I'm not okay

"J'ai donné ma démission". Quelques mots qui ne cessaient de revenir en écho dans son esprit tels des nuages sombres, plus pensif que jamais les yeux de Russel étaient chargés ces derniers jours d'interrogations qui se muaient en une torture quotidienne. Et pourtant, l'on pouvait juger ces mots banals, ils n'étaient rien d'autre que la volonté farouche de sa mère de partir du château... Une volonté poussée sans doute. Le nom d'Almadovar vint alors hanter ses pensées, brûlant de haine et de fureur, un crac sonore se fit alors entendre. La plume qu'il avait entre les doigts venait de plier sous sa colère évasive. Il l'avait poussée à partir, de ses paroles violentes, de ses gestes brusques peut-être, de ses regards assassins, sans doute l'avait-il poussée à bout. L'idée même d'imaginer cette scène fit qu'il enfonça ses ongles dans sa paume avec force, une douleur pour oublier une colère. Que s'était-il passé, après son départ du bureau de la Directrice ? Et ses yeux neutres et calmes qui s'étaient posés sur lui ce jour là... Russel soupira, balança sa plume brisée sur la table de bois, et posa ses yeux noirs et absents vers le mur grisâtre. Aurait-il le cran et le courage de lui demander des réponses à ses questions, lui qui avait souillé les murs de l'école ? Le jeune Mustang n'était pas si inhumain.

On entendit le bruit sourd d'une chaise repoussée violemment, Russel s'était levé soudain, toisant de son regard froid l'horloge fixée au mur. 20 heures passées. Etait-ce une heure pour s'en aller rendre visite à la Directrice de Poudlard ? Le Serpentard soupira de nouveau, hochant doucement la tête, songeur. Il ne resta pas néanmoins d'avantage sur place, il ne pouvait s'évertuer à attendre un jour de plus afin d'avoir quelques réponses. Finalement Russel sortit de la salle commune, sans un mot pour ses camarades qui le fixaient d'un air interdit. Seulement deux étages à franchir, le jeune Mustang ignora volontairement l'ancien bureau de sa mère lorsqu'il passa devant, et dont la plaque dorée portant son nom n'était plus. Almadovar. Tout était sa faute. Le coeur de Russel s'accéléra sous la colère, de nouveau il serra les poings, mais sa frustration fut passagère, car il ne pouvait se résoudre à montrer ses airs froids à Iranoe Sayuri. Et il y avait peu de personnes, qui en somme pouvait éviter l'éveil de sa colère. Elle semblait en faire partie. Enfin il arriva devant la porte de son bureau, et toqua sans hésitation. A présent qu'il était là. Une voix calme l'invita à entrer, et Russel ouvrit alors la porte d'un geste lent. Dans son regard se lisait déjà l'excuse de venir lui rendre visite à cette heure-ci.

R.~ Bonsoir...

dit-il dans un hochement de tête, la voix quelque peu froide, mais calme et respectueuse.

J'avais besoin de vous parler...

Un "excusez-moi" n'aurait pas été de refus, mais Russel avait toujours trouvé que l'excès de politesse avait des airs d'hypocrisie cachée. Il préférait en venir au but, sachant qu'elle connaissait ses questionnements. Le Serpentard s'avança alors, refermant la porte grinçante derrière lui.

Vingt heures passées... Encore une soirée qu'elle n'allait pas passer avec sa famille. Mais quand on était directrice d'une Ecole aussi prestigieuse que Poudlard, avait on réellement le choix? Non était la réponse la plus apropriée. Elle devait terminer ce qu'elle avait commencé et qui se révélait être beaucoup plus long que prévu. Un message à Andreas et tout était réglé. A quelque part, elle s'en voulait de devoir restée enfermée dans son bureau au lieu de le rejoindre alors qu'il avait du prévoir une soirée dont il avait le secret. Soupir. Depuis quand n'avait elle pas eut droit à une soirée en tête à tête avec son mangemort de mari? Trop longtemps à son goût. Parfois, elle avait même l'impression de le perdre à petit feu. Mais ce n'était pas en laissant Khalina partir qu'elle avait simplifié la situation... Elle l'avait même empiré... Mais à quoi bon? Que ce soit Khalina ou Dakota, la situation aurait été la même...

Elle se sentait épuisée, presque vieillie avant l'âge. Elle avait besoin de repos. Elle se passa une main glacée sur les yeux avant de reprendre sa lecture, son autre main étant occupée par une tasse de thé. Elle allait pour signer un parchemin quand on frappa à sa porte. La procédure était suffisamment inhabituelle pour qu'elle lève la tête et invite la personne à entrer d'une voix calme. En appercevant Russel, quelques secondes plus tard, elle haussa un sourcil avant de sourire en lisant l'excuse dans ses yeux.

Russel -Bonsoir... J'avais besoin de vous parler...

Inutile de savoir pour quelle raison... Elle ne se départit pas de son sourire.

Iranoe -Bonsoir, Russel... Entre... et assieds toi...

Elle lui désigna un fauteuil et le temps qu'il fasse le trajet et prenne place, elle signa le parchemin en attente. Elle referma le dossier au moment même où il s'installa.

Iranoe -Tu veux boire quelque chose avant de me parler?

Le bruit d'un griffonnement sur un papier et elle lui désigna un fauteuil vers lequel il se dirigea sans un mot. Ses yeux observant brièvement les tableaux dont les occupants semblaient curieux de voir quel était l'importun qui s'annonçait à une heure pareille. Russel posa alors son regard vers le dossier qu'elle rangea soigneusement, la preuve qu'être Directrice du château n'était pas une sinécure. Il n'avait pas eu besoin de poser une oeillade sur la paperasse néanmoins pour comprendre qu'elle était harassée de travail. L'explosion de colère qui avait eu lieu entre sa mère et Dakota dans ce même bureau devait sans doute peindre son quotidien, au vu des rivalités éternelles entre les deux familles. La voix d'Iranoe le sortit alors de ses pensées, et le Serpentard la regarda alors, étrangement calme et posé.

Iranoe - Tu veux boire quelque chose avant de me parler?

R.~ Non...merci

Une façon de se tenir, de parler qui ne lui ressemblait pas. Lui habituellement si arrogant, si sûr de lui et si froid, exposait des formules de politesse et un comportement en somme plus humble. La Directrice avait beau être réputée pour sa neutralité, poser sur lui un regard sans jugement aucun, et être la femme de son parrain de surcroit, il ne se sentait pas à son aise, ici. Sans doute parce que quelques jours auparavant sa mère avait donné sa démission sous l'oeil furibond de Dakota, et non sans laisser une vague de culpabilité à Russel.

R.~ J'aurai voulu savoir...la raison de sa démission.

Et en outre également si le Directeur de Serpentard n'avait pas quelque peu dépasser les limites lorsque Russel avait quitté le bureau. Les élèves savaient pertinnement qu'il était impulsif, il suffisait de se rendre à l'un de ses cours. Sur ses pensées un bref sourire imperceptible se dessina sur son visage. Le Serpentard dut faire d'avantage un effort pour se montrer plus bavard et développer sa demande.

R.~ Notre nom n'est pas facile à porter, mais nous nous sommes rachetés.

Russel se redressa sur sa chaise, tentant de ne pas trop s'emballer.

Et pourquoi ce n'est pas Almadovar qui part ? C'est lui qui traine les élèves comme des pantins, pas ma mère.

Une colère vive accéléra son coeur, néanmoins Russel n'éleva pas la voix. En contrepartie de cet effort énorme, ses paroles se faisaient froides et dures, comme toujours lorsqu'il évoquait le nom de son directeur. Il ne lui fallait que quelques explications, le Serpentard ne se devait pas de cracher toute sa haine envers celui-ci, Iranoe avait bien plus à faire que d'accueillir les accès colériques d'un élève. Aussi il renchérit d'une voix plus calme mais déterminée.

R.~ Alors pourquoi lui, ne part pas ? Il s'en sort indemme ?

Russel -Non... merci.

Iranoe -Comme tu veux... Tu vois un inconvénient à ce que je boive mon énième tasse de thé de la journée? Tu as mangé?

Attentive à son bien être... Et à lui aussi. Même si elle ne le montrait pas, elle avait noté son changement d'attitude... Mais fidèle à son habitude, elle ne posait pas de question. "Laissez venir à soi" avait elle lu un jour dans un bouquin moldu. Elle appliquait le précepte. Et puis, elle n'aimait pas forcer les gens. Jusqu'à ce qu'il entre dans le vif du sujet, elle se contenterait de le mettre à l'aise. Après tout, il était le fils de personnes qu'elle appréçiait et il était le filleul de son époux... Ajoutons à cela qu'il était quelqu'un qu'elle trouvait intéressant... et l'on avait quelques unes des raisons qui la poussaient à être ainsi avec Russel.

Russel -J'aurai voulu savoir... la raison de sa démission.

Iranoe -Ah?

Etonnement feint. En réalité, elle s'en était douté à peine avait elle su que c'était lui qui frappait à sa porte. Elle s'attendait à le voir d'un jour à l'autre. Silence. Son regard particulier posé sur l'élève face à elle, elle l'écoute, attentive. Volontairement, elle lui laissait le temps de dire ce qu'il avait à dire, quitte à ce qu'il y mettre trois heures. Elle comprennait le besoin qu'il avait de ne pas laisser exploser sa colère et respectait ce choix. A ce titre, il bénéficiait encore plus de sa bienveillance. Il faisait ce que nombre d'adultes était incapables de faire dans cette école.

Russel -Notre nom n'est pas facile à porter, mais nous nous sommes rachetés. Et pourquoi ce n'est pas Almadovar qui part ? C'est lui qui traine les élèves comme des pantins, pas ma mère.

On y était presque. Un léger sourire dansa sur ses lèvres le temps d'un instant. Rien de moqueur... Quelque chose de plus indulgent... Quelque chose pour l'encourager à continuer et à achever ce qu'il avait commencé à lui dire.

Russel -Alors pourquoi lui, ne part pas? Il s'en sort indemne?

Elle demeura un moment silencieuse et immobile, son regard argenté posé sur l'élève. Elle pesait le pour et le contre de ce qu'elle devait faire. Elle finit par soupirer puis par se lever pour aller s'asseoir sur le fauteuil qui avait près de lui. D'un mouvement de la main, elle fit apparaître une pensine et une fiole qu'elle vida à l'intérieur.

Iranoe -Tiens... Regarde. Et ensuite, on en parlera.

Un sourire pour l'inciter à le faire. Elle n'avait rien à lui cacher sur ce qui s'était déroulé après son départ. Elle assumait ce qu'elle avait finit par appeler son "erreur" . Quand il eut terminé quelques secondes plus tard, elle fit disparaître la pensine après y avoir retiré le souvenir. Elle brisa le silence.

Iranoe -J'ai ma part de responsabilité là dedans. Je ne voulais pas qu'elle s'en aille. J'ai été maladroite. Quant au professeur Almadovar, il ne s'en sortira pas indemne, Russel.

Iranoe - Comme tu veux... Tu vois un inconvénient à ce que je boive mon énième tasse de thé de la journée?

Le Serpentard fit un signe négatif de la tête et la directrice de reprendre :

Tu as mangé?

R.~ Oui...

L'on pouvait percevoir une nuance de méfiance dans la voix de Russel, ses fréquentations étant triées sur le tas, il n'avait pas ce que l'on pouvait appeler des amis véritablement soucieux des autres. Les sorciers du monde adulte quant à eux, avaient tendance à teindre leur propos d'un ton faussement hypocrite et respectueux, ou au contraire d'une touche de dégoût refoulé, lorsqu'ils savaient qu'ils avaient à faire à un Mustang. Aussi voir une personne aussi prévenante envers lui ne pouvait que lui arracher que de sombres pensées, peut-être était-ce là une façon comme une autre d'endormir ses sens en éveil. Depuis longtemps, Russel ne pouvait nier que sa confiance était donnée au compte gouttes, choisissant soigneusement ceux qui étaient dignes de la recevoir. Et à ce jour ce nombre s'élevait à ... deux personnes. Comble de l'ironie lorsque l'on savait qu'il n'y avait pas plus neutre et plus sage qu'Iranoe Sayuri, voilà que le jeune Mustang éveillait sa méfiance naturelle, pour une simple prévenance.

Enfin la question ultime, celle dont la réponse espérée était la plus attendue. Pourquoi Almadovar, lui, ne partait pas de cette école ? Il était hors de question que Russel remette les pieds à ses cours, non par peur de représailles de la part du professeur, mais parce qu'il restait persuadé que sa haine latente finirait par exploser de nouveau s'il se trouvait dans cette même pièce. La Directrice sembla pensive quelques secondes, mais elle finit par se lever afin de s'assoir dans le fauteuil auprès de lui. Russel se tourna alors vers sa directrice, ses yeux froids posés sur la pensine qu'elle fit habilement apparaître.

Iranoe - Tiens... Regarde. Et ensuite, on en parlera.

Le Serpentard la fixa alors, appréhensif, mais le sourire de la Directrice lui fit alors plonger les yeux vers la pensine et son souvenir qui y était déverser. Des silhouettes se dessinèrent alors, puis la sienne, sortant du bureau sans un regard pour Dakota. Le regard féroce que ce dernier avait eu pour lui arracha un sourire plein de sarcasme à Russel. Puis des voix s'élevèrent, discernables, mais elle paraissaient floues et lointaines comme dans un rêve. Le Serpentard écoutait, observait, fixait la scène avec une attention toute particulière.

Iranoe - Russel et sa soeur resteront ici et ce n'est pas négociable ... aura un responsable personnel ... Maintenant, il est hors de question que tu partes.

Russel ne bougea pas, trop attentif à la scène. Les sourcils froncés, ses mains se crispèrent fortement sur la chaise lorsqu'il vit ces yeux furibonds que Dakota porta sur sa mère.

Iranoe - ...Donnez moi de bonnes raisons pour choisir entre vous...
Rosenrot- ...Je comprends tout... Il semblerait que Dakota ne soit pas le seul à avoir un problème avec les Mustang...

De la colère, encore. Russel avait compris la réaction de sa mère. Typiquement... Mustang. Sa fierté l'avait poussée à démissioner avant que quelqu'un ait le temps de la renvoyer. Une question d'honneur. Les mots fusèrent, surtout ceux de sa mère dont la colère avait éclaté, comme si elle avait attendu ces longues neuf années pour le faire. Elle s'était tournée alors vers Almadovar, la haine dans les yeux, lui murmurant quelque chose que Russel n'avait pas parvenu à entendre.

Dakota - C'est la fin de Poudlard que nous connaissons. Y aura des représailles, tu verras.

Un claquement de porte, puis plus rien. Iranoe fit alors disparaître la pensine. Russel semblait muet, affublé d'une certaine fureur contre tout et tout le monde. Il tentait néanmoins de se calmer, posant ses yeux un peu partout dans la pièce, passant une main dans ses cheveux sombres. On entendit alors le bruit sourd d'une chaise que l'on pousse violemment, le Serpentard s'était levé avec une fureur non dissimulée cette fois, frémissant d'une colère montante. Mais il ne pouvait pas s'emporter ici, pas devant elle. Ses nombreux soupirs brefs témoignèrent de sa volonté de chasser ses démons, mais son coeur qui s'accélérait le trahissait. Russel se dirigea alors vers l'une des commodes plaquée contre le mur, feintant de s'intéresser aux bibelots qui y étaient aposés. Se calmer, seulement.

Iranoe - J'ai ma part de responsabilité là dedans. Je ne voulais pas qu'elle s'en aille. J'ai été maladroite. Quant au professeur Almadovar, il ne s'en sortira pas indemne, Russel.

Il ne répondit pas dans l'immédiat mais se tourna vers la Directrice par respect, malgré la flamme froide vacillante dans ses yeux. Une colère venue de cette lassitude sans doute, comme sa mère en avait fait preuve. Russel n'y voyait en rien la faute d'Iranoe en ce départ, sa mère seule avait décidé de porter sa fierté en étendard, persuadée qu'on allait lui demander de partir, mais aussi parce qu'elle était à bout... Sans doute. Sans ce Sectumsempra, sa mère serait encore dans l'exercice de ses fonctions, nul doute. Et ce sort de magie noire, devant tous ses camarades. Pour le coup il n'avait été guère subtile. Russel ne parvenait pas à trouver les mots, pour lui faire comprendre qu'à ses yeux elle n'était pas responsable de ce départ précipité. Mais lorsque le nom d'Almadovar fut évoqué, une lueur sombre brilla dans les yeux froids de Russel.

R.~ Non il ne s'en sortira pas indemme !

Trop froid, trop vif, une ton trop empli de reproches et de lourds sous-entendu. Sa colère avait parlé. Russel aurait été capable de tout, pour le renvoyer. Néanmoins il se calma quelque peu, sa réaction bien trop vive en disait bien trop.

R.~ Il nous hait et il serait capable de tout pour nous virer d'ici !

Un soupir de nouveau. Fatigué de ce trop plein de colère, Russel ferma les yeux, baissa son visage blême et y aposa une main brièvement, se pinçant les lèvres.

Je m'emporte...

Comme à son habitude. Bref sourire. N'avait-il pas repoussé violemment sa soeur dans un accès de colère, ou encore blessé Nyla dans une explosion de fureur ? Trop impulsif. Mais sa phrase sonnait d'avantage comme un "Excusez-moi".

Russel -Oui

Sourire. Elle attrapa sa baguette pour faire apparaître sa tasse de thé. Elle pressentait qu'elle avait eveillé sa méfiance mais qu'importe... Il était 20 heures passées et elle le considérait simplement comme quelqu'un qui venait lui rendre une visite. A ce titre, elle veillait à son bien être sans aucune arrière pensées... Souvenir de son éducation au Japon où un invité était bien plus important que la vie de son hôte. Avec plaisir, elle porta à ses lèvres sa boisson brûlante sans trop le quitter des yeux. Qu'il vienne pour savoir pourquoi Khalina avait démissionné et pouruqoi Dakota n'était pas partit ne l'étonnait pas. Par contre, elle appréçiait le contrôle qu'il exerçait sur lui même pour ne pas se mettre trop en colère. Rien que pour cela, il méritait qu'elle le traite plus comme un "intime" que comme un simple et banal élève.

Quelques instants plus tard, elle lui faisait face, sa pensine posée sur ses genoux. Il y dansait son souvenir de ce qui s'était passé quelques jours plutôt. Elle lui montrait la confiance qu'elle avait en lui. Parce qu'il était beaucoup plus mûr que la plupart des gens qui peuplait le château... parce qu'elle ne prenait pas son nom comme un critère de jugement. Elle ne voyait que le jeune homme venu en quête d'une réponse qu'elle pouvait lui donner. Elle avait choisit délibérément de ne rien lui cacher. Peut être que lui montrer la vérité lui prouverait qu'elle ne lui voulait pas de mal.

Patiente, elle attendit que tout se termine. Elle finit par faire disparaître la pensine, attentive à la réaction de Russel... Tout en retenue. Néanmoins, elle devinait sans peine ce qu'il pouvait bien ressentir. Lorsqu'il se leva et que la chaise se recula violemment, elle ne broncha pas, continuant à le regarder avec ses prunelles neutres et son air tout aussi calme. Elle finit par briser le silence en reconnaissant qu'elle avait ses torts. C'était vrai... Et elle le pensait véritablement. Certes, elle lisait dans le regard de Russel qu'il ne la considérait pas comme fautive mais quand même... Elle aurait du plus se soucier des états d'âmes de son personnel au lieu de le croire suffisamment adulte pour ne pas se chamailler. Elle eut un soupir emplit de lassitude. Pas contre lui non... Contre elle même.

Russel -Non il ne s'en sortira pas indemne!

Elle haussa un sourcil. A quelque part, elle avait l'impression de réentendre Dakota à la fin de l'entretien. "C'est la fin de Poudlard que nous connaissons. Y aura des représailles, tu verras." Oui... la fin. Elle comprennait Russel qui voulait se venger et Dakota qui n'en aurait pas finit avec sa guerre. Elle retint un nouveau soupir en présageant ce qui allait se passer dans les jours qui allaient venir. Et elle allait encore être au milieu à subir les colères des uns et des autres... Fatigue. Elle tendit le bras pour attraper sa tasse. Que pouvait elle lui dire? Elle ne pouvait pas lui demander de ne rien faire contre Dakota... Elle savait pertinemment que c'était tout bonnement inutile de le dire.

Russel -Il nous hait et il serait capable de tout pour nous virer d'ici! ... Je m'emporte.

Léger sourire compréhensif. Elle reposa sa tasse sans y avoir bu pour ensuite se lever et se diriger vers lui. Elle finit par attraper la main qui avait été blessée ce jour là. Elle vérifia son état d'un regard rapide avant de dire.

Iranoe -Je sais. Il vous hait et vous le haïssez. J'ai l'impression d'être au milieu d'un roman moldu... Romeo et Juliette, je ne sais pas si tu l'as lu... Enfin...

Comme satisfaite de son examen, elle relâcha doucement la main mais elle ne broncha pas plus.

Iranoe -Je sais aussi que quoique je vous dirais, ça restera lettre morte. Tout ce que je peux faire, c'est vous retirer, ta soeur et toi, de sa proximité... Le temps que vous ayez terminé vos études. Une fois dehors, je pourrais faire plus. Mais pas avant. J'en suis désolée, Russel.

Soupir. Elle demeura un instant silencieuse avant de dire.

Iranoe -Tu veux aussi qu'il soit renvoyé. C'est une autre affaire... Un renvoi de professeur n'est pas laissé à mon seul jugement. Le Conseil doit aussi donner son approbation et c'est là que ça se complique. A part faute grave... Il ne sera jamais renvoyé. Et malgré toute la confiance que je donne en ta parole... Le reste du Conseil n'est pas comme moi. Il ne croit pas que vous ne devriez pas payer pour ce qu'à fait Heinrish... Si cela peut un peu te rassénérer, j'ai enfin trouvé de quoi le calmer.

Sincérité. De toute manière, à quoi bon lui cacher quelque chose qu'il soupçonnait déjà. Son nom était dur à porter, elle le savait. Si cela ne tenait qu'à elle, elle leur ferait tous oublier le nom de famille d'Heinrish pour que sa famille reste en paix... Mais les choses étaient ainsi faites...

Ce calme serein qui se lisait dans son regard était étonnant, lui rappelant presque un air vaguement familier. Mais il avait beau chercher, il ne trouvait pas, sans doute se faisait-il des idées. Elle se leva alors, toujours de cet air vaporeux qui lui allait si bien, prenant la main du Serpentard dans les siennes afin d'en vérifier l'état, depuis sa dernière visite. Russel ne bougea pas, il se contenta d'y aposer ses yeux noirs également dans un froncement de sourcils, il lui était impossible de relâcher de trop sa méfiance. Mais lorsque la Directrice lui évoqua Roméo et Juliette, son air se radoucit, et le jeune homme se contenta de murmurer un bref non. Sa culture portait bien plus sur ce qui pouvait l'aider dans ses ambitions, sans compter que cet ouvrage n'était autre que moldu. Elevé dans la vénération des sangs-purs, pas un seul instant Russel n'aurait pensé toucher à ce livre, bien que son histoire universelle lui était familière.

R.~ Les Montaigus contre les Capulets c'est ça ?

dit-il en reposant ses doigts sur sa main toujours griffée de quelques coupures, quelque peu incertain.

Iranoe - Je sais aussi que quoique je vous dirais, ça restera lettre morte. Tout ce que je peux faire, c'est vous retirer, ta soeur et toi, de sa proximité... Le temps que vous ayez terminé vos études. Une fois dehors, je pourrais faire plus. Mais pas avant. J'en suis désolée, Russel.

Il hocha la tête, le regard ailleurs, mais ses dents vinrent frapper ses lèvres en morsures. C'était déjà en soit un immense soutien que lui offrait la Directrice, et le Serpentard devait s'avouer quelque peu gêné que de la mettre entre ces deux histoires de familles. Il se faisait l'impression d'un perturbateur venant troubler sa tranquilité seulement pour la mettre en garde de ses menaces, malgré sa retenue certaine. Russel ne saisissait pas néanmoins ce regard neutre qu'elle posait sur lui, et cette volonté de protection. Dakota n'enseignait-il pas ici depuis des années, n'avait-il pas sa loyauté ? Sa mère aussi... peut-être. Tandis que le Serpentard trainait une réputation sombre, et on lui connaissait fortement ses excès de colère parfois trop impulsives. Avant de demander un soutien quelconque, il était capital pour le jeune homme qu'ils n'en comprennent les motifs. Une question de confiance, certainement.

Iranoe -Tu veux aussi qu'il soit renvoyé. C'est une autre affaire... Un renvoi de professeur n'est pas laissé à mon seul jugement. Le Conseil doit aussi donner son approbation et c'est là que ça se complique. A part faute grave... Il ne sera jamais renvoyé. Et malgré toute la confiance que je donne en ta parole... Le reste du Conseil n'est pas comme moi. Il ne croit pas que vous ne devriez pas payer pour ce qu'à fait Heinrish... Si cela peut un peu te rassénérer, j'ai enfin trouvé de quoi le calmer.

R.~ Faute grave ?

Le jeune homme haussa les sourcils, se retenant de ne pas sourire. Mais il comprit bien vite qu'il avait pensé trop haut. Souvent l'esprit vif du jeune homme dessinait rapidement quelques desseins ou manipulations de génie, et c'était fortement le cas, en ce moment précis. C'était sans doute pour cette raison également, qu'on le craignait ou l'évitait. Néanmoins il ne parvenait pas à l'assumer devant la Directrice, lui qui devenait soudain si calme et si docile. Russel soupira et porta son regard ailleurs, un exploit sans doute de sa part, lui qui aimait tant soutenir les yeux des autres de son regard froid.

R.~ C'est impossible de calmer Almadovar. Il peut dire ce qu'il veut de moi, il n'en a pas moins de venin dans les veines.

Russel étouffa un bref rire jaune, Dakota au final, si impulsif, n'était pas si différent de lui. Quelle ironie. Il reposa ses yeux sombres sur Iranoe. Cette attitude calme, ces gestes sereins, et ce regard. Le jeune homme ne put s'empêcher de le fixer, pensif, et après de longues secondes enfin quelque chose s'échappa de ses lèvres blêmes.

R.~ Vous avez son regard... Cette Serdaigle...Isis Shaw...

Une jeune fille de sixième année avec qui il allait en cours parfois, très mignonne mais qui avait la malchance de sortir avec Alvaro. Russel ne la quittait plus du regard, elles étaient sensiblement les mêmes dans leur sérénité apaisante. Et ce regard qui ne trahissait pas. Néanmoins le Serpentard avait perçu chez la jeune fille une pointe de froideur. Pensif, le jeune homme passa rapidement sa langue sur ses lèvres ternes avant de reprendre, les sourcils froncés.

R.~ Elle est de votre famille, non ?

Etrange question, que l'on ne posait certainement pas à tout va, et encore moins à sa Directrice. Mais Russel n'avait pu s'en empêcher. Et la réponse lui paraissait évidente, il était impossible qu'Isis ne soit pas apparentée à la Directrice.

Russel -Les Montaigus contre les Capulets, c'est ça?

Iranoe -Exactement. Il manquerait plus que deux enfants s'aiment et la tragédie serait complète...

Soupir. Sa voix s'était faite pensive. Elle réfléchissait aux conséquences d'un amour impossible entre deux membres de ces familles... Désastre. Elle écarta une mèche de son visage comme pour chasser ces pensées somme toute... inutiles. Elle finit par enchaîner sur ce qu'elle pouvait faire pour lui et ce qu'elle ne pouvait pas faire. Intérieurement, cela lui posait problème. Elle se rendait compte que sa marge de manoeuvre était fortement réduite pour ce genre de cas et ça l'agaçait. Elle n'aimait pas se sentir de dépendante de quoi que ce soit et dépendre d'un Conseil pour une décision la rendait folle.

Russel -Faute grave?

Elle haussa un sourcil avant de laisser apparaître un sourire amusé. Elle se doutait qu'il était déjà en train de réfléchir à mille et une choses visant à pousser Dakota à la faute... Comment pouvait elle l'en blâmer? Et autant être claire, elle ne comptait pas l'arrêter. Elle en avait marre de devoir tout déjouer pour des personnes qui n'en étaient même pas reconnaissantes pendant une seconde. Si Dakota était aussi... "bon" qu'il le prétendait et qu'il en avait autant dans le pantalon qu'il le disait, il était capable de s'en sortir tout seul comme un grand, sans qu'elle s'en mêle. Le sourire mourru, laissant réapparaître l'expression neutre. Elle fut surprise de le voir détourner le regard... Elle ne comprennait pas vraiment pourquoi il agissait ainsi... Mais se voyait mal lui poser la question.

Russel -C'est impossible de calmer Almadovar. Il peut dire ce qu'il veut de moi, il n'en a pas moins de venin dans les veines.

Iranoe -Oui... Question haine et venin, vous êtes très proches. Mais jamais il ne se l'avouera. Trop de fierté ou d'honneur... Comme tu préfères.

Elle soutint son regard qui avait finit par revenir vers lui. Patiente, elle attendait qu'il continue. De toute manière, elle n'avait rien à lui cacher sur cette histoire... Mais, au bout de quelques secondes, il changea de sujet. Elle haussa un sourcil en entendant le nom de sa nièce. Tiens, il la connaissait donc? Elle devrait être furieuse de savoir qu'il avait été capable de noter l'air de famille entre elle et Isis. Mais dans un autre temps, elle en aurait sans doute fait de même, sans la moindre gêne. Elle eut un sourire appréciateur.

Russel -Elle est de votre famille, non?

Iranoe -Exact. Elle est ma nièce. Tu es le premier élève qui comprend enfin que le S suivant son prénom n'est pas son second prénom... On le tait volontairement... Rares sont ceux dans le corps professoral qui sont au courant. Je n'ai pas envie que l'on me dise que je la favorise... Je t'avoue que je n'ai pas que ça à faire que de régler ce genre de problèmes...

Nouveau sourire. Nouvelle mèche écartée de son visage. Elle demeura un instant silencieuse puis reprit.

Iranoe -Tu as d'autres questions sur cette histoire, Russel? Tu peux me poser n'importe quoi, j'y répondrais dans la mesure du possible...

Sa nièce donc, pourquoi n'avait-il pas fait le rapprochement auparavant... Sans doute parce qu'il se retrouvait face à la Directrice bien peu souvent, et qu'Isis n'était pas à proprement parler une amie, il ne la connaissait seulement de vue. "On le tait volontairement". L'espace d'un instant, Russel se demanda si Almadovar aurait réagit aussi violemment à son égard s'il en avait été de même pour lui et si l'on avait volontairement caché son patronyme. Bien sûr que non. Mais cette pensée plus que de lui arracher un regard empli de colère esquissa une brève moue de dégoût sur son visage. Soupir. Oui vraiment la plupart des gens étaient véritablement des crétins, et au final le Serpentard s'auto-congratulait de se savoir bien au-dessus de ces ignares. Modestie quand tu nous tiens. En un sens donc, il pouvait comprendre ce secret qui planait au-dessus d'Isis, étrangement cela éveilla en lui quelque peu d'intérêt pour cette jeune fille, qui si elle devait faire partie de la famille des Sayuri devait savoir bien plus de choses qu'elle ne le laissait paraître. Russel n'en dit mot cependant, conscient que s'ils avaient caché ce secret jusque là, ce n'était pas pour en dévoiler d'avantage. De plus le Serpentard n'aimait guère se montrer curieux sur la vie des autres, préférant laisser ça aux commères. Les mauvaises langues le qualifiaient en ce sens de complètement indifférent aux problèmes des autres. Peut-être, cela dépendait de son interêt.

Finalement il était à se demander combien de soucis, de cas et de problèmes la Directrice de l'école portait sur ses épaules, et sans aucun doute en faisait-il parti, de ces poids. Mais peut-être que, pousser Almadovar à la faute grave lui en enlèverai une bonne partie de ses épaules. Bref sourire, pourquoi ne pas essayer... En un sens il se voyait rassuré de la voir si prévenante envers lui, il n'y avait pas dans ce château que des paranoïaques prêts à tout pour le renvoyer lui et sa famille, dans une crainte infondée qu'Heinrish ne fasse son retour un jour. Enfin... Pas si illégitime que cela, au vu des efforts déployés par le Serpentard pour le faire revenir. Un silence, rompu par la voix calme d'Iranoe.

Iranoe -Tu as d'autres questions sur cette histoire, Russel? Tu peux me poser n'importe quoi, j'y répondrais dans la mesure du possible...

R.~ Il est impossible que vous ne connaissiez pas la réputation que je traine...

Un interêt certain pour la magie noire, quelques incartades avec ses camarades, des réunions nocturnes à la cabane hurlante en compagnie d'Autumn et Nyla, cette volonté aveugle de faire revenir son père... Fondée ou non, une réputation en restait une, et s'amplifiait d'avantage lorsque l'on s'appelait Mustang. Bien au delà de ces commérages, Russel était connu pour ses colères violentes, alors...

R.~ ...Pourquoi vous faites tout ça ?

Ces mots rassurants, ces regards calmes, cette volonté de le mettre hors de portée d'Almadovar. Russel avait comme trouvé une personne bienveillante quant à lui, Iranoe de surcroit dont la renommée n'était plus à faire. N'avait-elle pas peur de ternir son nom lorsque les mauvaises langues courront partout cette rumeur selon laquelle elle semblait aider les Mustang ?

Russel -Il est impossible que vous ne connaissiez pas la réputation que je traîne...

Iranoe -Non, en effet.

Peu de choses lui échappaient réellement dans l'école. Elle s'était débrouillé pour que cela soit ainsi... même quand elle n'était pas présente à l'intérieur de l'enceinte. En vérité, elle avait convaincu les tableaux de surveiller tout ce qu'il se passait près d'eux et de lui dire ce qui était marquant. En plus du reste, c'était une formidable source de renseignements. Elle était au courant de toutes les rumeurs, de tous les commérages et faits et gestes des uns et des autres. Ce n'était pas un désir d'espionner... Elle respectait la vie privée des autres. C'était simplement un moyen pour elle de parvenir à prévoir ce qui pouvait se préparer de ci de là... Question de précaution, dirons nous. D'autant plus qu'elle ne comptait pas se servir de ce qu'elle savait pour nuire aux autres. Elle se plongea dans ses pensées. Son regard se voila légèrement alors qu'elle réfléchissait à ce qu'elle savait sur les agissements de Russel.

Russel -...Pourquoi vous faites tout ça?

Iranoe -Tu t'attends à ce que je te réponde "pour me faire bien voir par ton père, ta mère et ton parrain"?

Elle eut un sourire amusé avant de secouer légèrement la tête.

Iranoe -Si c'est le cas, tu me déçois, Russel.

Pour la première fois depuis quelques temps, elle se permit de lacher un véritable rire amusé. Mais l'instant d'après, elle avait reprit son sérieux.

Iranoe -Je te taquine, pardonne moi. Je fais tout ça pour toi non pas parce que tu es un Mustang ou parce qu'Andreas est ton parrain. je fais tout ça pour toi. Parce que tu es quelqu'un d'intéressant. Je sais au sujet de ton intérêt pour la magie noire, j'ai le même, je ne peux pas te le repprocher. Tes sorties et tout le reste non plus. Je me fiche que tu sois un Mustang, un Pravda ou un Monsieur Quelconque... C'est Russel et ce qu'il est capable de faire qui m'intéresse. Je ne te juge pas pour ton nom, je te juge en fonction de ce que tu fais et pourquoi.

Quel effet cela allait il avoir sur lui? Elle demeura un instant silencieuse. Elle finit par reprendre.

Iranoe -Et si tu te poses la question au sujet des rumeurs, sache que je m'en fiche. Je suis mariée à l'ancien bras droit de ton père. J'ai aidé et connu ton père sans faire partit de ses hommes. J'ai aidé l'Ordre lors de la bataille qui a vu sa mort parce que je ne voulais pas qu'Andreas et Khâlina terminent en prison et qu'il fallait quelqu'un pour les sortir facilement. Le monde magique s'interroge sur mon camp réel. Blanc? Noir? Bonne question. La réponse est simple pourtant. Je suis au milieu et je sais ce que je vaux. Ce ne sont pas des abrutits qui vont me faire croire que je ne vaux rien tout simplement parce que je n'ai pas de camps...

Iranoe -Tu t'attends à ce que je te réponde pour me faire bien voir par ton père, ta mère et ton parrain? Si c'est le cas, tu me déçois, Russel.

Bien sûr que ce n’était pas le cas, à vrai dire le plus étonnant était encore qu’il n’avait pas même pensé au fait que cela aurait pu être une réponse pertinente. Mais pas venant d’elle, certainement pas. Il était à des lustres de penser qu’une femme avec autant de prestance puisse agir simplement pour être appréciée des autres. Impossible, elle était bien trop intelligente pour porter un regard attentif à ce que l’on pouvait bien penser d’elle. Néanmoins lorsqu’elle évoqua sa déception envers lui, il eut comme un pincement au cœur, une sorte de désappointement qu’il tenta de ne pas montrer. Ce fut alors que Russel se rendit compte qu’il était important pour lui de se porter à la hauteur des gens qu’il estimait. Le jeune Mustang ne s’était jamais posé la question, il appréciait ou non une personne point, mais ne se demandait jamais si par la suite il la décevait ou non. Une sorte d’échange en sens unique, du moins l’avait-il pensé jusque là. Russel ne sut que répondre, aucun mot aussi plein de sarcasme pouvait-il être ne pouvait pallier à cette réplique. Néanmoins lorsqu’Iranoe lâcha un bref rire amusé, le premier depuis qu’il avait mis les pieds ici, le Serpentard esquissa à son tour un bref sourire. Ah l’humour. Cette petite chose qu’il lui manquait singulièrement. Mis à part pour railleries teintées de noir, il n’était pas à proprement parler un plaisantin.

Iranoe -Je te taquine, pardonne moi. Je fais tout ça pour toi non pas parce que tu es un Mustang ou parce qu'Andreas est ton parrain. je fais tout ça pour toi. Parce que tu es quelqu'un d'intéressant. Je sais au sujet de ton intérêt pour la magie noire, j'ai le même, je ne peux pas te le repprocher. Tes sorties et tout le reste non plus. Je me fiche que tu sois un Mustang, un Pravda ou un Monsieur Quelconque... C'est Russel et ce qu'il est capable de faire qui m'intéresse. Je ne te juge pas pour ton nom, je te juge en fonction de ce que tu fais et pourquoi.

R.~ D’intéressant vous dites ?

Quelque peu flatté il ne put s’empêcher d’hausser les sourcils avec étonnement. On l’avait souvent qualifié de manipulateur, d’imprévisible ou encore d’inquiétant, mais jamais de quelqu’un portant un potentiel. Mais en un sens, il parvenait à comprendre ce qu’elle voulait dire. Par cette phrase, « ce que tu es capable de faire », Russel en avait conclut qu’Iranoe avait deviné qu’il parvenait souvent à ce qu’il désirait, non sans avoir manipuler son monde. La réplique qu’il avait pensé tout haut quelques minutes auparavant en était la preuve. Il se sentait en effet capable de pousser un professeur à une faute grave pour s’assurer de son renvoi, et il n’était pas à nier que peu de ses camarades auraient eu cette illumination ou bien encore les moyens de tout mettre à l’œuvre. Quoiqu’en un sens, Iranoe évoquait peut-être un peu plus ce côté positif qu’il pouvait utiliser… s’il en avait…

R.~ Ce que je suis capable de faire,

dit-il en apposant distraitement son regard dans le vide,

je ne suis pas certain que vous voudriez le savoir.

Russel reporta ses yeux noirs sur la directrice, sa voix se faisait calme et quelque peu troublée. La fin justifie les moyens, peu importaient lesquels en l’occurrence. Bien que le Serpentard agissait toujours avec ruse et finesse, les moyens employés n’étaient pas toujours très avouables. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, il ne parlait que rarement de lui, et voilà qu’on lui affirmait être quelqu’un d’intéressant.

R.~ Mais… Je vous remercie.

Il hocha la tête, ne sachant que rajouter. Qui donc avait-il remercié avec autant de sincérité pour la dernière fois ? Russel ne s’en souvenait plus. Sa mère, peut-être. Pour autant elle devait fortement se douter que le jeune Mustang étant capable de tout, n’allait pas s’arrêter là dans cette course contre Almadovar. Il se tut cependant, jugeant qu’elle avait déjà suffisamment de poids à porter sur les épaules.

Iranoe - ... Ce ne sont pas des abrutis qui vont me faire croire que je ne vaux rien tout simplement parce que je n'ai pas de camps...

R.~ Ces abrutis ne comprennent rien. Vous êtes une grande directrice.

Il hocha la tête après un bref silence. Une manière comme une autre de lui dire qu’elle avait largement gagné son estime, Russel continua non sans la lâcher du regard.

Et cette aide précieuse que vous m’accordez, si un jour vous souhaitez que je vous la rende… ce sera avec joie.

Un hochement de tête, de nouveau. Nul doute que son père avait du respecté lui aussi cette grande femme. Ainsi Russel lui promettait en échange de lui rendre la pareille, dès qu’elle le désirait, bien que dans l’immédiat il ignorait comment un élève de son âge pouvait prêter main forte à une sorcière de son envergure. De son envergure… Une idée fulgurante traversa soudain l’esprit de Russel.

R.~ Est-ce trop vous demander si… un jour où vous auriez le temps libre, vous pourriez m’apprendre la légilimencie ?

Dans un mois, deux ou peut-être cinq, il était fort possible que la Directrice ait très peu de temps pour elle, mais il n’avait pu s’empêcher de lui poser la question. Il souhaitait agrandir d’avantage ses pouvoirs, et une femme de sa prestance ne pouvait que connaître la clé de la légilimencie.

Russel -D'intéressant vous dites?

Elle acquiessa simplement. Il n'y avait pas plus à dire. Avec un léger sourire, elle avait noté l'expression de sa surprise. Oui... Pour elle, il était tout "simplement" intéressant. Quelqu'un avec un potentiel... Quelqu'un qui lui rappelait furieusement elle même, des années plus tôt. Certes, ils ne se ressemblaient pas... Mais la manie de faire ce qu'ils voulaient et d'obtenir tout et n'importe quoi était l'un de leurs traits communs.

Russel -Ce que je suis capable de faire, je ne suis pas certain que vous voudriez le savoir.

Elle eut un sourire presque narquois à ces paroles. Elle s'approcha de lui tandis qu'il relevait ses yeux vers elle. Se figeant à seulement quelques centimètres de lui, elle répondit.

Iranoe -Russel... Je suis parfaitement consciente de ce que tu es capable de faire. Tant que tu l'assumes... C'est l'essentiel, tu ne trouves pas? Qu'importe le jugement des autres...

Russel -Mais... je vous remercie.

Elle sourit doucement. Elle avait sentit sa sincérité et en était touchée et elle ne lui fit pas l'affront de le remercier pour cela. Plus la discution avançait et plus elle avait l'impression de se retrouver dans certains aspects. Certes, son père n'avait pas été le chef des mangemorts, mais il en avait fait partie. La magie noire avait été et était toujours l'une de ses activités favorites. Elle jouait avec les autres quand cela était necéssaire et surtout... calculait tout. La fin justifiait les moyens.... Même si avec le temps, les moyens étaient devenus bien plus étendus qu'à ses 17 ans. Elle retint un soupir nostalgique... A 17 ans, sa marche de manoeuvre avait été bien plus étendue que maintenant. Elle aurait bien aimé lui en faire part mais préféra chapitrer sur son avis au sujet des autres.

Ces autres... Elle s'en foutait... Sauf d'une minorité. C'était chiant pour quelqu'un comme elle mais c'était son point faible et elle devait bien l'accepter pour en faire soit disant une force. Sauf qu'en ce moment son "point faible" avait plus tendance à l'énerver qu'à devenir quelque chose de positif. A cette pensée, son regard scintilla avant de reprendre son air totalement neutre.

Russel -Ces abrutis ne comprennent rien. Vous êtes une grande directrice. Et cette aide précieuse que vous m’accordez, si un jour vous souhaitez que je vous la rende… ce sera avec joie.

Une lueur de surprise passa dans son regard. Elle une grande direcrtice? Pour un peu, elle en aurait rit. Tous les professeurs s'accordaient à dire qu'elle était à moitié dingue de par ses décisions... Mais il avait l'air terriblement sérieux. Elle finit par esquisser un sourire.

Iranoe -Merci, Russel. Je m'en souviendrais.

Ce n'était pas dit dans l'optique comme quoi elle allait lui faire payer au centuple tout ce qu'elle faisait pour lui. Non... C'était plutôt du genre: je me souviendrais que tu me l'as dit mais je ne pense pas te contraindre à me rendre la pareille un jour. Elle écarta une mèche de son visage, la calant derrière son oreille. La discution avait l'air d'être achevée. Parfaite hotesse, jamais elle ne lui demanderait de partir. Enfin... sauf que là... Elle s'était plantée sur toute la ligne.

Russel -Est-ce trop vous demander si… un jour où vous auriez le temps libre, vous pourriez m’apprendre la légilimencie ?

Elle qui s'était retournée pour se diriger vers son bureau et sa tasse de thé, s'immobilisa dans son mouvement avant de tourner son visage vers lui. Elle l'observa attentivement, toute trace de bienveillance ayant disparu de son attitude et de son regard. Elle finit par reprendre son chemin et lâcha.

Iranoe -Oui. Et l'Occlumencie aussi.

Il se faisait déjà tard, conscient du fait qu'il était largement l'heure de mettre un terme à cette visite, c'était sans compter sa dernière question, posée avec détachement. Une guerre s'annonçait, et en aucun cas le Serpentard s'arrêterait là. On pouvait lui attribuer tous les défauts du monde, mais sa détermination était sans limite... Ce qui pouvait s'avérer être une forte qualité se retrouvait finalement être un fléau pour les autres tant l'ambition du Serpentard était des plus sombres. La Guerre ne faisait que commencer, la bête se réveillerait, il demanderait à ses aliiés de marcher avec lui, et pour ceux qui lui tourneraient le dos, il leur prometterait remords et souffrance. Il apprendrait, encore et toujours, et se hisserait toujours plus haut, grâce à la magie noire. En outre pour le moment, il lui fallait apprendre à protéger son esprit, et à lire dans celui des autres. Malgré sa neutralité, rien ne laissait à présager que sa réponse était...

Iranoe - Oui. Et l'Occlumencie aussi.

Un très bref sourire, partagé entre la satisfaction et le soulagement. Le Serpentard hocha la tête et se dirigea vers la porte. Sa main blanchâtre sur la poignée, il se stoppa, le regard distraitement posé à terre. Il se retourna finalement, ses yeux se posant sur le regard bien plus neutre d'Iranoe. Un changement de lueur dans ses prunelles argentées, comme une mise en garde. Mais l'air éternellement trop froid de Russel demeurait, et cette estime qu'il avait pour cette femme également. Quelques remords en son être de savoir que Poudlard serait en danger, tôt ou tard, et qu'il n'y serait pas étranger. Le jeune homme hocha la tête, en un signe d'approbation, inutile de sortir de nouveau un remerciement. Le silence s'installa, il hésitait à lui livrer ces sombres sentiments qui pesaient de trop sur son coeur étroit, mais au final si elle devait lui apprendre la Legilimencie, elle finirait bien par devoir pénétrer dans son esprit. Etait-ce une si bonne idée ... ? Russel n'avait pas le choix, il lui faudrait gagner en pouvoir, et si possible avec une personne digne de sa confiance.

R.~ Je n'ai pas besoin de la legilimencie pour deviner que vous vous sentez lasse. Vous devriez faire attention.

Pas de froideur extrême dans ses paroles, juste un ton dénué d'un excès de sentiments, comme toujours. Pour autant il était sincère, sa mise en garde n'avait rien d'une menace, seulement un simple conseil d'un humble élève venu lui rendre visite. Et encore il lui avait fallu de l'audace, pour se montrer presque familier avec la Directrice, seulement Russel n'avait pu s'empêcher d'en glisser un mot. La lassitude et la fatigue entrainaient bien souvent des gestes que l'on regrettait parfois, possible que de tendre la main au Serpentard le serait un jour, bien qu'il ne l'espérait pas. Enfin il ouvrit la porte et la salua d'un signe de tête, avant de partir.

Russel - Je n'ai pas besoin de la legilimencie pour deviner que vous vous sentez lasse. Vous devriez faire attention.

Lentement, elle se tourna sur elle même jusqu'à lui faire à nouveau face. Son état était donc si transparent que cela? Pour un peu, elle en aurait soupiré mais elle se contenta de répondre.

Iranoe -Certes... Mais je sais encore ce que je fais, Russel. Te prendre sous mon aile au moins pour ces deux choses me posera des problèmes, j'en suis tout à fait consciente. Merci de t'en soucier.

Elle ne savait pas vraiment si c'était de l'inquiétude vis à vis d'elle même mais tant pis. Elle eut un léger sourire, continuant à observer le fils d'Heinrish. Oui, elle allait avoir des problèmes. Parce que tant qu'il apprendrait l'Occlumencie et la Legillimencie avec elle, elle allait devoir gérer toutes les conneries qu'il ne manquerait pas de faire. Et fidèle à sa promesse, elle ne tenait pas à voir les enfants Mustang finir dehors... Du moins, tant qu'elle serait en poste. Elle lui rendit son signe de tête en guise de salut puis ajouta avant que la porte ne se referme sur lui.

Iranoe -Trouve toi une chanson ou un air à garder en tête la journée. Compte le nombre de fois où tu oublieras de la chantonner dans ta tête... Reviens quand tu en seras à moins de 5 fois par jours...

hj: court, court, court... toujouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuurs I'm not okay 322925

Désolee

je pe déplacer?