russel quant à lui baissa les yeux au sol, peu fier de son attitude. Il laissa le silence s'installer un moment, ne sachant que dire. Milles pensées fusèrent dans sa tête. Il y allait avoir un bal. Allait-il lui demander de l'accompagner, après ce qu'il avait sorti froidement sur son compte ?

Talulla sentait le regard du jeune Serpentard sur elle, un regard dur, froid, emprunt d’une animosité certaine envers la race humaine entière, selon ce qu’elle arrivait à déceler pendant la seconde où leurs regards s’étaient croisés. Mais il y avait quelque chose de… bizarre… une chose qu’elle n’arrivait pas à déchiffrer, qu’elle n’arrivait pas à comprendre. Ce jeune homme l’intriguait, ce qui l’intéressait d’autant plus. La jeune rouge et or n’osait plus regarder le vert et argent assis à côté d’elle, surtout en sentant sur elle son regard si intense, mais elle essayait surtout de remettre ses pensées en ordre. Qui était-il vraiment ? Elle avait senti derrière son masque dur et froid une lueur étrange et rassurante presque.

R.~ Tant qu'à en profiter, bien sûr.

Oui recommencer à jouer pour lui… La musique ça la connaissait, et au moins elle ne penserait plus à cette chose intrigante en lui qui la troublait ainsi. Mais comment jouer quand les pensées sont toutes tournées vers une chose précise ? Comment faire abstraction d’une chose si insignifiante qu’elle en devient presque une obsession ? Les doigts de la jeune fille tremblaient alors qu’ils allaient toucher les cordes. Nan ne pas trembler, il ne faut pas, quelle idée de trembler quand on s’apprête à jouer une belle chanson, surtout pour une virtuose de la musique… Nan mais franchement…

Ouf sauvée par le gong… La bande de dindes avait fourni à la jeune Gryffondor l’intermède parfait. Elle n’allait quand même pas jouer alors qu’elles étaient dans les parages, ça les aurait attirées. La réaction de Russel et le juron qu’il poussa à leur vue fit sourire la rouge et or, lui non plus ne pouvait pas les sentir ces filles… Mais argh… Les voilà qu’elles se pointent vers eux. Tsss allez picorer ailleurs !!

Katleen - Hé ! Il est là !

Bien que le manque flagrant de réaction de Russel signifiait bien son agacement et son jm’enfoutisme envers elles, les trois dindes ne le comprirent pas et s’incrustèrent. La dinde en chef se pencha amoureusement vers le jeune homme qui n’eu toujours pas de réaction ce qui fit d’autant plus sourire Talulla qui, intérieurement, rigolait bien. Les deux autres l’avaient remarquée et lui jetaient des regards furibonds et méprisants, auxquels la Gryffondor répondait avec un clin d’œil et un sourire avant de les ignorer superbement.

Dina - On te cherchait.

R.~ J'aurai pas deviné tout seul,

La réponse de Russel manqua de faire mourir de rire Talulla, et à voir la tête de troll déconfit de la dinde en chef, celle-ci devait avoir senti également le manque d’intérêt de Russel envers elle, à moins que ce ne fusse que le fait d’avoir enfin remarqué la Gryffondor à côté de son idole. Cette Gryffondor qui avait osé la rembarrer, elle, la plus belle et la plus aimée des serpentard, enfin selon ses croyances. Et oui la Gryffy qui s’était moquée d’elle était là et elle souriait encore en plus !! La garce !! La dinde en chef eut elle aussi droit à un clin d’œil et un sourire moqueur avant de tâter de l’indifférence de la belle.

Dina - Attends... Tu sors quand même pas avec... elle ?

R.~ Certainement pas,

Quelle délectation ce ton emprunt de doute et presque de peur de penser que son idole en préférait une autre, surtout elle, une rivale pareille, une gryffy qui se croyait supérieure à elle, la reine des dindes. La réponse du jeune homme lui sembla bizarre, enfin ce ne fut pas tellement sa réponse, mais le ton employé pour cette même réponse. Certainement pas… Bien sûr puisque c’était vrai, ils ne sortaient pas ensemble, ils ne se connaissaient qu’à peine. Mais son ton amusé et blessant sonnait faux, la rouge et or sentait derrière ce ton railleur quelque chose d’autre indéfinissable.

R.~ Elle est pas mon genre, mais ce que je fais ne te regarde pas.

Dina - D'accord.

Toujours ce même ton railleur et sans appel. Elle n’est pas mon genre… Alors pourquoi cette nuance ressemblant à… de la peur… Oui de la peur. Ou peut-être de remords ? Ou peut-être était-ce seulement l’imagination de Talulla qui lui jouait des tours alors qu’elle espérait que ces phrases dites ne correspondaient pas à ce que le jeune homme pensait vraiment. En tout cas le ton enjoué de la dinde en chef montra qu’elle n’avait pas du tout capté ces nuances. Qu’elle était niaise !!

Dina - Dans ce cas y a pas de souci, je vous laisse,

Talulla lui répondit du tac au tac avec un grand sourire moqueur.

Talulla – C’est ça barrez vous, allez picorer ailleurs qu’on puisse enfin respirer.

Voilà… Enfin parties… Mais que faire maintenant ? Elle remarqua que Russel avait les yeux baissés. Talulla non plus n’osait plus le regarder. Que pensait-il ? Pourquoi avait-il cette attitude ? Se sentirait-il coupable ? Mais de quoi ? Mais d’autres questions l’assaillaient également. Pensait-il vraiment ce qu’il a dit ? Etait-il vraiment comme les autres serpentards froid, moqueur, se moquant de tout le monde ? Ce qu’elle avait senti en lui n’était-ce qu’illusion ? Bah et puis ce n’est pas comme si elle s’était attendu à quelque chose avec lui, ils ne se connaissaient qu’à peine, ce n’était qu’un serpentard froid et dur dont la réputation l’avait précédé, même si Talulla ne tenait pas compte de cette réputation, car quelque chose en lui ne collait pas avec. Mais qui vivra verra comme on dit…

Ce silence, silence de mort, silence gêné, silence embarrassé… Que se passait-il ? Pourquoi ne disait-il rien ? Pourquoi Talulla non plus ne trouvait rien à dire ? Ce silence pesant devenait intenable, insupportable. Pourtant elle avait l’habitude du silence la belle, alors pourquoi la gênait-il tant en ce moment ? Enfin elle prit son courage à deux mains et reporta son regard sur le jeune homme. Regard doux, intrigué, apeuré, compréhensif… Il était en fait impossible de lire quoi que ce soit dans ce regard tant les pensées et les sentiments de la jeune femme étaient embrouillés.

Talulla – C’est ça barrez vous, allez picorer ailleurs qu’on puisse enfin respirer.

Lui aussi, peut-être, ferait-il bien de partir, avant qu'il ne lui prenne tout son oxygène. Avant qu'elle n'étouffe de l'arrogance du Serpentard et de ses frasques. Jamais le jeune garçon n'aurait pensé se trouver dans pareille situation, sa vie entière n'était que facilité, violence et égoïsme. Et voilà qu'à présent, ses gestes semblaient se bloquer, sa voix se faisait muette et son regard se faisait fuyant, lui, le Serpentard à l'assurance inébranlable. Il n'y avait pas même un mot qu'il semblait savoir dire, alors que cela ne le dérangeait pas outre mesure, avec les autres. S'il n'avait pas de conversation, il ne s'en préoccupait pas pour autant, s'il ne souhaitait pas répondre, c'était son droit, s'il avait envie d'envoyer balader, c'était chose banale. S'apercevoir qu'il pouvait éventuellement se rendre ennuyant aux yeux de la Gryffondor le travaillait alors. Mais il gardait son air détaché, toujours. Il réfléchissait à ce qu'il pouvait dire. Que cela ne soit pas dit d'un ton trop froid, ou trop sec, exercice relativement difficile à sa portée. Le silence s'installa, gênant. Le lui demander, ou non ? Ils ne se connaissaient pas, après tout, et sa réputation noircie n'arrangerait guère la situation.

L'unique réponse à ses question se trouvait dans cette invitation. S'il éprouvait toujours cette même gêne au bal, Russel pouvait dès lors en déduire que la jeune fille n'était pas étrangère à son cours. Si tel n'était pas le cas, il pourrait reprendre sa vie de Don Juan sans la culpabilité pendue à son cou. Ce qui, en somme, lui convenait très bien. Le Serpentard se râcla la gorge, afin de ne pas rater son effet, mais aussi pour rompre quelque peu le silence. Ses yeux froids se posèrent sur Talulla, et ce fut à ce moment qu'il se rendit compte qu'il ne s'était pas présenté. Quel magnifique Prince dont la politesse et la galanterie lui est inconnue. C'était idiot, de le faire à présent. Il connaissait son nom, malgré le fait qu'elle soit plus jeune, pour l'avoir suffisamment entendu de la bouche des trois pimbèches. Il était peu probable que Talulla ne connaisse pas celui du Serpentard dont le nom était inscrit dans l'Histoire de la Magie depuis une petite dizaine d'années. Abandonnons donc les salutations.

R.~ Au fait...

Et bien comment annoncer cela ? "Je n'aime pas danser mais veux-tu m'accompagner au bal?" Risible. Russel soupira, il semblait avoir perdu toute son assurance. La poisse. Le jeune garçon passa une main dans ses cheveux bruns, le regard vague. Lui qui, à l'âge de neuf ans n'avait pas hésité à éventrer son propre ourson, avait aujourd'hui des soucis de relations avec UNE fille. Il ne rougissait pas, ce qui était un avantage conséquent pour lui. De ce fait, il était rare de le voir ainsi. Après tout, qu'avait-il à perdre ? C'était la question qui passait à cet instant dans sa tête. Oh, juste la déception de la voir au bras d'un autre. La réponse furtive de ce qui pouvait être sa consience -bonne nouvelle, il semblait en avoir une-, le poussa à poser sa question, après un long moment d'hésitation.

R.~ Il va y avoir un bal... Bientôt.

Russel se redressa, il s'interdisait formellement de formuler son invitation tel un garçon peu confiant, tête baissée et voix tremblante. A cette idée qui lui lançait des frissons dans le dos, le Serpentard se reprit et offrit un sourire enjoleur et confiant à Talulla. D'une voix assurée il continua.

R.~ Veux-tu m'accompagner ?

Encore avait-il fait un effort. Devant n'importe quelle jeune fille, son assurance un peu énervante pour les autres lui aurait sommé de lancer un "Je vais t'accompagner" d'un ton proche de la compassion.

HJ : Désolée c'est pas terrible, je me rattrape au suivant XD

La situation était tout à fait unique en son genre. Deux êtres que tout sépare, deux êtres semblant être à l'égal opposé l'un de l'autre, une douce lionne compréhensive, aimable, quelque peu solitaire mais cherchant à faire le bien autour d'elle, et un serpent venimeux, froid, sarcastique, associable mais se pavanant tel un roi devant une cour d'admiratrices, prônant comme son père la domination du mal. Et ces deux êtres étaient là, assis l'un à côté de l'autre, unis dans un même silence lourd, silence gêné. La jeune lionne à la répartie facile, elle qui ne trouvait habituellement qu'aucune situation ne vaille la peine de s'en faire ou de se sentir gênée, se trouvait à présent intimidée devant ce jeune homme, ne sachant que dire. S'il ne l'intriguait pas, elle aurait fuit dans son monde imaginaire, rêvant à ses nouvelles compositions, ou à ce qu'elle pourrait jouer dans un prochain concert, mais nan elle restait là, à l'affût du moindre bruit, du moindre mouvement de ce jeune homme intriguant... Mais lui ne disait rien, il ne bougeait pas non plus. Elle aurait donné cher pour connaître ses pensées, il semblait presque... intimidé. Ce qui allait totalement à l'encontre de sa réputation, lui le fils du seigneur des ténèbres, lui si froid, si sûr de lui... Que se passait-il ? Et pourquoi ça la préoccupait autant ?

Et pourquoi lui ne parle pas ? Aller parle toi qui es si loquace habituellement, ne sois pas timide, pourquoi le serais-tu d'ailleurs ? Un changement s'opéra et le jeune homme semblait avoir reprit son attitude décontractée. Enfin le Russel habituel semblait être revenu... Enfin habituel... Presque quoi, il n'était plus le timide Russel qu'on pouvait voir quelques secondes auparavant. C'était très déstabilisant pour la rouge et or il faut bien le dire. Mais toujours ce silence, encore ce silence... N'allait-il pas les lâcher ? Quelle idée de laisser un tel silence s'installer, ça en devenait presque... Angoissant. ah... un bruit, enfin. Le jeune homme s'était raclé la gorge. Un bruit infime mais dans le silence environnant, il résonnait comme le son d'une cloche d'église. Allait-il parler ? Quelques longs instants se passèrent encore avant que sa voix ne se fasse entendre.

R.~ Au fait...

Enfin ! Ce silence était enfin rompu ! Mais que voulait dire ce « Au fait ? » Que va-t-il dire ? Talulla l'observa à nouveau, croisant le regard froid du jeune homme, froid mais captivant, il était même impossible pour elle de détourner le sien à présent. D'une voix hésitante, elle le poussa à continuer ce qu'il voulait dire.

Talulla – Oui ?

R.~ Il va y avoir un bal... Bientôt.

Un bal ? Quel bal ? Ah oui celui de Noël. Talulla se disait justement qu'elle pourrait peut-être y participer et jouer queques morceaux, une sorte de mini concert. Même si cela ne restait que du domaine du rêve, elle commença à penser à ce qu'elle pourrait chanter. Des trucs qui pulsent bien, si elle passait vers le milieu de la soirée. Où quelques slows afin de permettre aux couples de se former. Ou peut-être... Mais à quoi pensait-elle là ? Justement maintenant que Russel avait recommencé à parler. Pourquoi parlait-il du bal ? Où voulait-il en venir ? Un sourire enjoleur apparut sur ses lèvres. Pourquoi ce sourire ?

R.~ Veux-tu m'accompagner ?

Hein ? L'accompagner ? Ne l'avait-il pas descendue devant les dindes juste avant ? Si elle n'était pas son genre pourquoi l'invitait-il ? Il fallait lui répondre... Oui mais quoi ? Pourquoi pas d'ailleurs ? Ca n'engageait à rien, juste une soirée... entre potes, même s'ils ne se connaissaient à peine.

Talulla - Pourquoi tu ...? Pourquoi pas... Je... Oui... je veux bien...

Eeeeerf la voilà en train de bafouiller. Enfin elle avait répondu au moins. Un joli sourire apparut alors sur ses lèvres, une bonne soirée s'annonçait.

hj : Disoulée l'est pas top top ce rp goutte

A la réponse de la jeune fille, Russel lui accorda seulement un hochement de tête accompagné d'un regard toujours aussi froid. Et son coeur battait si vite. Et cette sensation terrible le mettait en colère contre lui-même. Mais elle était si belle. Bien plus ravissante que n'importe quelle de toutes ses relations, tellement plus délicate que toutes ces pimbêches qui cherchaient à plaire. Elle avait pour elle ce goût de mélancolie et ces yeux emplis de douceur. En outre Talulla était différente des autres, le Serpentard l'avait ressenti au premier coup d'oeil. Pour preuve il s'était senti troublé. Russel aussi était légèrement différent, seulement lui penchait surtout du côté de l'ombre. C'était en particulier pour cette raison que le jeune garçon n'entreprenait rien envers elle, ni tactique habituelle de drague, ni flirt, ni sourire enjôleur, elle méritait bien plus. Pourquoi l'avoir donc invitée au bal, si cette fille valait mieux que de se pendre aux bras d'un Serpentard cruel et froid ? Russel serra les dents et fixa le lac sans rien dire. Sa main droite tatônna le sol à la recherche d'une pierre quelconque, puis se referma sur un galet rond. Il joua avec quelques instants, le tournant dans sa paume d'un air pensif, ne détournant pas ses yeux de l'étendue d'eau, ou seulement pour enfin répondre à la Gryffondor. Pourquoi il l'invitait au bal ?

R.~ Parce que je te trouve jolie, répondit-il avec une facilité déconcertante.

La bonne affaire. Lui qui avait juré qu'elle n'était pas son genre, affirmait à présent le contraire. Elle allait le prendre pour un dérangé. Tout cela lui paraissait bien futile. Lorsqu'il aurait ses ASPICs, il rejoindrait les mangemorts, se battrait, tuerait, tortuerait, et sans doute finirtait par se faire tuer à son tour dans l'unique but de perpétuer la mémoire de son père. Pourquoi continuer sa route accompagné de quelqu'un ? Russel était certes un peu jeune pour se poser la question, mais il avait mûri plus vite que ses camarades, malgré son comportement irresponsable. Il aimait cette vie dépravée, ce jeu du "tu m'aimes, tu souffres". Faire souffrir les autres endormait ses angoisses.

A se demander tout de même pourquoi cette Gryffondor avait répondu par l'affirmative. Il n'avait pas sorti le grand jeu, s'était contenté de lui dire qu'il appréciait fortement sa musique, avait affirmé qu'elle n'était pas à son goût, et ne lui balançait que des regards froids et des moments de silence. S'il avait été le Russel habituel, tout aurait été différent, mais la Gryffondor méritait bien plus, une fois encore. Le garçon jeta un regard en biais sur la guitare, il y avait longtemps qu'il n'en avait pas joué. Aux abords de ses dix ans, on avait pensé calmer le garçon de son hyperactivité -morbide- en l'initiant à la musique. Il y jouait de temps à autre, durant quatre ans, mais laissa rapidement tomber lorsque les filles prirent dans sa vie une place plus qu'importante. Et s'il s'y remettait ? Juste ... pour elle. Bon sang, mais pourquoi penser toutes ces niaiseries ? Qu'est-ce qui te prend, Mustang ? T'as un coeur d'artichaut maintenant, tu as des faiblesses à présent ? Les seules personnes dont tu dois te préoccuper sont ta mère, ton jeune frère et tes soeurs. Les autres, qu'ils aillent tous se faire bouffer par Cerbère. Même elle. Elle qui déviait son coeur et ses pensées.

Russel se leva sans geste brusque, face au lac, et y lança son galet avec force. La pierre ricocha sur l'eau trois à quatre fois, laissant se dessiner sur la plaque d'eau calme quelques ronds ondulant à la surface. On semblait percevoir dans le regard du Serpentard, un certain mécontentement. Ce sentiment puissant et ce coeur qui se réveillait enfin, l'irritaient. Il ne connaissait guère ce genre de situation. Lui qui pensait que ça n'arriverait jamais. A qui pouvait-il se confier ? A personne. Russel ne désirait pas qu'on lui réponde dans un sourire tendre "Tu as le béguin pour une fille"... Jamais. C'était lui qui plaquait, c'étaient elles qui s'accrochaient, jamais le contraire. Inutile de rester ici plus longtemps, le Serpentard ne saurait quoi dire d'autre. Il ne connaissait ni les formules de politesse de salutations, ni les conversations banales relationnelles. Tout ce qui aurait pu s'échapper de ses lèvres n'auraient été que désagréables.

R. ~ Je vais y aller. Ce sera pas plus mal.

Le garçon se tourna vers Talulla, les mains dans les poches, le visage de marbre. Il esquissa soudain un sourire radieux, histoire sans doute de ne pas effrayer la colombe.

R. ~ On se voit au bal. A plus tard.

Léger hochement de tête, petit sourire en coin. Russel avait tenté un au revoir amical, ce qui, il fallait bien l'avouer, avait complètement raté. Mais comment pouvait-il le savoir, lui, le garçon au coeur de glace ? Ne sachant vraiment quoi dire d'autre, il tourna les talons et partit en direction du château. Les yeux fixés sur l'horizon, les mains dans les poches, il s'en voulait pour une raison inconnue. Que dieu protège le pauvre petit qui croiserait à ce moment là la route du Serpentard irrité.

HJ : désolée, je voyais pas comment le faire réagir autrement '^^

Laquestion de Talulla resta en suspend dans l'air un bon moment pendant lequel un silence troublé s'installa, comme si chacun des deux protagonistes cherchaient quoi dire. Pourtant ça aurait dû être simple de trouver un sujet de conversation, et puis ce
n'était qu'un bal, une soirée entre « amis ». Alors pourquoi ce silence gêné ? La jeune femme qui n'était habituellement jamais à cours de répliques ou de réparties, elle qui ne s'encombrait jamais de gêne ou de timidité, s'évadant dans son monde féerique, se trouvait en ce moment même incapable de prononcer le moindre mot, ni même de regarder la personne assise à côté d'elle. Pourquoi l'intimidait-il autant ? Ce n'était qu'un serpentard cruel et froid, un être mesquin, calculateur et manipulateur aimant jouer avec les filles. Alors pourquoi ? Les paroles du jeune homme firent sursauter la belle, c'était la réponse à sa pseudo question qu'elle avait même
déjà oubliée.

R.~ Parce que je te trouve jolie.

Talulla – Ah ? Euh... Merci Russel...

Woaaaarf calme-toi la miss, ce n'est rien que quelques mots !! Pourtant Talulla se mit à rougir un peu, troublée par ces paroles. Il faut dire qu'elle n'était pas habituée à ce genre de compliments, habituellement elle avait plutôt droit à des qualificatifs du genre la rougette, l'ermite, la musicos, ou alors ouais t'es douée, tu joues pas mal ou la sans-amis. Personne ne lui avait dit de but en blanc tu es jolie sans être intéressé. Il y avait bien eu des
producteurs de musique ou autres gens du spectacle qui lui avaient dit, mais dans le showbiz, c'est bien connu que tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, tant que ça rapporte. Il y avait bien eu son ex, Alvaro, qui lui avait dit quelques fois, mais Talulla préférait l'oublier.

Mouaaaarf encore ce silence... Pourquoi ? Ce n'était qu'un bal après tout ? Pourquoi semblaient-ils gênés tous les deux ? A se demander pourquoi il l'avait invitée elle, une gryffondor, lui le serpentard de triste réputation ? Etait-ce pour se jouer d'elle ? Nan il semblait différent de d'habitude. Et elle pourquoi avait-elle accepté ? La réponse lui était venue comme ça, comme une évidence, mais si elle avait plus réfléchi ? Si elle avait tenu compte des conséquences, aurait-elle dit oui ? Au diable la prudence, en fait elle avait envie d'y aller avec lui, elle le savait maintenant... Mais pourquoi ?

Les mouvements du jeune homme pour se lever sortirent Talulla de sa torpeur, elle se contenta à présent de l'observer, dans le moindre détail. Face au lac, il lança le galet qu'il avait trouvé et qui fit de nombreux ricochets, doué dites donc... Ah nan pas si nombreux que ça, seulement quatre, doué quand même. Aux yeux de Talulla, Russel semblait en proie à un combat intérieur, comme s'il voulait combattre des émotions qu'il ressentait mais sans vraiment les combattre. Cela semblait compliqué et la rouge et or n'arrivait pas à lire en lui, chose qui la troublait car d'habitude c'était une chose facile pour elle.

R. ~ Je vais y aller. Ce sera pas plus mal.

Hein ? Quoi maintenant ? Pourquoi si subitement ? Mais nan t'es vas pas, reste... Les yeux de marbre de Russel figèrent Talulla dans une immobilité impressionnante. En fait elle voulait qu'il reste mais elle ne comprenait pas pourquoi. En fait si, elle voulait le connaître plus. Ne pars pas. Elle allait lui demander de rester quand son sourire la figea une nouvelle fois. Un sourire radieux, le premier qu'elle lui voyait, ça la laissa sans voix.

R. ~ On se voit au bal. A plus tard.

Talulla – Ok... On se revoit au bal... A plus tard... Russel...

Et le voilà parti... Talulla le suivit du regard un moment avant de retrouver sa bulle, elle avait besoin de s'envelopper de son monde protecteur, elle avait besoin de se sentir rassurée, de vivre
cette plénitude, cette félicité de ce monde imaginaire, mais ce qu'il s'était passé la troublait trop pour qu'elle puisse s'y retrouver en harmonie pour le moment. Elle avait voulu le rappeler, lui dire de rester, mais sa voix s'était perdue dans le fond de sa gorge. Une voix derrière l'arbre la sortit alors de sa rêverie.

Voix – Alors comme ça tu sors avec ce serpentard ? T'es folle ?

Talulla – Hein ? Qu'est-ce tu racontes ? Nan pourquoi ?

Voix – Comme si j'allais te croire. Sinon pourquoi t'aurait-il invitée au bal ?

Talulla – Tu fabules tu sais, arrête de raconter des conneries et lâche moi !!

hj : Voilà, RP fini, sauf si quelqu'un d'autre veut répondre ^^ Comme vous voulez ^^

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